3 idées pour traverser les disputes entre frères et sœurs
Je vous propose 3 idées pour aborder les disputes entre frères et soeurs, inspirées par le cahier Filliozat Frères et soeurs (éditions Nathan).
1.Le temps spécial plaintes
Pour vider le trop-plein d’émotions avant qu’elles ne débordent dans une dispute contre le frère ou la sœur, nous pouvons proposer un temps dédié aux plaintes. L’enfant sur le point d’exploser pose la tête sur les genoux d’un de ses parents, sans regarder son parent pour éviter qu’il ne soit influencé par ses réactions non verbales.
Le parent met un minuteur sur 5 à 10 minutes (temps à adapter en fonction des besoins exigés par la situation) et l’enfant peut être vraiment lui-même, peut raconter tout ce qu’il a sur le cœur sans se censurer. Il a le droit de se plaindre de tout ce qui lui pèse et le rend triste, en colère ou encore jaloux.
Le défi du parent est d’écouter l’enfant sans rien dire, sans censurer l’enfant, sans le raisonner ou le contre dire pour recadrer ses pensées. Ce que l’enfant ressent est réel pour lui et a besoin d’être exprimé, de rencontrer de la compréhension et de l’empathie.
Quand le minuteur sonne, c’est fini (d’où l’idée de bien jauger ce dont l’enfant a besoin en amont). Cette séance de plainte sera clôturée par un “merci de t’être confié” avec bienveillance.
Ce qui est confié lors de ce temps des plaintes reste confidentiel et n’a pas besoin d’être ramené sur le tapis d’une manière ou d’une autre avec l’enfant. En revanche, cela peut servir de point d’appui pour adapter nos propres comportements relationnels en fonction des besoins que l’enfant a exprimé (comme passer plus de temps exclusif avec l’enfant ou manifester plus d’amour en jouant avec lui).
2.Les dix solutions possibles
Quand deux enfants (ou plus) se battent pour un même jouet, il est possible de s’interposer avec un “stop” puis de décrire ce que nous voyons : “Je vois deux enfants qui veulent la balançoire en même temps”.
On peut ensuite leur proposer d’exprimer chacun leurs émotions et leurs besoins (ou alors les refléter pour les enfants qui n’y sont pas habitués : “J’ai l’impression que toi, tu as beaucoup attendu et ça te met en colère parce que lui ne veut pas te laisser la place. Et toi, tu t’amuses tellement que c’est trop difficile de t’arrêter : tu aimerais faire encore 100 tours de balançoire, je parie !”).
Une fois les émotions accueillies (avec une petite touche d’humour et d’imagination si possible), on peut demander aux enfants d’imaginer dix solutions possibles à leur problème (même farfelues).
Les options farfelues et violentes (“je le pousse”,” je lui prends de force”) seront accueillies avec sérénité et non censurées. Isabelle Filliozat rappelle : “Les enfants ne sont pas idiots, s’ils ont dix solutions, ils ne vont pas choisir celle qui aggraver le problème.”
Après la phase d’imagination, les enfants pourront ensemble une solution à mettre en œuvre (ou, s’ils n’y arrivent pas, plusieurs solutions qu’ils mettront en place les unes après les autres par exemple).
Le principe de base de la résolution de problème par solution est que ces solutions émergent des enfants sans censure de la part des adultes et que les enfants choisissent leur propre solution finale ensemble.
3.Les mots cailloux
Les insultes ne tombent généralement pas du ciel : elles ont forcément été entendues ailleurs et cela peut valoir le coup d’explorer avec l’enfant où il les a entendues et les émotions associées (en a-t-il été victime à l’école et les répéter lui redonne du pouvoir personnel à travers le fait d’en rendre un autre victime à son tour ?).
Quand un enfant prononce une insulte, il est possible de s’interposer avec fermeté mais sans violence : “Stop ! C’était un mot caillou ! Quel autre mot peux-tu dire à la place ? Dis lui plutôt ce dont tu as besoin ou comment tu te sens.”
Quand un enfant en insulte un autre, le premier est en souffrance (on n’insulte pas quelqu’un quand on se sent bien). Cela peut être utile de reformuler les émotions et besoins du petit insulteur pour comprendre ce qui se joue en lui. Cela nécessite pour nous-même d’avoir le vocabulaire adéquat pour refléter les émotions de l’agresseur, d’avoir appris à raisonner en termes d’émotions et de besoins et d’être capable de rester calmes (souvent, nous réagissons de manière disproportionnée face aux insultes parce que 1/ nous avons peur que les autres parents jugent nos enfants mal élevés et 2/ cela convoque probablement des souvenirs dans lesquels nous avons été nous-mêmes violemment punis pour avoir prononcé ces mots).
Par ailleurs, des mesures préventives sont toujours utiles pour diminuer les occasions de dispute et de violence :
- nourrir les besoins physiologiques de base (air, eau nourriture, mouvement, liberté, attachement);
- donner des manifestations d’amour (jouer avec l’enfant, s’intéresser à sa vie en dehors des notes ou des devoirs, l’encourager, pratiquer des activités ensemble…);
- nourrir l’enfant de contacts physiques (câlins, massage, temps de lecture l’un contre l’autre, jeux de chahut…);
- solliciter l’avis de l’enfant et le laisser prendre des décisions;
- prêter attention à d’éventuelles émotions réprimées dans la journée : Est-ce que quelque chose a été particulièrement difficile à l’école aujourd’hui (mauvaise note, dispute avec les copains, punition, forcé de manger à la cantine…) ? L’enfant a-t-il vécu des changements récemment sans avoir eu assez d’opportunités de s’exprimer dessus ?) -> lire aussi : Les crises à la sortie de l’école).
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Source : Frères et soeurs – Les cahiers Filliozat – Dès 5 ans de Isabelle Filliozat (éditions Nathan). Disponible en librairie, en centre culturel ou sur internet.
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