Donne m’en 5 des émotions (“give me five”)

give me 5 émotions

Dans une démarche d’éducation émotionnelle, on peut dessiner une main en y indiquant les facettes d’une émotion.  Cet outil peut aider tant les enfants que les adultes à observer leurs états émotionnels internes en cas de débordement. Il s’appuie sur cinq dimensions des émotions :

  • les sensations qui accompagnent les émotions,
  • les pensées et les images mentales qui alimentent l’émotion,
  • les tendances à l’action induites par l’émotion (ce qu’on a fait et/ou ce qu’on a envie de faire),
  • la nature et l’intensité de l’émotion,
  • les besoins indiqués par l’émotion et les solutions pour se sentir mieux.

Mettre des mots sur les émotions permet d’en diminuer l’intensité et d’éviter les débordement (actes violents, mots qui dépassent la pensée, couper la communication, s’effondrer, éviter systématiquement un type de situation…). Par ailleurs, démêler les pensées liées aux émotions permet de les recadrer pour envisager d’autres explications et des solutions.

Pouce : Mes sensations

La main invite les personnes qui l’utilisent (par exemple, dans une situation de stress intense ou pour réguler des colères explosives qui se traduisent par de la violence physique ou verbale) à une analyse corporelle comme le fait de remarquer une tension accrue dans la nuque, un serrement de la mâchoire, un poids sur la poitrine, des crampes d’estomac ou encore une respiration saccadée.

Index : Mes pensées/ mes images mentales

Pour identifier les pensées et les images qui accompagnent et alimentent les émotions, on peut se poser des questions :

  • Que me dit ma petite voix interne qui a tendance à juger, à ramener à soi, à critiquer (soi et les autres), à exagérer, à ruminer, à voir les choses en noir ?
  • Quelles sont mes pensées automatiques défensives et/ou offensives qui s’enclenchent et s’alimentent ?
  • Qu’est-ce que je vois dans ma tête ? Par exemple, la honte est une émotion visuelle car on a tendance à se repasser inlassablement la scène en imagination.

Les pensées permet de remarquer les diverses pensées qui alimentent et font durer les émotions jusqu’à les transformer en sentiments, voire en ressentiments. Ainsi, les pensées peuvent transformer l’émotion de colère (normalement temporaire) en ressentiment. Christophe André (Les états d’âme, éditions Odile Jacob) définit le ressentiment comme une manière de ruminer la colère en un long reproche adressé au monde et aux humains. Il différencie le ressentiment de la colère : le ressentiment est un recyclage permanent, une longue colère rentrée alors que la colère est une émotion primaire, mouvement biologique qui s’imprime dans le corps et mobilise de l’énergie pour se défendre. La colère est coûteuse en énergie intérieure et est donc déclenchée ponctuellement et ne dure jamais plus de quelques minutes afin que l’organisme ne soit pas littéralement épuisé par elle. A l’inverse, le ressentiment n’est pas obligé de s’arrêter : il peut nous habiter plus longtemps que la colère primaire… et donc nous dévorer. D’ailleurs, Christophe André remarque que nous perdons dans le ressentiment les bénéfices de la colère : l’incitation à passer à l’action, à restaurer l’intégrité menacée, à demander réparation, à discuter et trouver des solutions (il s’agit de ne pas non plus confondre colère et violence).

C’est l’aspect durable du ressentiment comme rumination qui en fait un état d’âme redoutable pour notre santé mentale et notre vie sociale. En nous enfermant dans le ressentiment, nous nous emprisonnons dans une vision punitive du problème : pour que la souffrance cesse, nous rêvons de pouvoir punir les coupables (quels qu’en soient les moyens…). Dans cette attente de punition, de revanche, de vengeance, de domination, nous sommes incapables de trouver des solutions et d’évoluer, de revenir au calme, de collaborer pour trouver des consensus satisfaisant toutes les parties engagées.

Majeur : Mes tendances à l’action

Les tendances à l’action permettent d’identifier les actions et comportements (décisions, paroles, gestes) qui accompagnent l’émotion. Qu’est-ce que j’ai fait ? Qu’est-ce que j’ai eu envie de faire ? Là encore, comprendre ces tendances à l’action ouvre la voie à la conscience et à l’inhibition éventuelle des actions inappropriées (comme frapper en cas de colère ou serrer les dents pour traverser un deuil plutôt que pleurer et rechercher le soutien).

Annulaire : L’intensité de mon émotion

Le fait de nommer la nature de l’émotion ressentie permet de discerner les ressentis (est-ce de la honte ou plutôt de la tristesse ? y-a-t-il de la peur derrière la colère ?). Ensuite, évaluer l’intensité de l’émotion (0 étant une intensité faible et 10 étant une intensité élevée) permet d’affiner la perception de l’émotion : est-ce une simple appréhension ou une terreur ? cette colère est-elle une impatience ou une furie ? Le fait de réfléchir à l’intensité de l’émotion peut déjà l’apaiser car cela nécessite un temps de pause et de recul.

Auriculaire : Mes besoins et solutions

  • Besoins

Qu’est-ce qui est réellement important pour moi dans cette situation ?

De quel besoin fondamental me parle cette émotion ?

Quel est le message apporté par cette émotion ?

  • Solutions

Quelles solutions pourraient me permettre de me sentir mieux et de satisfaire mes besoins ?

Lesquelles je pourrais mettre en oeuvre dans la situation dans laquelle je suis et avec les moyens dont je dispose ?

 

 

Cet outil peut être utilisé de plusieurs manières :

  • En dehors d’une émotion forte :
    • on invite les enfants à repenser à une émotion forte/ douloureuse/ désagréable/ qui leur a attiré des ennuis et qu’ils ont ressentie récemment. On pourra leur rappeler qu’il existe des émotions de base : colère, tristesse, peur, joie, dégoût, surprise, honte.
    • ensuite, on leur demande de se souvenir du contexte ou de la situation à la base de cette émotions et de lever la main : Donne m’en 5 !
    • ils répondront à l’intitulé de chaque doigt et, à chaque réponse donnée, ils baisseront le doigt :
      1. quelles sensations ont-ils perçues dans le corps ?
      2. à quoi ont-ils pensé ?
      3. cette émotion a-t-elle donné naissance à une tendance à l’action, un comportement ?
      4. quelle était l’intensité de l’émotion de 1 (faible) à 10 (très forte) ? peuvent-ils le caractériser plus précisément avec le tableau de vocabulaire des émotions selon cette intensité ?
      5. qu’ont-ils fait pour se sentir mieux ? cela a-t-il été efficace ?
    • à la fin du processus, le poing sera fermé et une solution pourra être choisi et activée.

 

  • Lors d’une émotion forte :
    • on peut leur proposer, sous forme d’invitation et non d’obligation, de lever la main : Donne m’en 5 !
    • on peut imprimer plusieurs exemplaires de cette main qu’on laissera dans un espace de retour au calme dédié.

-> Télécharger le mémo des émotions au format PDF : give me 5 émotions 

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Pour aller plus loin avec les enfants, je vous propose de découvrir mon kit de jeux d’éducation émotionnelle. Ce coffret contient un jeu des 7 familles des émotions, un memory des émotions, un jeu de l’oie, un poster des émotions et des fiches de régulation (colère, tristesse, peur, jalousie, honte, stress).

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Et si on jouait avec les émotions ? de Caroline Jambon (éditions Hachette Pratique) est disponible en librairie, en centre culturel ou sur internet.

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