Les dys- : vision synthétique du Dr Pouhet pour une meilleure compréhension et adaptation aux troubles dys-

questions sur les dysLe Dr Alain Pouhet est médecin MPR (médecine physique et réadaptation) et exerce auprès d’élèves dys- en tant que coordinateur médical de services de soins (SESSAD). Dans son livre Questions sur les dys-, des réponses, il propose une vision synthétique des dys- vers un consensus utile à une meilleure compréhension et une meilleure adaptation aux troubles dys-.

Définition

Les troubles dys- ne nomment généralement que les troubles spécifiques développementaux des apprentissages.

Manifestations

Les dys- s’expriment par un trouble grave et durable d’un (ou plusieurs) apprentissage(s) dans les activités de la vie quotidienne et singulièrement en situation scolaire.

Cause

Le mécanisme causal des dys- sont des troubles cognitifs spécifiques, développemetaux, vraisemblablement liés à des anomalies de la connectique cérébrale probablement (ou souvent) d’origine génétique.

Mise en évidence

S’appuyant sur une expertise neuropsychologique partagée par tous les évaluateurs, c’est le bilan pluridisciplinaire qualifiant le trouble et révélant la cause cognitive (et l’exclusion d’autres causes) qui permet d’affirmer un dys-.

Etre dys-, c’est être dans l’incapacité de mettre en oeuvre son intelligence (pourtant préservée) en raison de pannes d’outils cognitifs responsables de troubles sévères et persistants des apprentissages. – Alain Pouhet

Situation de handicap

Constitue une situation de handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la scolarité subie à l’école par l’élève en raison d’une altération durable d’une ou plusieurs fonctions cognitives…

Les pannes d’outils cognitifs ont des conséquences graves et durables dans la maîtrise des habiletés de l’école : en langage oral et écrit, en mathématiques, gestuelles (dont l’écriture), mais aussi plus générales (autonomie, concentration…).

Les apprentissages fondamentaux (s’exprimer à l’oral et à l’écrit, lire, écrire, compter), véritables outils au service de la poursuite de la scolarité, devraient être automatisés au cours du cycle 3 (CM1-CM2-6ème). Ces apprentissages fondamentaux ne sont pas une “fin en soi”. Ce sont des outils au service de la scolarité ultérieure qui doivent rapidement s’automatiser.

Toute situation avérée de dys- entraîne une situation de handicap. Les outils scolaires en voie d’automatisation exigent la mise en jeu de plusieurs fonctions cognitives : elles sont multitâches. On parle donc de mise en situation de double tâche cognitive, qui rend compte de la difficulté d’accès au sens et au raisonnement (pourtant préservé). La situation de double tâche est responsable de lenteur, fatigue, manque d’autonomie, épuisement des ressources attentionnelles et de possibles troubles du comportement en classe…

Persistance de la situation de handicap

Les élèves dys- bénéficient d’aides dont il est impératif de vérifier la rentabilité (entraînement en classe, rééducation, remédiation, adaptation pédagogique comme l’agrandissement des cours, compensation comme un ordinateur). Pour cela, il faut comparer leur progression à celle des élèves au développement typique. L’élève dys- peut indubitablement progresser mais l’écart continuer de se creuser par rapport aux autres.

Des aides efficaces doivent amener ces performances de l’élève dans une zone proche des exigences attendues par les professeurs à son niveau de classe.

Problématique de la prise en charge des dys-

En situation de dys-, suite à une période de prise en charge, soit l’outil scolaire déficitaire, entraîné, légitimement sollicité en classe, correctement rééduqué avec les professionnels est devenu plus ou moins rentable, soit il ne l’est pas. Dans le deuxième cas, il faut recourir au principe du contournement des troubles (par exemple, contourner les difficultés mnésiques avec la mise à disposition des tables de multiplication ou d’une calculette).

Bilans

En situation de dys-, les bilans doivent permettre de répondre aux questions suivantes :

  •  l’élève présente-t-il des difficultés d’apprentissage spécifiques : satisfait-il aux critères de troubles dys- ?
  • dans quels apprentissages est-il en situation de handicap ?
  • quel est le mécanisme causal responsable du trouble d’apprentissage persistant ?
  • quel est le profil cognitif de l’enfant : permet-il de mettre en avant des points forts (les secteurs cognitifs préservés) ?
  • quel est le pronostic scolaire de cet élève ?
  • après mise en place d’aides, est-il toujours en situation de handicap scolaire ?

Le bilan initial permet de :

  • décrire la situation de dys- (trouble grave et durable, élimination d’autres diagnostics),
  • établir la situation de handicap scolaire,
  • mettre en évidence des éléments de pronostic favorable ou défavorable en lien avec les capacités de raisonnement, le niveau des fonctions préservées, l’intensité des troubles spécifiques des apprentissages donc celle des troubles cognitifs spécifiques), la mise en évidence d’autres points faibles (autres que les symptômes scolaires allégué) et le contexte au sens très large.

Le bilan d’évolution permet de :

  • mesurer la rentabilité – ou non – des aides prodiguées,
  • opter résolument pour la compensation quand elle n’est pas au rendez-vous.

Le bilan initial montre la situation de handicap (souvent sous-estimée), des facteurs non négligeables de pronostic (souvent insuffisamment pris en compte) et définit un profil cognitif avec des points plus ou moins forts  et plus ou moins faibles (qui entrent en compte dans le pronostic scolaire à terme). – Alain Pouhet

Le projet de scolarisation et d’orientation

Le projet de scolarisation et d’orientation professionnelle doit s’appuyer sur les points forts.

Penser les aides

Penser les aides, c’est anticiper la situation de double tâche, l’échec scolaire à venir…

Les outils rentables

Permettre à l’élève d’accéder aux savoirs, aux concepts, aux programmes nécessite de lui donner d’emblée des outils rentables (quand les siens sont évalués défaillants) pour favoriser l’expression de ses potentiels.

Le principe de contournement

Contourner, c’est pallier les conséquences délétères des pathologies dys- dans les apprentissages. Cette démarche est légitime. Elle n’est ni discriminatoire ni stigmatisante.

Elles est comprise et acceptée par l’enfant si et seulement si elle est valorisée par les enseignants.

L’option du contournement, ce n’est en aucune façon rogner sur le fond, les savoirs, les concepts, les programmes… mais bien tenter d’éradiquer les problèmes de surface : les conséquences délétères des outils défaillants, c’est-à-dire les pannes d’apprentissages.

Le rôle de la MDPH

La mission de la MDPH est d’évaluer le handicap dans les différents secteurs de la vie de l’enfant (scolarité, vie quotidienne…)  et de mettre à disposition les moyens de compensation de la situation de handicap.

Pour assurer cette mission, la MDPH doit être correctement informée de la situation de handicap de chaque enfant dys-.

Le partage des informations entre les professionnels de soin

Les professionnels du soin ont l’obligation de colliger et de partager toutes ces informations utiles avec les enseignants sans jargon. Ne pas donner d’informations précises et spécifiques à un élève, c’est favoriser l’utilisation des listings de propositions généralisées basées sur les seuls symptômes.

Quand les conclusions de professionnels sont claires et que l’évolution de l’enfant est conforme au diagnostic, les bilans n’ont pas vocation à être répétés.

Analyser et comprendre la singularité de chaque enfant dys-

Analyser, comprendre, aider tous les enfants dys- en tenant compte de la singularité de chaque élève, de chaque contexte, requiert un travail collégial, respectant la place de chacun.

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Source : Questions sur les Dys- : Des réponses, tordre le cou aux idées reçues pour mieux comprendre et accompagner vers le succès du Dr Alain Pouhet (éditions Tom Pousse). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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