Education bienveillante : l’enfant n’est jamais le problème.
Dans son livre La magie de la bienveillance, Dina Scherrer s’appuie sur le principe des Pratiques Narratives de Michael White pour mettre en pratique la bienveillance dans les relations, notamment parents/ enfants.
La personne est la personne, le problème est le problème, la personne n’est jamais le problème. – Dina Scherrer
Par exemple, dire “Il est timide/ elle est agressive/ ils sont lents” revient à identifier l’enfant et un problème identifié par les adultes dans sa manière de vivre des relations. Croire qu’un problème est le reflet d’une identité, c’est donner une dimension fataliste et inchangeable au problème au risque de ne plus pouvoir décoller l’étiquette posée sur l’enfant.
Le problème réside plutôt dans la qualité de la relation au long court, dans la dynamique de l’interaction ponctuelle, dans la socio-culture, dans les croyances des adultes héritées de l’éducation; le problème peut également être induit par la manière dont est aménagé l’environnement dans lequel on évolue.
Nous pouvons considérer le problème comme une chance et considérer que les humains sont en relation avec des histoires de problèmes (plutôt que de confondre les enfants avec les problèmes que nous identifions). Dire d’un enfant qu’il est insolent, désordonné ou trop sensible révèle ce qui compte pour nous (nos valeurs), ce qui nous empêche de vivre nos aspirations, ce qui fait obstacle à la joie.
Les Pratiques Narratives nous invitent à externaliser le problème en le contextualisant : où, quand, comment, avec qui ? Cette externalisation permet de comprendre que nous sommes en relation avec l’histoire que nous racontons au sujet du problème. A partir du moment où nous sommes en relation avec une histoire en particulier, nous pouvons entrer en relation avec d’autres types d’histoires.
Externaliser le problème en le contextualisant
Ce protocole d’externalisation du problème inspiré par les Pratiques Narratives peut nous aide à développer un regard bienveillant envers les enfants. Il se traduit par des questions de plusieurs ordres.
Donner un nom au problème
- Comment nommer avec un nom commun ce qui pose problème dans le comportement de l’enfant ?
Cela permet de passer d’un adjectif qui qualifie l’enfant à un nom commun qui désigne une idée, un concept. On pourra mettre une majuscule à ce nom pour bien montrer que le problème n’est pas l’enfant et que le problème a son propre nom (ex : Opposition).
Faire le portait robot du problème
- Comment Nom du problème (ex : Opposition) est entré dans la vie de l’enfant ? Depuis quand ?
- Qu’est-ce que Nom du problème raconte sur l’enfant ? et sur la famille ?
- Dans quel contexte/ dans quelles circonstances Nom du problème s’épanouit-il le mieux ?
- Qui sont les alliés de Nom du problème ? Qui sont ses ennemis ?
- Quelles sont les intentions de Nom du problème ? Quelle est son utilité pour l’enfant ?
- Qu’est-ce qui pourrait faire perdre ses moyens à Nom du problème ?
- Est-ce possible de raconter une fois où Nom du problème n’a pas été activé ? Qu’est-ce que cela dit de l’enfant qu’il ait réussi à lui résister ?
Explorer les effets du problème (l’impact de l’histoire du problème dans la vie de l’enfant, dans la vie des parents, des frères et soeurs, des amis, à l’école…)
- Quelles sont les conséquences de Nom du problème dans la vie de l’enfant ? dans la vie de la mère ? du père ? des frères et soeurs ?
- Qu’est-ce que l’enfant a du mal à faire en présence de Nom du problème ? Qu’est-ce que les parents ont du mal à faire en présence de Nom du problème ?
- Qu’arrive-t-il dans la relation parents/ enfants quand Nom du problème est là ?
- Qu’est-ce que Nom du problème veut pour l’enfant ?
- Quels sont les avantages de la présence de Nom du problème ? Quels sont les inconvénients ?
- Quand Nom du problème est là, comment cela affecte-t-il les espoirs nourris par les parents concernant la vie de l’enfant ? et leur propre vie ?
- Quand c’est Nom du problème qui guide la vie de l’enfant, qu’est-ce qui se passe avec les rêves des parents pour l’avenir ?
Prendre position face aux effets du problème
- Quelle est la position des parents au sujet de Nom du problème ?
- Comment les parents se sentent-ils ? Quels mots utiliser pour décrire les émotions des parents face à Nom du problème ?
- Est-ce que les effets de Nom du problème conviennent à l’enfant ? et aux parents ?
- Comment les parents se sentent-ils face à Nom du problème ? Comment le vivent-ils ?
Justifier l’évaluation
- Pourquoi est-ce que la situation ne convient pas aux parents ? Pourquoi vivent-ils Nom du problème de cette façon ?
- Quelle histoire tirée de la vie de famille pourrait illustrer pourquoi les parents adoptent cette position-là ?
- Qu’est-ce que les parents ont envie de vivre dans leur relation avec l’enfant ?
- Qu’est-ce que l’enfant veut dans ses relations avec ses parents, ses amis ? et pour sa propre vie ?
L’idée d’externaliser le problème est de permettre aux adultes de renégocier leurs relations avec les problèmes qu’ils imputent aux enfants. Cette approche est utile quand l’identité d’un enfant est confondue avec le problème identifié par les adultes. Les questions ci-dessus ouvrent un champ des possibles pour des relations parents/ enfants plus souples et satisfaisantes. Penser autrement permet d’agir autrement. Les Pratiques Narratives ouvrent des possibilités pour les parents de redéfinir l’identité de l’enfant, de vivre des relations familiales plus enrichissantes et d’atteindre ce qui est précieux pour tous les membres de la famille.
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Source : La magie de la bienveillance de Dina Scherrer (éditions Leduc). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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