Éducation bienveillante : le problème de récompenser les enfants
Les récompenses ne représentent pas une approche éducative valable dans le cadre de l’accompagnement respectueux d’un enfant. Dans leur livre Parler pour que les tout-petits écoutent, Joanna Faber et Julia King listent plusieurs problèmes que posent les récompenses dans l’éducation :
- l’adulte qui utilise les récompenses pour motiver un enfant ou le faire agir de manière convenable ne prend pas en compte les motivations de l’enfant qui le conduisent à agir ainsi (ses émotions, ses besoins), ni son stade de développement (l’enfant est-il seulement capable de faire ce qui est attendu, d’un point de vie moteur, intellectuel ou émotionnel ?)
- les efforts et essais-erreurs de l’enfant dans ses tentatives de se conformer ne sont pas reconnus, seul le résultat compte
- l’adulte ne se rend pas compte comme il est difficile pour l’enfant de faire autrement : comme il ne fait preuve ni compréhension ni d’empathie, il n’est pas dans une démarche d’aide, seulement de contrôle
- l’instauration de récompenses peut entraîner un cercle vicieux : l’enfant peut en venir à attendre (voire réclamer) une récompense pour toutes les actions qu’il entreprend
- l’enfant peut devenir stressé car il n’a pas la liberté d’agir et apprendre à son rythme, d’autant plus que les récompenses vont de pair avec une menace implicite : “si tu ne fais pas ce que je t’ordonne, tu vas rater quelque chose qui te fait envie”. Or le stress empêche de réfléchir efficacement.
- l’enfant peut en venir à éprouver du ressentiment car il est contraint et manipulé (et en venir à tricher, mentir pour obtenir le gain espéré)
- les récompenses n’explique pas comment faire les choses, ni pourquoi elles sont importantes (récompenser, ce n’est ni aider ni travailler ensemble à trouver des solutions)
- récompenses et punitions sont les deux facettes d’une même pièce
Le produit de “Tu pourras avoir cette chose merveilleuse si tu fais ce que je dis” est “Tu ne pourras pas avoir cette chose merveilleuse si tu ne fais pas ce que je dis”. Le masque de la récompense glisse pour révéler une punition sans son déguisement. – Joanna Faber et Julia King
Accompagner les enfants sans les récompenser avec l’éducation bienveillante
Joanna Faber et Julia King rappellent les trois facteurs qui motivent le plus fortement les humains :
- le sens de l’autonomie (le désir de nous autodiriger, de maîtriser nos propres vies)
- la maîtrise (le désir de développer la compétence, l’aspiration à apprendre des choses et à se perfectionner)
- le but (sentir le sens de nos actions, agir pour quelque chose qui compte nous)
En s’appuyant sur ces grands principes, nous pouvons réfléchir à des manières d’accompagner les enfants sans les récompenser :
- donner des informations plutôt que manipuler par le chantage
- décrire les émotions de l’enfant et reconnaître que ce qui est demandé est difficile, ennuyeux (Tu en as marre que je te demande de… Tu préfèrerais… C’est vrai que ce n’est pas drôle de…)
- proposer aux enfants de trouver des idées pour affronter ce qui pose problème (Le trajet risque d’être long demain pour partir en vacances et vous allez devoir rester attachés longtemps. Qu’est-ce qu’on pourrait faire pour rendre le trajet plus agréable et amusant ?)
- parler de nos sentiments de parents et proposer des solutions (Mon problème, c’est que je suis frustré/ triste/ excédée… J’ai l’impression de… Y-a-t-il quelque chose que nous pourrions faire pour que… ? Je pensais à… Cherchons d’autres idées et décidons ce que nous ferons.)
- prévoir des “réconforts après l’effort” comme des temps de qualité non conditionnés à une action de l’enfant, comme on le ferait pour nous (s’offrir un temps de détente après une tâche ingrate)
- passer par l’imagination créative (Pensons à ce que nous allons manger en rentrant. J’ai hâte de rentrer, même si c’est vrai que c’est triste de devoir quitter les copains.)
- modifier le langage pour introduire une chronologie plutôt qu’une condition (Dès que vos dents seront brossées, nous pourrons lire l’histoire./ Aussitôt que…, nous pourrons…)
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Source : Parler pour que les tout-petits écoutent de Joanna Faber et Julia King (éditions du Phare). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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