Une émotion n’est pas un problème, elle tente de le résoudre (Deborah MacNamara)

émotion pas un problème

Un enfant n’explose jamais pour un rien (même si cela semble être le cas).

Deborah MacNamara est membre du corps professoral de l’Institut Neufeld, et directrice de Kid’s Best Bet, un centre de consultation et de ressources familiales. Elle rappelle que les émotions ne sont pas toujours exprimées dans les situations qui les ont provoquées. Nous savons tous à quel point il est difficile d’exprimer notre colère à la bonne personne, au bon moment et à la bonne intensité. Nous pouvons sous-exprimer la colère pour ne blesser personne, la censurer par peur de la réaction d’autrui ou encore la sur-exprimer, confondant colère et violence.

Tous les parents ou professionnels de l’enfance ont pu constater que les émotions des enfants et adolescents peuvent émerger dans des lieux et des situations qui semblent inappropriés, et même étranges. Il est fréquent qu’un enfant explose de colère après une journée d’école pour un “rien” : certains psychologues parlent du syndrome du biscuit cassé. Ce “rien” de notre point de vue d’adulte ne l’est pas du point de vue de l’enfant. Deborah MacNamara explique que le système émotionnel humain est ainsi conçu pour qu’un enfant réprime ses émotions intenses alors qu’il se trouve loin de ses parents parce qu’il n’est pas toujours judicieux d’exprimer le ressenti en présence de personnes non proches. Il est plus sûr d’exprimer les émotions quand les conditions sont sécuritaires, c’est-à-dire auprès des parents (ou des personnes très proches).

Ainsi, quand un enfant explose face à une petite contrariété, les parents peuvent se trouver démunis, impuissants, dans l’incompréhension. Les comportements qui en découlent peuvent alors être maladroits, voire empirer les choses : les adultes peuvent être tentés de raisonner l’enfant (“Mais, c’est pas si grave”), de lui faire la morale (“Arrête de faire ta comédie”), de le détourner de ses émotions (“Souris, n’y pense plus”) ou encore de le punir (“Si tu continues comme ça, tu seras privé d’écran”). Pourtant, nous gagnerons en qualité de relation si nous savons simplement qu’un enfant qui craque sans raison apparente est normal.

Deborah MacNamara compare le système émotionnelle à un “autocuiseur” : le couvercle de la cocotte minute saute quand les aliments débordent ou quand une occasion est offerte de s’ouvrir (notamment au moment des retrouvailles après une journée où parents et enfants ont été séparés ou alors au moment du coucher quand tout est enfin calme).

Pour aller plus loin : Les crises à la sortie de l’école : les comprendre et y faire face avec bienveillance

Nous devons permettre la décharge de l’énergie émotionnelle.

En tant que parents, nous pouvons garder en tête que les émotions sont chargées d’énergie parce qu’elles servent précisément à mettre le corps en mouvement dans un objectif de satisfaction de besoins inassouvis. Toutefois, les enfants (et adolescents) vont libérer l’énergie émotionnelle accumulée de diverses façons (jouer, crier, sauter, pleurer, taper des pieds, parler, s’isoler ou même se renfermer). Souvent, les enfants ne choisissent pas la manière dont ils extériorisent leurs émotions (principalement en raison de leur immaturité mais aussi des manières qu’ils ont pu observer et copier dans leur entourage).

Nous n’avons pas besoin de réprimer les manifestations émotionnelles des enfants et adolescents : nous serons plus utiles en aidant un enfant à « évacuer » son énergie émotionnelle. Deborah MacNamara remarque que les problèmes qui ont davantage d’importance ne sont pas dus à l’expression des émotions, mais en l’absence de cette expression.

Le principal défi que présente l’immaturité émotionnelle des enfants aux parents est celui de l’absence de contrôle : plus un enfant est petit, plus c’est difficile de savoir où, quand, comment et à quelle intensité ses émotions s’exprimeront. Comme cette absence de contrôle génère de l’impuissance et du stress chez les parents, nous pouvons rester en contact avec l’idée que notre rôle n’est pas de rejoindre les enfants dans leur immaturité émotionnelle, mais de leur offrir notre patience et des exemples de comportements à observer et à copier.

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Deborah MacNamara est l’autrice du livre « Jouer, grandir, s’épanouir » (édition Kindle en français)