Neurosciences : les ressorts de l’empathie (et pourquoi les enfants viennent en aide aux autres de manière spontanée)
Serge Tisseron décrit l’empathie comme le fait de pouvoir se mettre à la place de quelqu’un, au moins partiellement, relativement à certaines parties de l’expérience vécue par l’autre et de nos expériences vécues dans le passé. Il y a une dimension émotionnelle et une dimension cognitive (avoir une idée de ce que l’autre a pensé) dans l’empathie.
La reconnaissance par le corps (les mimiques, les microexpressions, les postures corporelles…) joue un rôle essentiel dans l’empathie : c’est le moment où on va accepter que l’autre puisse s’identifier à nous autant que ce qu’on s’identifie à lui.
De récentes études ont montré que, dès 14 mois, les bébés viennent en aide aux autres de manière spontanée, et ce sans en attendre la moindre récompense (Warneken & Tomasello, 2007). Il y a donc un désir d’entre aide chez les tout jeunes enfants qui se développe à la suite de l’apparition de la capacité à l’empathie émotionnelle.
L’empathie cognitive apparaît vers 4,5 ans quand les enfants deviennent capables d’avoir une idée de ce que l’autre a pensé, des motivations qui l’ont poussé à agir. Cette nouvelle brique de l’empathie consiste en la capacité à se représenter l’état mental de l’autre. C’est le fait de comprendre les raisons pour lesquelles l’autre ressent ce qu’il ressent.
Certains chercheurs sur le sujet de l’empathie utilisent un autre mot pour désigner la brique suivante : la compassion. La compassion est l’empathie considérée comme l’attention ou la préoccupation sincère et désintéressée de l’autre, la solidarité, l’entraide.
Serge Tisseron préfère élargir le sens du mot empathie qu’employer le terme de compassion parce que, selon lui, l’empathie ne se « transforme » pas toujours en compassion. Il considère l ’empathie comme une pyramide :
- la base est constituée par la sympathie (la résonance émotionnelle)
- puis se développe l’empathie émotionnelle
- le milieu est constitué par l’empathie cognitive
- le haut de la pyramide est constitué par l’empathie réciproque et mutuelle (la capacité à accepter qu’un autre m’informe sur quelque chose que je ne sais pas encore sur moi-même)
L’empathie est-elle innée ou le fruit de l’éducation ? Des éléments de réponse dans ce dossier sur les secrets de l’empathie.
Même si elle est innée, l’empathie doit être encouragée. Le manque d’amour dans l’enfance et la violence au quotidien inhibent la capacité à reconnaître les émotions. L’empathie est une aptitude au départ mais c’est l’éducation qui va permettre à l’enfant de la cultiver. C’est l’accompagnement à l’empathie qui va développer l’empathie.
La meilleure manière de développer la capacité d’empathie d’un enfant, c’est de lui démontrer de l’empathie. – Serge Tisseron
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>>>Des ressources pour aller plus loin :