Quand un enfant est agressif (tape, mord, casse…), le punir ou l’isoler ne fait qu’augmenter son agressivité

enfant agressif

Crédit illustration : freepik.com

Les formes de l’agressivité des enfants

Dans son livre Jouer, grandir, s’épanouir, Deborah Macnamara liste les formes que l’agressivité d’un enfant peut revêtir, suivant l’âge et la personnalité de l’enfant ainsi que la situation :

  • frapper,
  • mordre,
  • lancer des objets, les casser,
  • faire une crise en se roulant par terre ou en criant,
  • hurler sur les autres,
  • humilier ou injurier,
  • être sarcastique,
  • s’attaquer lui-même.

Se concentrer sur l’émotion de frustration (la cause) plutôt que l’agressivité (le symptôme)

Deborah Macnamara estime que demander à un enfant en proie à l’agressivité pourquoi il tape est inefficace.

Poser de questions du type « Pourquoi as-tu lancé ce jouet ? » ou « Pourquoi as-tu frappé ton frère ? » fait appel à la raison et à la logique alors que l’enfant est incapable de raisonner puisque complètement submergé par ses émotions. Comme c’est l’émotion de frustration qui pousse un enfant à attaquer, c’est sur elle que les adultes doivent se concentrer.

Le défi avec l’agressivité, c’est que pendant qu’on se concentre sur le comportement d’attaque de l’enfant, on perd notre intuition concernant ce qui a provoqué ce comportement. Cela mène souvent à recourir aux conséquences ou à l’isolement pour que l’enfant cesse son comportement agressif. Ces modes de discipline ne font qu’augmenter la frustration de l’enfant. – Deborah Macnamara

Accompagner l’enfant pour qu’il libère son énergie agressive

Deborah Macnamara explique qu’un enfant en proie à une colère de frustration a besoin que ses parents accueillent cette colère jusqu’à ce que celle-ci se transforme en tristesse, signe que le processus de “deuil” s’est enclenché et que la crise touche à sa fin.

Pour que cela se produise, un enfant doit être autorisé à vivre pleinement sa colère puis à avoir des larmes de tristesse aussi longtemps qu’il en a besoin dans le cadre d’une relation de confiance avec un adulte bienveillant. L’adulte doit maintenir le jeune enfant dans sa frustration jusqu’à ce que la porte de l’acceptation puis de l’adaptation (=le deuil de la chose voulue et non obtenue) s’ouvre. Maintenir un enfant dans sa frustration signifie ne pas censurer l’émotion en menaçant l’enfant de punition, en lui demandant de se calmer, en lui disant que ce n’est rien ou en le raisonnant (“mais non, c’est pas vrai, tu ne détestes pas ta soeur”). L’émotion de colère peut dès lors aller jsuqu’au bout et assurer sa mission de réparation face à la frustration et de restauration de l’intégrité.

On comprend alors que, quand un jeune enfant est rempli d’énergie d’attaque, l’objectif es d’accompagner sa frustration en la laissant être tout en assurant la sécurité des uns et des autres. Le parent peut accompagner l’enfant sur ce chemin avec un câlin, un geste tendre, du silence, de la patience ou des mots comme « Je suis là » et « Je sais, c’est difficile » ou bien “Viens, on sort, on va courir/ taper des pieds” (selon ce que l’enfant accepte et ce dont il semble avoir besoin). L’objectif est de le ramener à sa tristesse, qui se cache derrière la colère et l’agressivité.

Si un enfant reste dans l’agressivité et ne se soulage pas par les larmes, alors l’objectif sera de survivre à la crise en protégeant la dignité de tous. Un parent peut dire, par exemple : « Cela ne fonctionne pas, on va essayer quelque chose de différent » ou « Je peux voir que tu es frustré, on en parlera plus tard. ».

 

3 principes relationnels à garder en tête pour préserver la relation avec l’enfant agressif

1. Dépersonnaliser l’attaque

Deborah Macnamara estime que, si l’enfant frappe, crie ou mord, lui dire qu’il est mauvais, méchant ou insupportable ne va qu’augmenter sa frustration et son énergie d’attaque.

Dépersonnaliser l’attaque ramène le tout au niveau du comportement, mais ne transmet pas de jugement. Par exemple : « Les jambes ne servent pas à donner des coups » ou « Les dents ne sont pas faites pour mordre les gens. .

 

2.Se concentrer sur la frustration pour préserver sa dignité et l’accompagner

Accompagner les sentiments de l’enfant en lui reflétant ce qu’il se dit et ce qu’il a envie de faire peut aider à revenir de la violence à la colère. Par exemple, un parent pourrait dire : « Tes dents ont le goût de mordre parce que tu es frustré. Je vais t’aider avec ça. ».

Deborah Macnamara met un point d’honneur à préserver la dignité de l’enfant quand il est en crise émotionnelle de façon à éviter d’ajouter à sa frustration et à son explosion.

 

3.Communiquer que la relation est assez solide pour soutenir le poids de ses émotions

Deborah Macnamara écrit que, quand un enfant attaque, les parents sont tentés de lui retirer leur soutien et leur amour (par un refus de proximité physique et émotionnelle). Nous pouvons assurer à l’enfant que la relation n’est pas affectée en lui disant : « Je sais que tu passes un moment difficile ; je suis toujours ici avec toi » ou « Ça va. Je sais que tu es bouleversé. On va passer à travers. .

Le parent doit prendre la responsabilité de préserver la relation et de ne pas retenir ni le contact ni la proximité en rançon jusqu’à ce que l’enfant s’excuse. Quand la séparation est utilisée pour contrer une attaque de l’enfant, cela ne fera qu’exacerber sa frustration et augmenter la probabilité d’attaque. – Deborah Macnamara

 

Faire un retour sur le problème après l’incident.

Le principe est le suivant : pas de redirection du comportement sans connexion émotionnelle au préalable. Les incidents sont mieux analysés une fois que les émotions intenses se sont résorbées et que l’enfant se sent en sécurité.

Il est préférable de discuter du problème de comportement hors du contexte de l’incident en question, en situation de relation bienveillante et chaleureuse, et d’aborder le problème doucement, gentiment.

Ce retour sur le problème peut prendre la forme :

  • d’une aide à la verbalisation des émotions ressenties alors, des pensées qui ont traversé l’enfant, de ce qui l’a motivé à agir ainsi;
  • d’une reconnaissance de ce que l’enfant a vécu (qui passer par le mot oui : “ah oui, c’est vrai que c’est énervant quand… Je comprends : tu t’es dit que…”);
  • d’une expression de l’émotion des autres (y compris les nôtres de parent) en termes de ressentis : “quand je t’ai vu lancer ton cahier, j’ai éprouvé de la colère parce que c’est important pour moi qu’on prenne soin de nos affaires”;
  • d’une réflexion sur ce qui peut être fait dans le futur (“qu’est-ce que tu aurais pu dire/ faire à la place ?”, “est-ce que tu penses que cela t’aurait aidé de… ?”) ou pour réparer (“de quoi aurait besoin ton frère sur qui tu as crié ? qu’est-ce que tu pourrais lui dire ?”).

Ce processus dépend évidemment de l’âge de l’enfant. Avant 5/6 ans, simplement reconnaître ses émotions en les nommant, stopper les actes dangereux et rediriger gentiment son énergie de colère (faire le lion qui rugit, taper des pieds, sauter…) sont plus efficaces que des grands discours.

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Source : Jouer, grandir, s’épanouir de Deborah Macnamara (édition Numérique Au Carré). Disponible sur internet.

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