Quand l’adulte exige que l’enfant obéisse immédiatement, l’enfant résiste.
Elever un enfant, ce n’est pas le dresser
Il est une question qui tracasse beaucoup les parents (et les enseignants), à savoir celle de l’obéissance. Les adultes voudraient que les enfants obéissent comme eux-mêmes obéissaient à leurs propres parents. Ces adultes oublient au passage à quel point ils n’aiment pas être commandés et qu’ils sont plus prompts à coopérer quand ils se sentent compris et respectés.
Catherine Gueguen, pédiatre, rappelle dans son livre Vivre heureux avec son enfant que quand un adulte exige que l’enfant obéisse immédiatement quelle que que soit la nature de la demande, l’enfant va naturellement résister. Or Caherine Gueguen écrit qu’élever un enfant, ce n’est pas le dresser. Un enfant a essentiellement besoin de confiance, de bienveillance, de liberté, de temps pour apprendre les comportements socialement attendus qui permettent la vie en collectivité.
Non seulement l’obéissance n’apprend ni l’étique relationnelle, ni le sens de la responsabilité individuelle mais le fait qu’un enfant proteste vivement quand il se sent contraint est signe de bonne santé émotionnelle.
Les enfants contraints, menacés, fessés éprouvent légitimement de la colère envers l’adulte qui en est à l’origine. La colère est l’émotion qui donne l’énergie de protéger son intégrité.
L’enfant éduqué par la peur (menaces, chantage, punitions, retrait d’amour, fessée…) va le plus souvent obéir mais uniquement pour éviter la punition contenue dans la menace, sans réflexion sur la nécessité et le sens des règles ni empathie pour les autres. L’enfant en vient à craindre l’adulte et ne se sent plus en confiance auprès de lui. Il aimerait partir loin de cet adulte qui est à l’origine de sa peur et de sa colère (tout en sachant que c’est impossible).
Les adultes veulent, à juste titre, que leur enfant se comporte bien. L’enfant a d’abord besoin de guides, d’adultes qui donnent l’exemple par leur comportement bienveillant, d’adultes patients qui savent que de nombreuses années sont nécessaires pour devenir un adulte responsable. Les recherches actuelles sur le cerveau de l’enfant nous confortent dans cette idée d’éducation bienveillante. – Catherine Gueguen
L’importance de la posture de l’adulte donnant un modèle inspirant
La plupart du temps, les enfants se comportent de façon éthique quand ils ont des bons modèles, quand ils se sentent respectés et en sécurité. Ils développeront leurs propres règles internes, progressivement, en observant les adultes qui les entourent. Nos actes comptent d’ailleurs plus que nos mots (et nos leçons de morale).
Les enfants apprennent petit à petit à être autonome, responsable quand les adultes leur font confiance, leur laissent le choix, les aident à trouver des solutions, leur montrent le chemin, acceptent avec bienveillance qu’ils ne peuvent pas être toujours “raisonnables” du fait d’une connaissance des étapes du développement moteur, cognitif et émotionnel des enfants. En effet, certains comportements des enfants que nous prenons pour de la désobéissance peuvent s’expliquer par un manque de maturité émotionnelle, une incapacité motrice ou encore un manque d’expérience.
Si nous donnons des ordres, menaçons, punissons, ils nous imiteront et agiront de même avec leur entourage en utilisant des rapports de force, de domination. – Catherine Gueguen
Quelques pistes pour remplacer obéissance par coopération
Quand un enfant joue et ne veut pas “obéir” (exemple : aller prendre sa douche, s’habiller, passer à table…), il est possible d’adopter une approche bientraitante. Bousculer l’enfant, c’est le stresser. Or un enfant stressé ne peut pas réfléchir. Il vaut mieux lui laisser le temps d’atterrir, de terminer ce qu’il est en train de faire, s’asseoir à côté de l’enfant et lui parler avec douceur. Il est même possible de rejoindre l’enfant dans son jeu et de prendre le prétexte du jeu pour amener l’enfant à faire ce qu’il a à faire.
Il est également possible de demander à un enfant ce qu’il pense de la situation en lui rappelant l’amour que nous lui portons, nos propres émotions de parents et en sollicitant ses propres idées de solutions.
Quelques exemples pour le stress du matin : réveiller l’enfant un peu plus tôt, laisser l’enfant préparer sa tenue la veille au soir, mettre un Timer avec une sonnerie…
Pour aller plus loin : 6 exemples pour passer à l’action sans menace, sans chantage ni punition avec les enfants
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Source : Vivre heureux avec son enfant de Catherine Gueguen (éditions Pocket). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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