Quand un enfant tape son parent ou lui fait mal : inutile de taper en retour
Il est fréquent qu’un jeune enfant fasse mal à un adulte, dans un contact rapproché et maladroit ou bien dans un geste de refus, de frustration. Ce type d’expérience (être tapé par son enfant) peut réveiller profondément la mémoire traumatique d’un parent. Dans son livre À moi ! Lorsque l’ego paraît, Valérie Vayer estime que, dans ce cas, le parent est blessé physiquement mais surtout psychiquement du fait que cette tape peut réactiver des souffrances liées à sa propre enfance (“dans tous les manques de protection accumulés alors qu’il était totalement vulnérable, sans défense”). La tape de l’enfant, maladroite, non intentionnelle ou juste réactive, peut déclencher chez l’adulte une réaction disproportionnée de vengeance. Valérie Vayer estime que c’est le manque de connexions vécu dans l’enfance du parent qui provoque une réaction empreinte de violence contre l’enfant : sans la “force du lien”, la blessure est avant tout “égologique” (dans le sens où c’est l’égo qui est atteint parce qu’il est meurtri de longue date).
Sans conscience de notre vulnérabilité meurtrie, enfouie telle qu’elle au plus secret de notre âme aussi longtemps que nous avons peur de nous exposer à nouveau, nous sommes incapables de bien vivre ces épisodes. Tout cela est très automatique, nos défenses, même faussées, à retardement, ne sont pas faites pour fonctionner après un temps de réflexion : sans reprogrammation en amont pour inscrire d’autres réponses, les cris et les coups partent tous seuls. C’est pour cela que les parents qui essayent par leur seule volonté de “ne pas être violents” se plantent : c’est impossible. – Valérie Vayer
Valérie Vayer rappelle qu’un jeune enfant n’a pas envie de “faire mal” au départ (même s’il semble taper par protestation face à une frustration). L’enfant découvre précisément que ses gestes peuvent faire du mal quand il constate que ses gestes ont des conséquences sur les autres et provoquent des réactions chez eux. Il est possible de répondre avec bientraitance quand un enfant tape son parent, et de raisonner en termes d’enseignement de compétences (c’est-à-dire montrer que faire à la place ou comment demander les choses avec des mots).
Si l’enfant fait ces expériences en confiance, en liens, il constate que, tout comme lui, nous n’aimons pas avoir mal. Et il sent et comprend qu’il a le pouvoir, tout comme nous l’avons nous-mêmes, de faire mal ou pas et que, puisque nous nous aimons tous les uns les autres au sein d’une famille, nous ne nous faisons pas mal les uns les autres, nous apprenons à faire attention. Certes, parfois, il arrive de faire mal, mais alors nous demandons pardon, nous apaisons ou réparons la douleur ou le mal si cela est possible. – Valérie Vayer
Ce n’est pas justifié de s’en prendre à un enfant qui se montre agressif car il ne fait que se comporter comme son niveau de développement le lui permet dans l’environnement dans lequel il se trouve. Sans parent qui représente une base de sécurité émotionnelle et physique, la régulation des émotions est impossible. Un enfant veut toujours reconfirmer le lien et a besoin d’être rassuré sur l’amour que lui portent ses parents : rien n’est plus angoissant que l’absence, écrit Valérie Vayer. Si les enfants “cherchent” quelque chose, ce ne sont pas les limites ou la confrontation mais ce sont des relations. Parfois, nous ne comprenons pas les moyens que les enfants activent pour nourrir leur besoin de relation et nous y répondons avec violence, nous ignorons ou réprimons leurs signaux d’Amour.
Nous pouvons, en tant que parents, choisir de désamorcer nos automatismes violents et revenir à nous quand nous nous rendons compte que nous considérons notre enfant comme un ennemi en nous reconnectant à l’amour. Nous considérons un enfant comme un ennemi quand nous justifions nos actes violents par des phrases du type “Il l’a bien cherché”, “C’était du cinéma; la preuve, il s’est calmé bien vite”, “Il m’a provoqué” ou encore “Il ne faut pas les laisser faire, sinon il sera ingérable plus tard”.
Toutes les violences que les parents infligent aux enfants ont leur origine dans leur propre noyau psychique souffrant. Mais il est difficile de le reconnaître, et bien plus confortable de justifier la violence “parce que les enfants sont/ ne sont pas; ont/ n’ont pas, etc.” Or rien en l’enfant, aucune de ses attitudes, aucun de ses comportements ne justifie de réagir dans l’oppression, la répression, la violence : de plus, c’est inefficace. Nos enfants, eux, mettent l’Amour en commun. Arrêtons donc de viser nos enfants, regardons nos parents, nos conditions de vie passée et présente : il y a énormément de violences auxquelles nous pouvons mettre fin pour nos enfants puissent s’apaiser. – Valérie Vayer
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Source : À moi ! Lorsque l’ego paraît : pour une égologie pratique de Valérie Vayer (éditions Le Hêtre Myriadis). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet (site de l’éditeur)
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