Mon enfant ne veut pas aller à l’école

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 illustrations de Adejie

 

Certains enfants pleurent tous les matins à l’idée d’aller à l’école, d’autres se rendent malades de stress avant les contrôles, d’autres encore se plaignent de ne pas pouvoir aller aux toilettes ou d’être privés de récréation. Comment aborder les situations de rejet de l’école ?

Dès l’entrée en maternelle, l’école peut être une source de tension entre parents et enfants pour des raisons diverses : relations difficiles avec l’enseignant ou les camarades, rythme peu adapté aux besoins de l’enfant, enfant étiqueté « lent », « perturbateur » ou encore « déconcentré »… L’école a tendance à être surinvestie parce qu’elle représente un ascenseur social alors même qu’elle ne réunit pas les conditions pour un développement optimal (longues plages de temps à rester immobile, séparation parents/enfants précoce, importance du classement…). La petite enfance devrait pourtant rester la période par excellence du temps non structuré et du jeu libre.

Il peut être tentant de mettre la pression aux enfants pour qu’ils réussissent à l’école, quitte à sacrifier leur estime de soi et la bonne ambiance familiale sur l’autel des notes. Or la pression dégrade non seulement la performance mais aussi l’enthousiasme et la curiosité. De plus, les enfants ont besoin d’adultes bienveillants qui garantissent une grande liberté de mouvement, une possibilité de jouer librement sans directives et des interactions sociales riches (avec des enfants du même âge, mais aussi avec des plus jeunes et des plus âgés ainsi qu’avec des adultes qui prennent plaisir à passer du temps avec eux, sans chercher à les instruire à tout prix). On comprend que la vie en collectivité est réellement difficile pour les enfants, et en particulier pour les plus jeunes. Cela n’a donc rien d’anormal que certains d’entre eux réclament de rester à la maison pour profiter de leurs parents et vivre à leur propre rythme. Savoir que ces réactions de rejet scolaire sont fréquentes peut aider les parents à trouver une réponse empathique.

Quand un enfant n’aime pas l’école, ressent de l’anxiété ou est en colère contre son enseignant, la co-éducation émotionnelle nous aide à décoder ses sentiments avant de trouver des solutions qui diminuent le niveau de souffrance, tant des enfants que des parents. Ces derniers pourront alors faire des choix éclairés en matière de scolarité et se sentir plus compétents face aux crises des enfants.

Raisonner en terme d’empathie 

• Explorer les raisons du refus : les punitions, la mise à l’écart par les camarades, l’impression d’être nul, la séparation avec les parents, l’ennui, la pression des notes, des raisons extérieures à l’école (anxiété de séparation, phobie sociale) ? Le plus important est de ne pas nier les émotions de l’enfant.

• Prendre rendez-vous avec l’enseignant. À cette occasion, mieux vaut venir avec les émotions de l’enfant plutôt qu’avec une récrimination, par exemple : « Ma fille a mal au ventre à l’idée de venir à l’école. » ou « La veille des contrôles, mon fils n’arrive pas à dormir. » Il peut également être utile de consulter les textes de loi au préalable. Savez-vous que la privation totale de récréation est interdite, de même que les lignes à recopier et les punitions collectives ? Enfin, l’association des parents d’élèves peut apporter un soutien.

• Faciliter la séparation avec les plus jeunes via des rituels (comme déposer un bisou dans la poche de l’enfant ou dessiner un cœur sur son poignet).

• Valoriser les intérêts et points forts de l’enfant hors de l’école.

Raisonner en terme de travail sur soi

• Se questionner pour identifier comment les attentes parentales pèsent sur les enfants :

– Comment je me situe par rapport à l’école ? Quels facteurs m’influencent : le marché des jouets éducatifs, le prestige des écoles privées, le culte de la performance, la peur de la précarité ?

– Est-ce que j’offre à mon enfant ce dont il a besoin ou ce que j’estime être bon pour lui sans considération pour sa personne ?

– Suis-je capable de savoir quand mon enfant fait les choses par peur de perdre ou de décevoir, ou par besoin de triompher sur les autres ?

– Se sent-il apprécié et aimable en dehors de ses notes ? Si non, suis-je capable de le rassurer sur sa valeur hors de toute notion scolaire ?

– Est-ce que le temps passé en collectivité est trop demandeur pour mon enfant ? Comment m’organiser pour diminuer ce temps ?

Mon astuce en plus : Le rejet de l’école peut être un symptôme de troubles plus généraux : troubles anxieux, dépression, stress post-traumatique… Si d’autres comportements s’ajoutent (comme l’évitement de toute situation sociale), ils donnent une indication sur la cause profonde à traiter, éventuellement avec des professionnels.

 

Cet article est un extrait de mon ouvrage 100 solutions pour rendre votre quotidien plus serein dans lequel j’ai choisi 100 situations fréquentes du quotidien qui peuvent être sources de tension entre parents et enfants (entre 2 et 8 ans). J’ai regroupé ces situations en six chapitres :

• La vie quotidienne (repas, coucher, habillage…) ;
• Les refus, oppositions et l’agressivité des enfants (tape, mensonge, “caprice”, vol et tricherie…) ;
• La jalousie et la rivalité dans les fratries (aîné agressif, enfants veulent la même chose, arrivée d’un bébé, comparaison intrafratrie…) ;
L’école (apprentissages, devoirs, concentration, relation avec les camarades, stress…) ;
• Les crises et émotions qui posent des problèmes (colère, anxiété, timidité, sensibilité élevée…) ;
• Le coin des parents (épuisement, culpabilité, désaccords conjugaux, difficulté à appliquer les principes de la parentalité positive…).

Je creuse chaque défi quotidien à travers le prisme des causes et des motivations des comportements qui génèrent de la friction, au-delà de ce qui est donné à voir et à entendre. Ces 100 idées partagent la volonté de désengager les parents des luttes de pouvoir dans lesquels ils s’enferment parfois par mécompréhension du développement de l’enfant, de la psychologie et par manque de ressources alternatives. Chaque double page expose la situation et des pistes à explorer. Ces pistes s’appuient sur le concept de co-éducation émotionnelle que j’ai développé dans mon premier essai : raisonner en termes de besoins et d’émotions, de stades de développement de l’enfant, d’organisation (de la maison, de l’emploi du temps), de compétences manquantes chez les enfants, ou encore de travail sur soi et de droit à l’erreur. J’y partage également quelques astuces que j’ai testées quand ma fille était petite et qui nous ont rendu la vie plus facile. Ce livre vise l’instauration d’une dynamique relationnelle qui concilie les besoins des enfants et des parents car elle prend au sérieux tous les membres de la famille.

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100 solutions pour rendre votre quotidien plus serein de Caroline Jambon, illustrations de Adejie (éditions Hatier) est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet. 

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