Etre bienveillant avec soi avant de pouvoir être bienveillant avec ses enfants
Florence Leroy, co autrice du livre “J’arrête de râler sur mes enfants et mon conjoint” nous aide à comprendre l’intérêt d’être bienveillant(e) envers soi afin de pouvoir être bienveillant(e) envers ses enfants.
On peut continuer à crier, à punir, à taper même si ces comportements sont contre nos valeurs : par épuisement, par manque d’alternatives, par habitude, par effet du stress ou de la colère, par conformisme sociétal…
On pourra se sentir bouleversé(e), triste, déçu(e) par nous-même et finir par perdre complètement l’estime de soi, voire par déprimer. Et ni nous ni nos enfants n’y gagneront dans ce cas.
Comment rester bienveillant(e) envers soi ? Comment garder cette attitude bienveillante sur le long terme ?
Isabelle Padovani, formatrice en Communication NonViolente, définit la bienveillance envers soi comme la tendresse avec laquelle je peux m’accueillir quand il y a un écart entre ce à quoi je m’attends (pratiquer l’éducation positive) et ce qui est dans la réalité (crier, punir).
La bienveillance influence la qualité de la relation que j’entretiens avec moi-même quand je m’écarte de mes valeurs ou de mes objectifs car je suis capable d’accueillir l’inconfort, le désarroi que cette situation cause à l’intérieur de moi, je fais preuve de compassion envers ce qui est touché en moi.
1. Ecoute active envers soi
La part qui est touchée en nous quand nous ratons notre cible crie tellement fort, souffre tellement qu’elle accapare toute notre attention. La bienveillance commence au moment où nous ratons notre cible car notre estime de nous chute. Nous ne nous sentons plus estimable donc pas aimable.
Or ce qui est fait est fait et nous ne pouvons pas le changer. En revanche, nous avons un choix : plutôt que nous auto-flageller à coups de “j’aurais dû”, “il aurait fallu”, nous pouvons entrer en relation avec la part de nous qui est triste, déçue, touchée, blessée. Cette part intérieure a besoin de compassion et d’empathie. Tant que cette souffrance n’est pas entendue, elle attirera notre attention et nous empêchera d’adopter une attitude positive et constructive.
C’est ici le même mécanisme d’écoute active appliqué aux autres à appliquer avec soi-même : accueillir et reconnaître les émotions plutôt que les nier, les négliger ou les amoindrir. Nous pouvons nous dire à nous-même :
“Je vois bien que c’est douloureux. Tu n’as pas réussi à mettre en conformité tes valeurs et tes actes et c’est décevant quand les choses ne vont pas dans le sens qu’on vise.”
L’attitude bienveillante consiste à se concentrer sur les sensations ressenties, sur les sentiments éprouvés et non pas sur l’échec.
2. Entrer en action
La deuxième étape consiste à se demander :
“quelle était mon aspiration profonde ?”
“quel a été le résultat de mon action incompatible avec cette aspiration ?”
“étant donné que l’action ne va pas dans le sens que je veux, qu’est-ce que je peux faire maintenant ?”
Quand on est trop occupé à se juger, à se critiquer, à se taper dessus, on a ni temps ni énergie pour être actif et efficace.
Ainsi, quand on a crié sur ses enfants, il est possible de réparer symboliquement la relation en leur demandant pardon (voir mon article sur les réparations dans le processus éducatif).
Marshall Rosenberg relate un épisode de sa vie de famille dans son livre “Élever nos enfants avec bienveillance”. Alors qu’il recevait un couple pour une consultation chez lui, Rosenberg s’est énervé contre ses propres enfants qui se bagarraient à l’étage. Il leur a lancé :
“Qu’est-ce qui vous prend ? Vous ne voyez donc pas que je suis avec des personnes en souffrance en bas ? Maintenant, filez dans vos chambre !”
Les enfants s’exécutèrent en claquant leurs portes. Rosenberg raconte qu’il s’est alors rendu compte qu’il lui était plus facile d’être bienveillant avec des inconnus qu’avec ses propres enfants. Il s’est excusé auprès de ses enfants et leur a dit qu’il était triste d’avoir projeté sur eux des sentiments (l’agressivité, la colère) qu’il avait en réalité pour les personnes qui se trouvaient en bas (du fait de devoir travailler chez lui un dimanche à l’improviste). Sa fille lui a répondu : “C’est rien, papa, personne n’est parfait !”.
3. Bienveillance envers soi et amour de soi
La bienveillance nourrit l’amour et la confiance : quand on entre en amitié avec soi-même, on peut alors être en paix avec soi-même et les autres. J’ajouterai à la phrase suivante de Marshall Rosenberg :
Nous ne pouvons réellement offrir avec amour que dans la mesure où nous recevons nous mêmes de l’amour et de la compréhension.
Et la première personne à pouvoir nous donner cet amour et cette compréhension, c’est nous même.
Voici 3 exercices de psychologie positive pour apprendre à être bienveillant(e) envers soi-même, à ne pas s’auto dénigrer et à faire preuve d’auto compassion : 3 exercices pour être bienveillant envers soi même
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Pour aller plus loin, 2 conseils lecture :
Élever nos enfants avec bienveillance de Marshall Rosenberg
J’arrête de râler sur mes enfants et mon conjoint de Florence Leroy et Christine Lewicki