Comprendre les facteurs et les symptômes du burn-out parental et oser en parler
Dans l’émission Ensemble, c’est mieux ! (France 3 Alsace – 3/06/19), Elisabeth Grimaud, docteur en psychologie, explique que le burn-out parental a certainement toujours existé mais qu’il est amplifié par la société actuelle. En effet, autrefois, les parents pouvaient plus déléguer dans le sens où la vie communautaire permettait plus de soutien matériel, physique et émotionnel. Le burn-out parental toucherait plus de 5% des parents en France, aussi bien les mères que les pères.
L’OMS a fait entrer le burn-out dans sa classification des maladies et le définit comme du stress chronique au travail qui n’a pas été géré avec succès et qui induit un épuisement et un sentiment de perte d’efficacité. On voit bien que ce terme s’applique aussi à la parentalité quand on remplace “travail” par “famille”.
Le burn-out parental est souvent en lien avec une histoire de perfection mais ni les parents ni les enfants parfaits n’existent.
Facteurs du burn-out parental
- La famille nucléaire et, de plus en plus, monoparentale, où les parents sont isolés et peu soutenus
- Un duo vie professionnelle/ vie personnelle qui implique de courir partout et de concilier l’inconciliable (besoin de continuité dans le contact physique parents/ enfants, contraintes horaires non adaptées au sommeil des bébés et des enfants plus âgés…)
- La pression sociétale pour les parents qui ne travaillent pas (attente d’un foyer impeccable, pression pour participer à la vie “productive”, sous-entendus lourds de sens, charge mentale…)
- La précarité et la pression financière
- Les emplois du temps surchargés des enfants avec les activités extra scolaires, les éventuels suivis médicaux et para médicaux (le parent fait le taxi, le parent doit penser à prendre les rendez-vous et se souvenir de la date…)
- Une sur-sollicitation auditive et visuelle (dont les écrans)
- Une organisation quotidienne qui laisse peu de temps parents/ enfants en qualité et en quantité (la semaine à cause du travail et de l’école et le week-end à cause des taches ménagères à assurer qui n’ont pas pu être faites en semaine)
- Le mythe de la parentalité forcément heureuse et de la famille parfaite sur les réseaux sociaux (où les intérieurs sont toujours bien rangés, les enfants dociles et les parents souriants, sans ride ni cerne)
Les trois caractéristiques principales du burn-out parental
- L’épuisement physique et psychique (absence quasi totale d’énergie émotionnelle qui se répercute sur la vitalité physique de l’individu)
- Le détachement affectif (le parent dresse des barrières émotionnelles entre lui et les personnes/ situations trop consommatrices de ressources personnelles, d’où une distanciation)
- La perte totale d’épanouissement/ de sens dans le rôle de parent (reniement des accomplissements passés, présents et futurs; la qualité du “travail”, de la présence et des soins se dégrade)
Les symptômes qui doivent alerter
- Problèmes de sommeil, fatigue
- Sautes d’humeur et énervement fréquent
- Négligence face aux enfants
- Maux physiques (maux de tête, mal de dos…)
- Prise ou perte de poids
- Baisse de la libido
- Idées suicidaires dans les cas extrêmes
Se remettre d’un burn-out parental
Il n’existe pas de remèdes miracles et cela peut prendre beaucoup de temps de guérir d’un burn-out parental.
La première étape consiste à prendre conscience qu’on en est atteint et d’oser en parler (aux proches, au médecin traitant ou à des professionnels de la santé mentale). Il est essentiel de se donner le droit de communiquer sur ce sujet sans tabou et sans culpabilité (en brisant le mythe de la parentalité forcément heureuse et du super parent qui doit tout assumer tout seul). Accepter l’imperfection peut être difficile pour certains parents mais est pourtant vital.
S’entourer et déléguer est également fondamental, comme pour recréer le fameux village de l’expression “il faut tout en village pour élever un enfant”. Par ailleurs, s’appuyer sur un réseau de parents qui ont vécu des choses semblables permet de trouver l’empathie et le soutien qui a fait défaut jusque-là.
En amont, connaître les facteurs et les symptômes de l’épuisement permet de prendre des dispositions avant le burn-out. Les meilleurs indices du stress annonciateur d’un burn-out sont la fatigue, l’irritabilité et la perte de patience (l’énervement est ce qui ressort le plus chez les parents atteints de burn-out parental).
Quand on est informé sur le burn-out parental, on comprend mieux l’importance de prendre soin de soi en s’écoutant et de se constituer un réseau solide.
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Pour aller plus loin : La fatigue émotionnelle et physique des mères : Le burn-out maternel de Violaine Gueritault (éditions Odile Jacob Poche)