Théorie de l’attachement : 4 caractéristiques majeures d’une figure d’attachement sécurisante
Un enfant a besoin d’être relié, c’est-à-dire attaché, à une figure d’attachement pour s’assurer que ses besoins de réconfort en cas de stress seront satisfaits. Dans son livre Guérir des blessures d’attachement, Gwénaëlle Persiaux rappelle que l’attachement se construit comme un mille-feuille, grâce à plusieurs personnes autour de l’enfant. Cela signifie que les parents mais aussi d’autres adultes sécurisants contribuent au développement de la sécurité d’attachement de l’enfant. Les principales figures d’attachement sont en général les parents mais d’autres figures d’attachement peuvent exister pour un enfant : les grands-parents, les oncles et tantes, un enseignant, des amis de la famille ou encore des voisins.
L’attachement sécure se construit peu à peu grâce à de multiples expérience répétées avec les figures d’attachement qui s’occupent de l’enfant régulièrement de manière bienveillante, chaleureuse et empathique. Les figures d’attachement n’ont pas à être parfaites mais les figures sécurisantes savent examiner leurs erreurs, réparer la relation et apporter globalement un climat de sécurité physique et affectif à l’enfant.
John Bowlby, concepteur de la théorie de l’attachement, a défini quatre caractéristiques majeures d’une figure d’attachement sécurisante. Cette liste aide à comprendre comment l’attachement sécure génère chez les enfants une meilleure compréhension de leurs émotions, une capacité à prendre du recul et une bonne confiance (en soi, dans les autres et dans la vie en général).
1.Apporter la sécurité physique (la force)
John Bowlby estime que les figures d’attachement sont “plus fortes” que les enfants dans le sens où un adulte est physiquement plus costaud, plus grand qu’un enfant. Le premier représente ainsi un base de sécurité physique pour le dernier : cette sécurité physique est réconfortante, rassurante et forcément corporelle.
Le parent lui apporte ce sentiment de sécurité très physique et corporel que l’enfant ressent lors d’un câlin : “Je peux me laisser aller dans les bras de papa ou de maman, il ou elle me protège, je suis en sécurité quoiqu’il arrive autour de moi.” – Gwénaëlle Persiaux
2.Apporter la sécurité intérieure (la sagesse)
Un adulte sécurisant a acquis une relative sagesse de la vie et peut s’appuyer sur une vision du monde adaptée, réaliste et plutôt positive pour accompagner les enfants.
La sécurité intérieure du parent lui permet de réguler ses propres ressentis et d’ordonner ses pensées et réactions de manière adaptée pour être présent pour son enfant, trouver les mots qui vont le rassurer et lui permettre aussi de développer sa capacité de mensualisation. Cette sagesse, qui ne s’apprend pas dans les manuels mais est issue de la propre sécurité inné ou acquise du parent, se manifeste ainsi sous de multiples formes allant de l’écoute active et bienveillante de l’enfant à la demande d’aide extérieure si nécessaire, en passant par des réponses comme “Je ne sais pas comment t’aider, mais nous allons réfléchir ensemble et trouver des solutions pour ton problème.” – Gwénaëlle Persiaux
3.Être un refuge (un havre de paix)
John Bowlby définit la figure d’attachement sécurisante comme étant le refuge ou le havre de paix vers lequel l’enfant se tourne quand il est sous stress. C’est le coeur de la théorie de l’attachement : dans une situation où un enfant est en détresse et en insécurité, son sytème d’attachement est activé et cela se manifeste par des comportements d’attachement qui visent à s’attirer l’attention apaisante de sa figure d’attachement.
L’attachement se définit comme ce besoin inné et vital de tout être humain de se tourner vers une figure d’attachement pour trouver de la proximité et du réconfort en cas de stress. De ce besoin biologique découlent des comportements d’attachement comme pleurer, se diriger vers le parent, tendre les bras ou tourner son regard chez le bébé et l’enfant. – Gwénaëlle Persiaux
Une figure d’attachement qui participe à la construction d’un attachement sécure chez un enfant ne se laisse pas envahir par ses propres émotions (par exemple, en criant sur un enfant qui pleure ou qui est en colère). Elle voit l’enfant en détresse, sécurise l’enfant en allant vers lui et en ayant des paroles emphatiques qui valident ses émotions. L’enfant se sent alors vu, entendu et compris et peut s’apaiser. C’est avec des expériences de ce type, répétées, que l’enfant construit peu à peu une représentation de lui-même (“mes émotions sont légitimes et je suis aimé”), des autres (“c’est normal d’avoir parfois besoin d’aide et les autres sont dignes de confiance”) et du monde (“le monde offre des expériences que je peux vivre en sachant que je peux me réfugier dans un endroit sûr auprès des miens en cas de menace”).
Dans les circonstances sécurisantes décrites, ces représentations sont positives et de l’ordre de la sécurité et de la confiance : “Quand je ne vais pas bien, je peux demander de l’aide et quelqu’un va s’occuper de moi. Ce que je suis a donc de la valeur, l’autre a de la valeur et le monde vaut la peine d’être exploré”. Bien plus tard, ces modèles internes opérants permettront à l’adulte sécure dans une situation éprouvante d’identifier ses émotions, de les verbaliser et d’interpeller ses figures d’attachement (conjoint[e] ou ami[e]s) qui sont alors le refuge de sécurité dont il a besoin pour traverser l’épreuve de manière adaptée et constructive. – Gwénaëlle Persiaux
4.Autoriser l’exploration (processus d’individuation)
Il est question ici du système dit d’exploration, responsable du processus d’individuation. Un enfant a autant besoin d’attachement que d’opportunités pour développer sa personnalité et son autonomie. Les humains ont besoin d’aller découvrir le monde de manière progressive, d’abord à quelque mètres de maman puis à quelques centaines de kilomètres à l’adolescence. Pour que le processus d’individuation se réalise de manière sereine, il est nécessaire que l’enfant sache qu’il peut revenir à sa base de sécurité en cas de problème (auprès de ses figures d’attachement). On se détache mieux quand est bien attaché initialement !
L’enfant s’éloigne donc de son parent parce qu’il a une relation de sécurité avec lui. Cela peut sembler paradoxal, au premier abord, mais cette articulation attachement/ autonomie rejoint les postures éducatives de bon sens qui promeuvent tout autant la réponse aux besoins affectifs des enfants que l’encouragement à l’autonomie dans la bonne distance. – Gwénaëlle Persiaux
L’exploration n’est pas ici à réduire à l’exploration physique des lieux et du monde extérieure mais elle concerne aussi l’exploration du monde interne. Le système d’exploration inclut les processus d’analyse et de compréhension de ce que l’enfant ressent et pense. Un enfant avec un attachement sécure sera capable d’explorer ses sensations, ses émotions, ses pensées, d’abord avec l’aide médiatrice d’une figure d’attachement puis seul en grandissant.
Plus l’enfant est jeune, plus il a besoin de son parent pour élaborer ses pensées, pour l’accompagner dans ses cheminements. En grandissant, il intériorise ces capacités de mensualisation et devient de plus en plus autonome psychiquement, capable d’analyse et d’opinions propres. Ainsi le parent sécurisant est une base sécure sur laquelle l’enfant puis l’adolescent, voire le jeune adulte, s’appuie pour explorer le monde intérieur et extérieur. – Gwénaëlle Persiaux
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Source : Guérir des blessures d’attachement : apprendre à construire des liens apaisés de Gwénaëlle Persiaux (éditions Eyrolles). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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