Gérer le stress du matin avec les enfants
Partir de la maison avec les enfants à l’heure le matin peut relever d’un véritable exploit. Les enfants aiment prendre leur temps, sont totalement concentrés dans leurs jeux et ils sont étrangers aux notions de temps et d’être à l’heure (surtout quand il s’agit de se rendre dans un endroit qu’il n’aime pas….au hasard, l’école). Comment gérer le stress du matin ?
L’idéal bien sûr serait de pouvoir laisser du temps aux enfants, leur permettre d’aller au bout de leurs jeux (d’ailleurs, certaines écoles dites alternatives proposent des plages horaires d’arrivée pour les enfants plutôt qu’une heure butoir). Mais la plupart du temps, nous devons partir de la maison à une heure limite et nous courons après le temps tous les matins.
Au-delà des questions d’organisation (préparer les habits la veille, se lever soi-même plus tôt, assurer une quantité de sommeil suffisante aux enfants, afficher des pictos de routine…), la parentalité ludique peut être utile les matins où tout semble compliqué, où les enfants n’arrivent pas à sortir du lit, où les enfants ne pensent qu’à jouer, où ils traînent les pieds pour s’habiller…. Même si ces outils paraissent au premier abord inadaptés à nos modes de vie contemporains, je vous invite à les tester (quitte à les abandonner si cela ne porte pas ses fruits). J’y vois deux bonnes raisons : 1) parfois, perdre du temps, c’est en gagner et 2) le jeu provoque des émotions positives chez les adultes et les enfants pour une meilleure ambiance générale.
Le pouvoir de l’imagination et du jeu pour gérer le stress du matin
Pendant que l’enfant dort encore, disposer quelques peluches dans son lit et quand l’enfant se réveille doucement, faire parler les peluches pour qu’elles l’accueillent en douceur : “Bonjour, on a bien dormi et toi ? Tu as beaucoup bougé dans la nuit, tu m’as écrasé la tête avec tes fesses !”… L’idée est de provoquer des émotions positives par le jeu et la connexion.Pour l’anecdote personnelle, je me souviens que, quand ma fille était en CP, elle avait beaucoup de mal à se lever le matin. Nous avons un hamster dont la cage est au salon et, les matins vraiment difficiles-grognons, j’emmenais la cage dans la chambre et je faisais parler le hamster pour qu’il dise bonjour à ma fille et engage une petite conversation avec elle sur sa nuit, ses rêves, ses émotions (“hum, on dirait que c’est difficile ce matin, tu aimerais bien rester au chaud dans le lit. Moi aussi, ma litière est toute chaude, tu veux venir ?”)
Avoir recours à des médiateurs (jouets, peluches, poupées, animaux…) facilite les transitions. Ce sont eux qui vont proposer l’enchaînement des routines matinales : “J’ai une faim de loup ! Si on allait déjeuner ? J’aimerais bien prendre mon petit déjeuner avec toi ! J’ai envie de tartines à la confiture, et toi ?” puis “Hum, j’ai froid. Si on s’habillait ?”. On peut imaginer que chacun parte ensuite faire ses affaires pour la journée (les peluches peuvent aller au travail dans la chambre pendant que tout la famille part à l’école et au travail).
Des chansons comme signaux
On peut choisir ensemble des chansons qui correspondront à des étapes de la routine matinale. Par exemple, on peut avoir la chanson des dents : dès qu’on met cette chanson, il est temps d’aller se brosser les dents tout le temps que dure la chanson. Pour les plus jeunes, il existe des petites comptines pour apprendre à s’habiller dont les enfants pourront suivre les consignes.
L’absurdité
Le moment de l’habillage peut être particulièrement éprouvant. Apporter une touche d’humour à travers l’absurdité peut permettre de faire redescendre la tension de part et d’autre (adultes et enfants). Par exemple, le parent met une chaussette sur les mains de l’enfant ou alors sa culotte sur la tête.
Au moment de sortir, le parent peut enfiler le blouson de l’enfant en mimant de manière théâtrale son erreur. Il peut aussi se tromper de pied en mettant ses chaussures. L’idée est de faire rire l’enfant mais également de lui demander son aide pour aider le parent qui fait tout à l’envers.
On peut également jouer sur d’autres éléments : par exemple, se brosser les dents avec la brosse à cheveux, faire mine d’aller se recoucher au lieu d’aller s’habiller, ouvrir la porte du frigo plutôt que la porte d’entrée pour sortir…
La course
La course est à utiliser plutôt avec parcimonie pour éviter que tout ne devienne que course à gagner dans la vie. Par ailleurs, le système de course est gérable avec un seul enfant mais risque de provoquer jalousie et conflit dans les fratries.
La course peur prendre plusieurs formes : battre l’horloge (ex : finir de s’habiller avant que la grande aiguille soit en haut), battre une chanson (ex : finir de se coiffer avant la fin d’une chanson), battre papa ou maman (ex : être prêt à sortir avec les chaussures et le manteau avant les parents).
Les jeux de rôle
On peut imaginer avec les enfants être des personnages et se préparer le matin en fonction des rôles de ces personnages. Par exemple, on peut imaginer être des pilotes d’avion qui vérifient que tout est OK pour le décollage : “Brossage de dents ? Check ! Chaussures ? Check ! Manteau ? Check ! Cartable ? Check !” ou alors des robots (parler avec une voix de robot), des plongeurs sous marins (parler comme avec un détendeur devant la bouche)…
Les petits mots
Nous avons un petit rituel depuis le début de l’année avec ma fille. Elle a un grand tableau noir dans sa chambre et tous les matins, sans qu’elle le voit (quand elle est à la cuisine ou la salle de bain), j’écris un mot pour elle dessus. Je m’inspire des différentes affiches ou cartes que j’ai conçues et j’écris avec des craies de différentes couleurs, avec une belle écriture et je fais quelques dessins. Elle adore avoir la surprise de ce petit mot à lire tous les matins avant de partir.
L’écoute active pour gérer le stress du matin avec les enfants
Il y aura bien sûr des matins où nous n’aurons pas envie de recourir à l’une ou l’autre de ces idées (par fatigue, stress…) ou bien où les enfants n’y seront pas réceptifs. L’écoute empathique permet vraiment de maintenir le lien dans la relation même dans les situations difficiles et de susciter la coopération (oui, je sais, plus facile à dire qu’à faire mais nous pouvons garder cette idée en tête même s’il arrivera encore des moments d’impatience, de cris, de disputes pour aller plus vite, parce qu’on en a marre, parce qu’il n’y a pas que ça à faire de discuter…). Savoir qu’on peut recourir à l’écoute empathique et savoir comment procéder peut permettre une prise de recul et l’adoption d’une approche plus douce.
L’écoute empathique consiste à refléter ce que nous entendons dans ce que vient de dire l’enfant, percer ce qui sous-tend les paroles prononcées par l’enfant, écouter la résonance émotionnelle dans ce que l’enfant dit, se mettre à sa place. Cela passe par le fait de mettre des mots sur le ressenti
- Respecter les émotions des enfants sans entrer dans un jeu de pouvoir : « je vois que tu es en colère »
- Reformuler sans juger, sans commenter ni intervenir : « oh, tu es triste », « tu n’en as pas envie du tout »
- Accueillir l’émotion en respectant les nuances vécues par l’enfant : « tu as eu peur ! »
- Ecouter avant de consoler : « je vois que tu as mal »
- Ecouter de l’intérieur ce que l’enfant est en train de vivre : « Tu hésites. Qu’est-ce que tu sens ? »
- Valider le vécu : « tu as le droit de ne pas avoir envie, c’est vrai, tu préférerais continuer à jouer, je peux comprendre ça »
On peut d’autant plus facilement reconnaître les émotions de l’enfant quand on est connecté à nos propres émotions (et nous, avons-nous envie d’y aller ? ne préférerions-nous pas avoir plus de temps pour nous poser en famille avant de partir en trombe ? n’avons-nous pas envie de rester au chaud dans la maison ?) et qu’on est capable d’imaginer les pensées de l’enfant (c’est difficile d’être séparé des parents toute la journée, c’est difficile de rester assis toute la journée à l’école, c’est difficile de manger à la cantine, le contrôle de maths est stressant…). Une fois que l’émotion difficile est accueillie, il est alors possible de faire un câlin pour que l’enfant dispose de ressources affectives tout au long de la journée.
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