Les conflits entre frères et soeurs : comment intervenir… ou pas !

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Intervenir ou pas dans les conflits entre frères et sœurs ?

Quand nous disons à des enfants qui se disputent “Ça suffit ! Arrêtez-vous ! Chacun dans vos chambres ! Taisez-vous ! Je ne veux plus vous entendre ! Puisque vous n’arrivez pas à partager, vous ne l’aurez pas ni l’un ni l’autre !”, il n’y a pas de résolution de conflits, mais juste un arrêt du conflit.

Catherine Dumonteil-Kremer regrette que ce type de réactions empêche les enfants de trouver des solutions par eux-mêmes (ou avec le soutien des adultes). Leurs émotions sont bloquées parce qu’elles ne sont pas acceptées, les relations deviennent de plus en plus pénibles et difficiles car ils ne sont pas reconnus dans ce qu’ils sont et vivent.

Une des conséquences possibles de ce type de réaction parentale face aux conflits des enfants est :

  • la peur du conflit, au risque de ne plus vouloir vivre de désaccord en se mettant en retrait, en niant sa personnalité,
  • la croyance que les conflits se règlent exclusivement par la loi du plus fort. 

Cela ne signifie pas pour autant ne jamais intervenir : si un aîné agresse son petit frère bébé, il n’est pas question de le laisser faire. Il n’est pas non plus question de laisser un enfant devenir le bouc émissaire de ses frères et sœurs. Une intervention efficace et utile pourrait être de dire : “J’ai l’impression que C. ne s’amuse pas autant que vous; un jeu, c’est quand tout le monde s’amuse. C., tu as le droit de dire stop. Si vous avez besoin de moi, je suis là.”

Il peut être difficile de faire la part des choses entre intervention et non intervention en fonction des circonstances, de l’âge des enfants et de leur manière de gérer leurs disputes en général.

L’influence de notre propre histoire d’enfance

Catherine Dumonteil-Kremer rappelle que nous sommes influencés par notre propre enfance dans nos manières d’intervenir dans les conflits de fratrie.

Certains parents ont fait partie des personnes qui ont été traitées avec cruauté par un frère ou une soeur aîné.e. Dans ce cas, ces parents ont du mal à ne pas prendre partie pour le plus jeune (s’identifiant à lui ou elle), même si cela n’est pas toujours justifié et que ce n’est pas la manière la plus efficace de développer l‘intelligence relationnelle des enfants.

Un travail thérapeutique sur votre histoire vous aidera à avoir une attitude adaptée à la situation qui se présente sans que votre passé vienne polluer vos réactions. – Catherine Dumonteil-Kremer

Des interventions efficaces

Quand les enfants réclament l’arbitrage de la part d’un adulte

Une façon de faire quand les enfants réclament l’arbitrage d’un adulte consiste à :

  • être présent (pas d’écran, pas de double tâche)
  • poser des questions à chacun
  • montrer un intérêt sincère et authentique pour tous les enfants impliqués
  • écouter les récits sans jugement ni idée préconçue (ex : prendre partie pour le plus jeune du fait qu’il soit plus jeune)
  • demander ce qui pourrait aider à résoudre le problème

La règle est de s’immiscer le moins possible dans le processus et, si les enfants sont coincés, proposer une solution sous forme de question : “Seriez-vous d’accord pour que je propose moi aussi une solution ?”.

Il peut être difficile de ne pas prendre partie et de ne pas commenter les propositions de résolution que les enfants trouvent entre eux, pour eux.

Je vous assure que le fait de poser des questions lors d’une dispute suffit plus que largement à faire que vos petits se sentent compris. Et la relation frères soeurs en sera consolidée. – Catherine Dumonteil-Kremer

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Pour des interventions légères et ludiques

Catherine Dumonteil-Kremer fait référence à la parentalité ludique pour des interventions efficaces dans les conflits entre frères et soeurs. Cette approche, nommée parentalité ludique, permet de s’attaquer plus efficacement à la source des rivalités dans une fratrie que l’usage des punitions ou de l’isolement. Non seulement le rire pendant les jeux aide à éliminer les émotions pénibles à l’origine des disputes (jalousie, colère, angoisse, impuissance), mais il consolident également le lien parents/ enfants.

Il est par exemple possible de “chiper” l’objet de convoitise entre enfants et de courir en disant “c’est à moi, vous ne me rattraperez jamais !” puis se laisser rattraper et jouer théâtralement la défaite.

Catherine Dumonteil-Kremer propose un petit jeu pour apprivoiser la jalousie des aînés quand un bébé apparaît dans la famille. Ce jeu consiste à prendre une poupée et d’endosser le rôle d’une mère/ d’un père gâteux.se qui s’extasie devant le bébé à l’excès (prendre la poupée dans les bras, la câliner vivement, réellement jouer un parent complètement gâteux). Il y a des chances pour que l’aîné arrache cette poupée des mains et lui fasse subir des traitements divers (ce qu’il aimerait faire en vrai bébé par jalousie). Pour continuer le jeu, le parent poussera de cris scandalisés à l’outrance pour déclencher l’hilarité de tous.

S’il y a un type d’intervention à choisir, le jeu pourrait être à la première place, parce qu’il implique, entre autre, une entrée de l’adulte dans le monde de l’enfant. – Catherine Dumonteil-Kremer

Ne pas intervenir

Catherine Dumonteil-Kremer relate les paroles d’une de ses filles qui se disputait avec ses sœurs : “Maman, quand tu te disputes avec Pierre, nous ne venons pas vous demander d’arrêter, hein ? Alors ne t’en mêle plus, laisse nous régler nos comptes”.

Cela serait en effet très frustrant pour nous adultes qu’un médiateur s’interpose systématiquement dans nos disputes de couple pour stopper la colère (et sans l’avoir sollicité qui plus est).

Quand vos enfants ne vous demandent rien et que ni l’un ni l’autre n’est en danger, laissez-les gérer leur problème. Car il s’agit bien de leur problème et non du vôtre. Trouver un équilibre entre notre fonction protectrice et la dignité des individus qui composent notre famille se fait à force de réflexion, d’entraînement et de travail sur soi. – Catherine Dumonteil-Kremer

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Source : La famille s’agrandit de Catherine Dumonteil-Kremer (éditions Jouvence). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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