Parentalité ludique : construire des ponts plutôt qu’élever des murs entre parents et enfants
La parentalité ludique propose de réagir par le jeu et l’humour pour sortir des conflits et des jeux de pouvoir avec les jeunes enfants. La discipline telle que le conçoit la parentalité ludique est une occasion de renforcer les liens entre parents et enfants : construire des ponts plutôt qu’élever des murs entre eux.
Lawrence Cohen, psychologue américain adapte de la parentalité ludique, estime que punir un enfant crée une plus grande rupture et qu’il est préférable de réfléchir à un moyen de restaurer l’attachement.
A mon sens, les parents renoncent à l’humour et au jeu dans les situations critiques, de craintes d’encourager une mauvaise attitude. Je dois rester sévère et glacial pour qu’il comprenne qu’il a mal agi. Mais l’humour ne constitue pas une récompense. Il restaure en revanche l’élément manquant : le lien dont la rupture a justement causé le problème. – Lawrence Cohen
Le jeu laisse à l’enfant l’opportunité de renouer le contact à sa manière et aux parents de se brancher sur sa longueur d’onde. La parentalité ludique permet :
- de développer le pouvoir de l’enfant sous tous ses aspects sains,
- d’accroître son assurance,
- de consolider la relation parents/ enfants,
- d’inviter au rapprochement,
- d’accepter les émotions fortes,
- de repenser la discipline,
- de dénouer les conflits.
5 idées de jeux pour les situations du quotidien (brossage de dents, rangement, agressivité…)
1.Brossage de dents
Quand un jeune enfant ne veut pas se brosser les dents, il est possible de simuler l’incompétence en détournant l’utilisation de la brosse à dents. On pourra prendre la brosse à dents en main et dire à l’enfant : “Et maintenant, on passe au brossage” en commençant à lui brosser les cheveux.
L’enfant sera surpris et amusé puis aura envie de corriger le parent. Ce dernier pourra persister dans son erreur avec exagération en brossant les poils du bras de l’enfant.
Avec ce petit scenario, la tension diminuera et l’enfant aura envie de montrer à son parent comment on se brosse les dents pour de vrai (le parent pourra aussi demander explicitement à l’enfant de lui montrer comment on fait !).
2.Habillage
Utiliser les peluches comme médiateurs peut inciter un jeune enfant à s’habiller. On peut imaginer un tas de scénarios comme :
- parler à l’animal en peluche pour lui demander quel temps il fait et ce qu’il a prévu de mettre comme vêtements
- dire à la peluche qu’il risque d’avoir froid s’il reste tout nu et commencer à l’habiller avec les vêtements de l’enfant
- demander à l’enfant d’habiller une poupée en même temps que le parent habille l’enfant (en variant les rythmes pour introduire une dimension ludique : comme un cosmonaute lent pour les sous vêtements, vite vite pour le pantalon…)
- inventer un dialogue avec les doudous (ex : Gros chien dit qu’il a froid et qu’il est temps de s’habiller.” / “Doudou dit qu’il a besoin de quelqu’un pour lui montrer comment mettre ses chaussettes”)
- demander à un personnage s’il pense que l’enfant est cap ou pas cap de s’habiller en moins de 3 minutes/ en fermant les yeux (défi à inventer)…
3.Rangement
Il est possible d’adopter la perspective de l’enfant quand on aborde la question du rangement.
- Face à des petites voitures éparpillées sur le sol, on pourra décrire ce qu’on voit avec des mots d’enfants : “Oh, il y a des embouteillages ce soir ! Les conducteurs de ces voitures sont impatients de rentrer chez eux, il faut débloquer cet embouteillage et ramener les voitures chez elles”.
- Si un sac ou une caisse est dédiée au stockage de jouets, on peut le faire parler : “Je suis le monstre du rangement et j’ai très, très faim. Donnez moi à manger par pitié !”.
- Pour des jouets d’imitation de véhicules comme un avion, le parent devient la tour de contrôle qui rappelle l’avion traînant par terre et il imagine des instructions qui obligent l’avion à se poser dans sa caisse de rangement
- Imiter un métier en lien avec les jeux (ex : une hôtesse de l’air ou un agent de piste dit avec ses gestes professionnels : « La caisse de rangement, c’est par ici ! »)
4.Contribution à la vie domestique
Poser des questions qui mettent en avant les compétences des enfants peut les inciter à participer aux tâches ménagères. Par exemple, on peut demander à un enfant s’il se sent assez fort pour porter les assiettes afin de mettre la table.
On peut également faire preuve de créativité et inventer une danse du débarrassage du lave-vaisselle ou une chanson du lit à faire (par exemple, en reprenant un air connu et en inventant des paroles qui décrivent ce qui est à faire).
5.Brutalité/ agressivité
Si un enfant se montre agressif (tape, jette, casse…), il est possible de s’adresser directement à sa main plutôt qu’à lui pour passer le message de la non violence. Plus le message est rigolo, plus il aura d’impact sur l’enfant. On pourrait dire à la main quelque chose comme “Très chère main, il faut que nous ayons une petite discussion. Savez-vous qu’il est formellement interdit de taper/ casser ? Je sais bien qu’il est difficile d’avoir de l’autorité sur 20 doigts – rendez-vous compte, 20 doigts ! – mais pourriez-vous leur rappeler qu’ils sont capables de régler les problèmes sans taper. Merci de votre attention.”
Ces suggestions ne sont que des propositions. Elles ne sont pas des prescriptions, elles ne sont pas exhaustives mais peuvent servir de bases pour d’autres idées.
Elles peuvent être adaptées aux enfants selon leur maturité et leur réceptivité. La limite à ne pas franchir est celle de la moquerie : on joue ensemble, on ne prend pas les enfants pour des imbéciles.
Un fou rire partagé vaut mieux qu’un sermon qui tombe dans l’oreille d’un sourd. – Lawrence Cohen
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Pour aller plus loin : Jouer pour mieux comprendre votre enfant de Lawrence Cohen (éditions Marabout Poche). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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