4 jeux pour stimuler l’empathie et la solidarité dans les groupes d’enfants

jeux pour stimuler l'empathie et la solidaritéCultiver l’empathie peut passer par le corps : se mettre à la place de l’autre, coopérer, faire preuve de solidarité en jouant et en se mettant en mouvement sont envisageables dès 5/6 ans.

Ces 4 idées de jeux sont inspirées par Omar Zanna, sociologue et auteur de Le corps dans la relation aux autres.

1.Un temps méditatif d’échauffement émotionnel

Les enfants sont invités à s’allonger librement pendant 5 à 10 minutes. Chaque enfant peut choisir sa position (sur le ventre, sur le dos, sur le côté…).Les yeux fermés, ils ont pour consigne de se concentrer sur les zones où ils ressentent un désagrément, une douleur (un picotement, un fourmillement, un grattement…). Ils sont invités à observer ces sensations, ce que cela génère comme pensées, comme envies, comme impulsions, sans chercher à contrôler leurs pensées, en les laissant juste passer.

Le but est d’amener les enfants à devenir capables de se mettre à l’écoute de leur corps. Au début, il se peut que les enfants soient gênés, qu’ils ricanent, qu’ils ouvrent les yeux puis, au fur et à mesure des séances, ils seront capable de plus de calme et de concentration.

Il est possible de varier les consignes pour amener les enfants à la pleine attention :

  • sentir l’air entrer par le nez puis soulever la cage thoracique et le ventre, sentir le ventre puis la cage thoracique se baisser puis l’air sortir par le nez,
  • être à l’écoute du bruit que le corps émet,
  • sentir l’empreinte du corps sur le sol, sentir les appuis sur le tapis (la tête, les omoplates, les fesses, les mollets, les talons),
  • se concentrer sur un bruit dans la salle,
  • rythmer la respiration en posant une main sur le ventre et la sentir se soulever à l’inspiration et se baisser à l’expiration…

 

2.Un jeu d’attention aux sensations et émotions des autres

Omar Zanna propose le “jeu des mousquetaires”. Il s’agit de faire jouer ensemble plusieurs équipes de 4 enfants. Dans chaque équipe, les enfants ont chacun une position corporelle difficile à tenir :

  • l’un a les bras tendus parallèle au sol,
  • un autre fait la chaise le dos contre le mur,
  • le troisième se tient sur une jambe,
  • le quatrième est le joker et tourne autour de la salle dans un parcours prédéfini : son rôle est de prendre la place d’un des trois membres qui n’arrive plus à tenir sa position (le joker est donc tournant).

Les trois joueurs qui tiennent une position peuvent appeler le joker mais aucun ne peut appeler pour lui-même : il faudra que les membres de l’équipe soient attentifs les uns aux autres afin de déceler les signes de faiblesse qui annoncent la difficulté vécue par un des trois joueurs en place (rictus, grimaces, souffles, rougeurs, muscles qui tremblent…) et appeler le joker pour qu’il prenne la place du membre en difficulté. Le joker doit également être attentif à ses coéquipiers pour anticiper une demande d’aide et proposer de relayer le membre de l’équipe sur le point de défaillir.

Le groupe qui tient le plus longtemps toutes les positions gagne (on peut même éliminer tout esprit de compétition dans ce jeu en fixant une durée à atteindre ou alors en incitant chaque équipe à améliorer sa durée d’une manche à l’autre).

Selon l’âge des joueurs et leur familiarité avec ce jeu, on pourra proposer des positions de départ plus ou moins complexes. On peut également introduire des manches au départ où les joueurs pourront appeler le joker pour eux-mêmes.

Un moment réflexif en fin de jeu permet de conscientiser les acquis visés par ce jeu :

  • comment avez-vous remarqué que vos partenaires avaient mal ?
  • avez-vous demandé qu’on vous remplace ? à quel moment ? quel a été l’élément déclencheur de la demande ?
  • en tant que jokers, qui avez-vous choisi quand plusieurs partenaires voulaient être remplacés en même temps ?
  • quel a été votre rôle préféré : tenir une position ou joker ? pourquoi ?
  • est-ce que demander de l’aide a été difficile ? pourquoi?
  • est-ce que apporter de l’aide a été difficile ? pourquoi ?

 

3.Un jeu de décodage des intentions et émotions de l’autre

Dans ce jeu de mime autour de la douleur, les enfants sont par deux. L’un mime une douleur ou une sensation désagréable (au début du jeu, cela peut être une douleur physique facilement identifiable comme au blessure au genou puis le mime pourra se complexifier pour ne porter que sur des émotions telles que celles du deuil). L’autre est en face de lui et a pour consigne de deviner puis d’imiter ce que l’autre ressent.

Le premier enfant se met donc en scène en laissant deviner sa douleur/ émotion puis le deuxième enfant vient mimer l’attitude dans la même démarche comme pour “prendre” la douleur. Le premier se place alors en face du deuxième enfant qui va pouvoir imiter une autre douleur de son choix à son tour (et ainsi de suite).

Cet exercice entraîne les enfants à s’approprier la représentation mentale d’autrui en développant leur sensibilité aux vécus des autres (sensations et émotions intérieures à travers un comportement visible de l’extérieur).

Là encore, un retour réflexif sera utile. On pourra par exemple donner pour consigne aux enfants de s’arrêter au bout de 2 mimes chacun puis les inviter à échanger sur leurs mimes :

  • est-ce que chacun avait correctement identifié la douleur jouée par l’autre ?
  • si oui, quels ont été les indices révélateurs ?
  • si non, quels éléments ont été mal interprétés par celui qui devait deviner ?
  • qu’est-ce qui lui a manqué de la part du mime pour arriver à une conception correcte ?

 

4.Un jeu pour rencontrer l’autre

Ce jeu autour de la rencontre peut susciter un certain malaise chez les enfants qui n’ont pas l’habitude de l’intimité. Il est inutile de forcer les enfants mais on peut leur proposer d’évaluer la distance qui leur parait raisonnable pour se sentir à l’aise dans ce jeu.

Les enfants d’un groupe sont invités à marcher dans toute la salle. Au signal, la consigne est que tout le monde se regroupe au centre de la salle, s’immobilise une seconde puis reprend le cours de la marche.

Aux trois signaux suivants, ils ont pour consigne de s’arrêter près de quelqu’un (une personne différente à chaque signal), de le regarder les yeux dans les yeux pendant au moins une seconde puis de reprendre la marche.

Aux trois signaux suivants, ils ont pour nouvelle consigne d’aller vers la personne la plus proche (une personne différente à chaque signal) pour lui serrer la main.

Aux trois signaux suivants, ils ont pour nouvelle consigne d’aller vers la personne la plus proche (une personne différente à chaque signal) pour lui faire une accolade.

Puis une nouvelle organisation spatiale du jeu est proposée :

  • les enfants se mettent face à face deux par deux à 10 mètres de distance environ,
  • au signal, ils marchent l’un vers l’autre, se regardent dans les yeux pendant 5 secondes, s’esquivent et prennent la place du partenaire,
  • puis ils se serrent la main pendant une à deux secondes, s’esquivent et prennent à nouveau la place du partenaire,
  • puis ils se font une accolade pendant une à deux secondes, s’esquivent et prennent la place du partenaire,
  • enfin, ils reculent face à face vers la position de départ 10 mètres plus loin.

Cette mise en jeu des corps permet de jouer sur les distances affectives qui se matérialisent dans l’éloignement et le rapprochement. Réduire la distance physique par le regard, le toucher, l’accolade permet d’observer comment et combien les enfants sont capables de se mettre à distance psychologiquement des autres tout en étant physiquement proches : l’autre n’est pas moi mais les émotions d’autrui résonnent en moi et les miennes en lui.

Le regard est un enjeu important de ce jeu : en détournant la tête ou en baissant les yeux, un enfant enlève à celui ou celle qui le regarde un peu de possibilité de le découvrir et d’entrer en contact authentique avec lui.

Le retour réflexif pourra porter sur les sensations éprouvées lors de ce jeu :

  • de la gêne ? à quel(s) moment(s)? pourquoi ?
  • du malaise croissant ou plutôt décroissant ?

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Source : Le corps dans la relation aux autres : pour une éducation à l’empathie de Omar Zanna (éditions PU Rennes). Disponible en librairie, en médiathèque ou sur internet.

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