Jouer avec les enfants qui ne veulent pas dormir, une solution pour des couchers moins difficiles ?
Je lisais récemment un article étonnant en anglais sur le bienfaits du jeu avec les enfants juste avant de dormir. Alors qu’on a plutôt tendance à conseiller d’instaurer une ambiance calme avant le coucher des enfants, cet article proposait une alternative complètement différente aux parents désespérés ! J’avoue que je m’y suis retrouvée parce que ma fille a toujours eu du mal à se coucher… et que nous faisons exactement ce que l’article proposait depuis quelques semaines.
Existe-t-il des parents de jeunes enfants qui connaissent des soirées paisibles et tranquilles ? Je n’en connais pas beaucoup pour ma part… et pas moi quoiqu’il en soit (bien que j’ai appris à lâcher prise sur les heures du coucher et à pratiquer intensément le cododo afin que ni ma fille ni moi ne finisse folle/ malade… ou pire). Je crois que le coucher est vraiment l’enjeu de parentalité le plus difficile pour moi (et encore, le pire est derrière nous désormais mais je me souviens de certaines nuits où ma fille ne dormait pas avant 23h30 en semaine et se réveillait deux à trois fois alors qu’elle était en maternelle). Et, pour reprendre un titre d’Isabelle Filliozat, j’ai tout essayé (osthéopathie, microkiné, huiles essentielles, homéopathie, massages, méditation, fermeté, rituels, psychologue…). Parents qui êtes encore dans cette période, vous avez toute ma compassion (c’est une période qui finit par passer avec l’âge).
Aujourd’hui, elle arrive à s’endormir entre 21h et 21h30 sans réveil nocturne… mais avec au minimum trois à quatre peluches dans le lit (quand ce n’est pas 10… et quand ce n’est pas sa mère !).
L’article en question suggère d’intégrer une dose de jeux au moment du coucher afin de remplir le réservoir émotionnel des enfants vidé dans la journée et de leur donner la force d’affronter ce moment si particulier qu’est la nuit.
Le jeu et la connexion sont importants pour aider les enfants à faire face à leurs peurs. Le rire et le lâcher prise du jeu permettent de relâcher les tensions.Les enfants ont besoin que les adultes prennent part à leurs jeux parce que :
- le jeu permet aux enfants de se remettre d’une contrariété en la rejouant,
- le jeu permet d’exprimer les zones douloureuses des enfants (celles où ils se sont sentis stupides, humiliés, incapables),
- le jeu remplit le réservoir d’attachement,
- le jeu consolide la relation parents/ enfants.
Quelques suggestions de jeux pour favoriser le coucher des enfants
Intégrer des occasions de rire tout au long de la journée, et spécialement en fin de journée (raconter des blagues à la table du dîner par exemple, faire des grimaces dans le miroir de la salle de bain, jouer à aller au lit en sautant comme un kangourou…). Ma fille adore choisir la manière dont nous allons à la salle de bain pour le brossage de dents du soir : à cloche pieds, à quatre pattes, en fermant les yeux (parfois elle aime bien que je la guide), en faisant la course… Elle a 8 ans et c’est un rituel qui est resté de sa petite enfance.
Voir dans quelle mesure il est possible d’avancer l’heure du coucher pour consacrer un temps au jeu le soir au coucher. Cela peut être un jeu de société calme dans le lit (un jeu de sept familles, une partie de dames…). Un jeu de 10 à 20 minutes peut faire une vraie différence dans la manière dont se passe le coucher… parfois, perdre du temps, c’est en gagner :). En ce moment, ma fille adore jouer au chat et à la souris dans le lit. Je mets mes pieds sous la couette et elle est le chat : je bouge mes pieds (qui sont les souris donc) et elle doit les attraper pour les manger. On fixe le nombre de souris à attraper selon le temps dont on dispose et c’est souvent une occasion de franche rigolade. Elle aime beaucoup aussi les virelangues : on récite quelques virelangues le plus vite possible et on finit souvent par éclater de rire (“panier piano” devenant souvent “panneau/ panio”). On s’amuse parfois à en inventer à partir de nos erreurs. Là encore, c’est très drôle !
Les batailles d’oreillers peuvent également être de bons défouloirs (stress, peurs, colère).Une bonne bataille de polochons peut donner l’occasion aux enfants d’évacuer la pression. L’idée ici est que l’adulte soit un bon partenaire (dans le sens où il ne laisse pas le jeu dégénérer en violence et où il laisse l’enfant exercer son pouvoir personnel en laissant ce dernier gagner). L’adulte pourra alors complètement rater sa cible, se prendre un oreiller en pleine face et faire une moue exagérée…
Ces idées peuvent paraître insensées dans le sens où l’enfant risque de s’exciter et donc de ne plus être en état de dormir… mais rappelons que nous parlons d’enfants qui, de toute façon, s’endorment difficilement. Peut-être que quelques soirées de jeux en famille suffiront à créer une nouvelle dynamique plus favorable au coucher. A la maison, nous ne jouons pas tous les soirs, cela dépend surtout de l’impulsion de ma fille. Quand nous jouons (dans le lit par exemple), le jeu remplace l’histoire afin que l’heure du coucher ne soit pas trop décalée. Si on arrive à se mettre à l’écoute des enfants, on arrivera à déterminer si un temps de jeu peut leur faire du bien. Reste à chaque famille d’inventer ses propres rituels et modalités :).
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Ces idées sont issues des principes de la parentalité ludique. La discipline telle que le conçoit la parentalité ludique est une occasion de renforcer les liens entre parents et enfants, au lieu d’élever des murs de plus entre eux. Lawrence Cohen, à l’origine du concept de parentalité ludique, propose, face un comportement qui nous exaspère, de se demander : à quand remonte la dernière séance de jeu ensemble, les derniers câlins, les derniers moments que nous avons passé en compagnie l’un de l’autre ? le réservoir d’amour de l’enfant est-il vide ? est-ce la raison pour laquelle il fait des siennes ? que lui manque-t-il pour le remplir ? et nôtre réservoir à nous, à quel niveau en est-il ? comment le remplir ?
Le contact peut alors passer par des petites choses comme serrer l’enfant pour un câlin, lui consacrer un peu de temps, jouer avec lui qu’il choisira et qui nourrira son besoin de pouvoir personnel, goûter ensemble, parler ensemble…
Chacun de nous a envie de se sentir proche de quelqu’un, aussi absurde que soit notre façon de le montrer !