La différence entre l’usage protecteur et l’usage punitif de la force (quand un jeune enfant s’apprête à mordre ou frapper un camarade, quand un enfant traverse la rue sans regarder)

La différence entre l'usage protecteur et l'usage punitif de la force

Une différence dans l’intention entre punition et protection

Marshall Rosenberg, concepteur du processus de Communication NonViolente, fait le point sur l’usage de la force qu’il qualifie de “protectrice“. Il fait la différence entre l’usage protecteur et l‘usage punitif de la force.

Rosenberg estime que, dans certaines circonstances, nous pouvons être amenés à utiliser la force protectrice (comme pour retenir un enfant sur le point de traverser la rue sans regarder).

La différence entre l’usage protecteur et l’usage punitif de la force réside dans l’intention : est-ce que nous utilisons la force pour protéger ou pour punir ? Pour Marshall Rosenberg, une manière de le faire est de vérifier nos pensées au moment  où nous décidons de recourir à la force. Un adulte qui fait usage de la force dans le but de punir  a porté un jugement moralisateur qui l’amène à penser que l’enfant mérite d’être puni et doit souffrir pour payer ce qu’il a fait. L’usage punitif de la force peut prendre plusieurs visages : les châtiments corporels (comme la fessée, le tirage d’oreille ou de cheveux, la petite tape sur les mains…) mais aussi la violence verbale et psychologique (en suscitant la honte ou la culpabilité).

L’usage protecteur de la force n’est pas synonyme de violence

L’usage protecteur de la force est radicalement différent : l’enfant n’est pas considéré comme mauvais et il n’est pas question de lui faire peur ou de le faire souffrir. L’intention dans ce cas-là part des besoins : nous voyons les besoins qui sont menacés (la sécurité de l’enfant ou celle des autres par exemple) mais nous ne faisons pas honte ou mal à l’enfant pour qu’il sente qu’il est mauvais ou qu’il a tort.

Dans le cas de l’usage protecteur de la force, notre seule motivation est de protéger nos besoins – et, à cette fin, il peut être nécessaire de commencer par employer la force – et la communication à but éducatif viendra plus tard. – Marshall Rosenberg

Pour Marshall Rosenberg, l’essentiel est de nous assurer que, si nous sommes amenés à employer la force, notre but est de protéger et non de punir. Il compare l’usage protecteur de la force à une moustiquaire : quand on installe une moustiquaire, on cherche à se protéger des piqûres de moustiques sans tuer les moustiques. Mais nous recourons tout de même à la force à travers la maîtrise de l’environnement. Rosenberg écrit : “Nous contrôlons notre environnement pour ne pas voir se produire ce que nous ne souhaitons pas.”.

Ainsi, dans les situations d’urgence (ex : un jeune enfant s’apprête à mordre ou frapper un camarade), nous pouvons contenir physiquement l’enfant. Cette contention peut très bien se passer de violence et ne pas faire mal à l’enfant.

L’importance de l’après : accueillir les émotions de l’enfant

Il est toutefois important de laisser l’enfant s’exprimer après un usage de la force protectrice. La tristesse ou la colère sont des réactions normales dans ce type de situation : l’enfant en colère est en train de se réparer de l’impuissance qu’il a éprouvée.

Après un « non » ou un usage protecteur de la force, la déception, la tristesse ou la colère ont besoin d’être écoutées. Refuser de l’écoute ou de l’empathie à un enfant dégrade son estime de lui-même et mine la relation de confiance parent/ enfant.

Faire un usage protecteur de la force requiert de l‘intelligence aimante et cela prend beaucoup de temps et d’énergie. Pourtant, nous ne discuterions pas les droits des femmes comme relevant des droits humains fondamentaux et nous ne chercherions jamais d’excuses aux conjoints violents (c’est précisément d’actualité avec le Grenelle des violences conjugales). Nous devons le même niveau d’exigence aux enfants et nous avons le devoir de considérer les droits humains fondamentaux comme étant aussi ceux des enfants.

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Source : Élever nos enfants avec bienveillance : L’approche de la communication non violente de Marshall Rosenberg (éditions Jouvence). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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