La nonchalance des enfants est un bien précieux (l’enjeu de l’éducation lente)
Bien que la nonchalance des enfants puisse parfois poser des défis en termes de discipline et de respect des consignes, elle est utile dans le développement des enfants.
Prendre au sérieux la nonchalance des enfants
Chaque enfant a son propre rythme et la nonchalance des enfants est un bien précieux. Ce qui se passe dans la tête de l’enfant en train de rêver est un trésor qu’il ne faut pas détruire, nous dit Sébastien Bohler, rédacteur en chef de la revue Cerveau & Psycho (émission Tête au carré du 2/05/2018 – France Inter). La nonchalance peut être agaçante du point de vue des adultes car elle se manifeste par une désinvolture face aux tâches et demandes parentales, souvent perçue comme un manque de coopération, voire comme un affront. Par exemple, un enfant de 4 ans peut faire preuve de nonchalance en jouant avec ses jouets plutôt que de se préparer pour sortir, même si ses parents l’ont déjà averti plusieurs fois qu’il est temps de mettre ses chaussures et sa veste. Il peut sembler indifférent à leurs demandes répétées, préférant continuer à jouer sans se presser. La nonchalance des enfants peut être perçue comme un manque de respect ou d’intérêt pour les autres. Pourtant, la nonchalance peut permettre aux enfants de laisser libre cours à leur imagination et à leur créativité. En n’étant pas pressés ou trop encadrés, ils peuvent explorer de nouvelles idées et solutions de manière plus spontanée. Par ailleurs, une approche détendue peut aider à maintenir des niveaux de stress bas. Enfin, le jeu non structuré, souvent associé à la nonchalance, est utile pour le développement cognitif et émotionnel. Il permet aux enfants d’apprendre à travers l’expérimentation, l’exploration et l’interaction sociale.
Lien entre éducation lente et nonchalance
L’enjeu du mouvement de l’éducation lente est de préserver la nonchalance des enfants. Par essence, l’éducation est une activité lente. L’éducation lente (ou slow education) cherche à trouver le rythme d’apprentissage de chacun et de chaque activité, en le respectant, en le stimulant et en l’amplifiant. Elle ne pénalise pas la lenteur, elle ne vise pas la standardisation. Dans ce cadre, les activités éducatives doivent définir elles-mêmes le temps nécessaire à leur réalisation, et non l’inverse.
Le principe d’éducation lente vise à réinscrire l’éducation dans un processus qualitatif plus que quantitatif. Le concept d’éducation lente est lié au temps nécessaire à la bonne réalisation des apprentissages. Chaque enfant a son propre rythme, ses propres talents, ses propres intérêts.
L’éducation lente est la possibilité pour chaque enfant d’apprendre selon son propre tempo, parfois calme, parfois rapide. Cette souplesse permet de faire comprendre aux enfants qu’ils sont capables d’apprendre dans des milieux très différents. La décision d’étudier (où, quand, comment) appartient aux enfants et c’est pour cette raison qu’ils (re)prennent plaisir à apprendre.
Cela suppose des moments “sans temps”. Le temps ne doit pas toujours être organisé, rentabilisé, utile ou éducatif. Les temps visiblement “non productifs” sont essentiels pour consolider les apprentissages et pour leur donner du sens dans la “vraie” vie (exemple : lire pour le simple plaisir de lire, pas pour remplir une fiche ou faire un résumé).
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Pour aller plus loin : Éloge de l’éducation lente de Joan Domenech Francesch (éditions Chronique Sociale). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur les sites de ecommerce.
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