L’acquisition de la continence : chacun son rythme !
Une question que se posent de nombreux parents de jeunes enfants concerne l’apprentissage de la propreté. Plutôt que le terme “propreté” , je choisis volontairement d’utiliser le mot “continence”. Dans leur livre Petite enfance et neurosciences, Christine Schul et Josette Serres tiennent à rappeler que la continence est une acquisition qui prend du temps et qui diffère d’un enfant à l’autre.
Un apprentissage, pas un enseignement.
La continence dépend de la capacité d’un enfant à contrôler sa vessie et ses intestins. C’est rarement avant 2 ans qu’il peut reconnaître la sensation que ces organes sont “pleins”. Ensuite, il apprend à détecter le moment où il est sur le point d’uriner ou d’aller à la selle. Enfin, il se dirige vers son pot avant qu’il ne soit trop tard…
Tout cela ne “s’enseigne” pas à proprement parler, l’enfant apprend, l’enfant acquiert. Cela dépend de l’enfant. Il faut qu’il soit prêt physiologiquement et, surtout, psychologiquement. Il est souhaitable de tout simplement soutenir et encadrer l’enfant et de lui faire confiance. Un peu de patience, de la persévérance et de la bonne humeur sont les meilleurs alliés des adultes !
La continence n’est pas une compétence dont l’apprentissage diffère tellement de celle de la marche ou du langage. Il ne viendrait à l’idée de personne de forcer un enfant à marcher ou à parler s’il n’est pas prêt. Pourtant, pour la continence, certains parents sont amenés à penser (sous la pression de l’entourage, de l’entrée imminente en maternelle…) que, s’ils savent être persuasifs (à travers des menaces, des punitions ou des récompenses), l’enfant obéira.
Il ne sert à rien de forcer l’acquisition de la continence.
Tant que le petit enfant n’est pas prêt, il est inutile de le forcer à devenir propre. En général, les enfants deviennent “propres” entre 2 et 4 ans (bien qu’il y ait des exceptions), d’abord le jour puis, généralement, quelques semaines ou mois plus tard, la nuit (là encore, il peut y avoir des exceptions).
L’âge de la continence varie donc beaucoup d’un enfant à un autre et la durée de l’apprentissage également. Il vaut mieux éviter d’avoir une échéance précise en tête et accepter de suivre le rythme de l’enfant. C’est toujours lui qui doit motiver nos décisions et nos actions dans ce domaine.
L’acquisition de la continence (plutôt que l’apprentissage de la propreté) la nuit peut prendre plus de temps et, avant l’âge de 5 ans, il est inutile de s’inquiéter si un enfant fait pipi au lit.
Quoiqu’il en soit, la maturité physiologique et neurologique nécessaire à la continence ne peut pas être accélérée (réflexe du contrôle sphinctérien et myélinisation du système extrapyramidal, circuits nerveux responsables de la motricité involontaire).
Comment savoir quand un enfant est prêt ?
Des signes de réceptivité à prendre en compte
Christine Schul et Josette Serres proposent de prendre en compte des signes de réceptivité de l’enfant relatifs à la continence :
- il se dirige lui-même vers son pot et s’assoit dessus tout seul.
- Il est stable quand il est assis sur le pot.
- il se déshabille en partie seul.
- il reste au sec pendant plusieurs heures (couche sèche).
- il comprend des consignes simples de la vie quotidienne.
- il commence à exprimer ses besoins clairement et dit, par exemple, “veux du lait”.
- il est fier de faire des activités tout seul et a le désir de plaire (fondé sur une relation positive avec les adultes).
- il se montre curieux : il place des jouets sur le pot, il aime les histoires parlant de continence, il veut voir les adultes aux toilettes…
La pression des institutions
L’entrée en maternelle peut être anxiogène pour les parents : l’enfant ne doit plus porter de couches à la rentrée scolaire. Quel que soit l’âge de l’enfant, il faut qu’il soit continent en septembre. S’il est bien compréhensible de vouloir organiser au mieux la rentrée, une bonne écoute de l’enfant et la prise en compte des signes de réceptivité des enfants sont la clé pour un accompagnement respectueux de l’enfant.
Quand l’enfant refuse
Christine Schul et Josette Serres constatent que les causes organiques sont peu fréquentes dans l’échec de l’acquisition de la continence. Une des explications les plus plausibles d’échec est que l’enfant n’est pas prêt. Le drame est que les batailles pour la propreté détériorent la relation entre parents et enfants ainsi que l’image personnelle de l’enfant. Paradoxalement, forcer un enfant peut retarder la progression vers cet apprentissage.
Si un enfant ne se montre pas réceptif, il est préférable d’interrompre le processus quelque temps. Cette pause permet de restaurer la confiance et la coopération entre parents et enfants. Les récompenses (type cadeaux, nourriture, petits jouets) et les punitions (privation, isolement) sont à éviter, de même que les humiliations (laisser un enfant dans une culotte mouillée, se moquer de lui parce qu’il a fait pipi dans sa culotte, forcer à rester sur le pot, installer un pot au milieu d’une pièce à la vue de tout le monde sans intimité…)
Christine Schul et Josette Serres s’adressent aux professionnels de la petite enfance (personnel de crèche en particulier) : pour faciliter l’apprentissage de la continence, les professionnels devraient informer les parents de la démarche “axée sur l’enfant” avant le début du processus et ils devraient être prêts à leur offrir des conseils pendant que l’enfant est sur le point de devenir continent.
Pour aller plus loin :
- L’apprentissage de la continence en livre et en humour (album jeunesse)
- Une pratique alternative : l’Hygiène Naturelle Infantile (ou comment se passer des couches)
………………………………………………………………………………………….
Source : Petite enfance et neurosciences : (re)construire les pratiques de Christine Schul et Josette Serres (éditions Chronique Sociale). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur les sites de ecommerce.
Commander Petite enfance et neurosciences : (re)construire les pratiques sur Amazon ou sur Decitre.