Laisser mon bébé dormir chez la famille : comment savoir quand c’est le bon moment ?

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Une lectrice m’a récemment envoyé un message parce qu’elle est mère d’un enfant de 15 mois et que ses parents, habitant à plusieurs centaines de kilomètres, ont émis le souhait de garder l’enfant à dormir plusieurs nuits (sans les parents sur place). Cette mère me demandait à partir de quel âge un enfant est prêt à passer plusieurs nuits loin de ses parents et comment procéder en douceur.

Je lui ai répondu qu’à la lecture de son message et de ses doutes, il me semble qu’elle n’a pas besoin d’articles parce qu’elle connaît bien au fond d’elle la réponse qu’elle veut apporter à ce souhait. Si un parent ne se “sent” pas de laisser son jeune enfant passer plusieurs nuits loin de ses parents, alors mieux vaut ne pas le faire. Il n’y a besoin ni de justifications sur les étapes de développement des enfants, ni sur les difficultés pratiques (kilomètres, matériel de puériculture etc.), mais simplement de faire confiance aux ressentis de mère ou de père.

Nous vivons dans une “société séparatiste” (expression de Valérie Vayer utilisée dans son livre À moi ! Lorsque l’ego paraît : pour une égologie pratique aux éditions Le Hêtre Myriadis) et sommes largement influencés par le séparatisme parents/ enfants. Valérie Vayer regrette que tout pousse les parents à se séparer de leurs enfants très tôt (congé maternité court et congé paternité encore plus court, valorisation du monde professionnel au détriment de la famille, instruction obligatoire dès 3 ans, …). Nous sommes donc habitués à considérer les séparations parents/ enfants comme “normales”. Valérie Vayer dénonce les discours séparatistes qui prétendent que nous rendons service aux enfants en les obligeant à se passer de leurs parents (via la crèche ou l’école) en arguant que les enfants auraient un besoin impérieux de socialisation imposée. Or les enfants ont avant tout besoin de passer du temps auprès de leurs parents.

Les femmes ont le choix entre prétendre que “même pas mal” pour elle et leur bébé, comme le veut la propagande séparatiste, ou sentir qu’elles s’arrachent le coeur comme en témoignent celles qui sont les premières surprises par la violence de cette étape, appelée “séparation”. […]  On ne “réussit” pas une séparation : une séparation en mode de garde séparatiste est un échec de l’humanité à assurer l’émergence de liens durables. – Valérie Vayer

Il ne s’agit pas de dire qu’il ne faut pas laisser un bébé à la famille mais simplement de ne pas se forcer en tant que parents et d’écouter son ressenti. Il me semble important de bien prendre conscience du poids des injonctions au détachement comme “il va bien falloir couper le cordon” et des jugements infondés du type “maman poule” ou “bébé crampon”. Cela paraît évident de dire que la décision de laisser l’enfant dormir chez la famille dépend simplement du ressenti des parents mais c’est faire fi du contexte (pression des grands-parents par exemple, culture séparatiste…)

Il me semble donc que ce dont il est question est plutôt de pouvoir énoncer des préférences parentales et limites personnelles à la famille (en particulier les grands-parents) sans que ces derniers le prennent comme un affront envers eux ou un manque de confiance. Voici un petit extrait du livre “Le nouvel art d’être grand parent” (de Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau – éditions L’Instant Présent) qui peut servir de repère :

“A ne pas faire : exiger d’avoir ses petits enfants. Les petits enfants ne sont pas là pour combler un manque affectif ni pour rattraper le temps perdu avec ses propres enfants. Vouloir avoir pour la nuit, voire plusieurs jours, un enfant peut être une vraie violence si l’enfant n’y est pas prêt et que ses parents ne le/se sentent pas prêts.”

Le livre dont il est question :Le (nouvel) art d’être grand parent : un livre pour sensibiliser les grands parents à la bienveillance éducative

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