L’enfant timide : mieux le comprendre

timidité enfant

D’où vient la timidité ?

Certains études scientifiques montrent une prédisposition à la timidité. Ainsi, 15 à 20% des enfants naîtraient avec une telle prédisposition selon Jérome Kagan, de l’université de Harvard. Une hypothèse est avancée : l’amygdale cérébrale de ces enfants serait particulièrement sensible aux situations de stress. Ils sont alors plus sensibles à la nouveauté, au changement, ils ont besoins de temps pour apprivoiser une situation et s’adapter.

Pour autant, la timidité ne s’explique pas seulement par cette particularité innée. La timidité est un fait complexe et les origines en sont variées. Les relations familiales (parents eux-mêmes timides, rigidité, idéal élevé, attachement insecure…), la culture (valeurs, déracinement…), les événements vécues et les croyances émises suite à ces événements (humiliation, échec, rupture, dégradation physique…) peuvent influencer l’évolution de la timidité.

La timidité peut être amplifiée ou atténuée selon les apprentissages et les expériences que vivent les enfants. On peut commencer à parler de timidité après 2 ans.

La timidité n’est pas de l’intimidation ou du stress face à une situation nouvelle. Ce n’est pas une maladie, il s’agit plutôt d’un trait de caractère.

 

Comment la timidité se traduit-elle ?

La timidité reflète surtout la difficulté à accepter le regard des autres et le besoin de contrôler la relation en se retirant. Elle est la combinaison de de trois choses :

  • crainte de l’autre
  • envie de plaire
  • manque de confiance en soi

Quand la timidité freine l’enfant au quotidien, elle peut devenir un handicap et un obstacle à son épanouissement. Le mal-être engendré par la timidité mérite qu’elle soit prise au sérieux.

 

Comment aider un enfant à surmonter sa timidité ?

Voici 8 pistes pour accompagner les enfants timides et les aider à apprivoiser leur timidité avec bienveillance.

1.Développer son intelligence émotionnelle

Encourager l’enfant à exprimer ses émotions par des activités d’éducation émotionnelle dont voici quelques exemples :

3 activités d’éducation émotionnelle pour les enfants

9 pistes pour cultiver l’intelligence émotionnelle

 

2.Écouter les peurs et angoisses de l’enfant

Pratiquer l’écoute active via l’accueil et le reflet des sentiments des enfants est une manière efficace de les respecter et les accueillir. Isabelle Filliozat explique les 8 grandes étapes de l’accompagnement des émotions :

  1. Respecter l’émotion
  2. Écouter activement avec empathie
  3. Accepter et comprendre
  4. Dédramatiser (avec des histoires semblables : Moi aussi/ des personnes connues de l’enfant/ des personnages de séries ou de livres)
  5. Chercher des ressources, intérieures et extérieures (ex : livres comme Une bulle de timidité pour Gabin)
  6. L’aider à réguler son énergie (avec des balles anti stress ou des mouvements avec la tête en bas par exemple)
  7. Satisfaire le besoin d’information si l’enfant pose des questions
  8. Faire élaborer différentes réponses face à l’angoisse ou la peur (des scénarios possibles pour apprivoiser la peur et la dépasser par étapes, sans forcer)

 

3.Respecter la nature de l’enfant et voir la timidité sous un angle positif

Accompagner un enfant timide, c’est avant tout respecter sa nature. Créer un environnement où les enfants timides se sentent respectés et en sécurité stimule leur épanouissement.

Quand une personne fait une remarque sur la timidité de l’enfant, il est possible de répondre : “Non, il a juste besoin d’un peu de temps pour faire connaissance.”

On pourra également citer des qualités positives souvent associées à la timidité (la sensibilité, la modestie…). La timidité permet par exemple de développer le sens de l’observation. Certains timides ne souffre pas de leur timidité et ont transformé leur timidité en forces : la qualité d’écoute et l’empathie.

Pour aller plus loin : 5 manières de répondre aux jugements sur le caractère “trop sensible” des enfants

 

4.Valoriser l’enfant et travailler sur la confiance en soi

On peut travailler sur la confiance en soi par :
  • des encouragements efficaces (via la reconnaissances des progrès et des tentatives),
  • de l’attention et de l’importance accordées à ses besoins, ses souhaits, ses idées, ses émotions, ses goûts,
  • la visualisation positive (s’imaginer en situation de réussite),

Comment encourager les enfants efficacement

 

5.Pratiquer avec l’enfant des jeux et activités d’expression et de mise en scène (théâtre, danse…)

Une petite activité peut aider les enfants à se libérer de leur timidité : L’histoire dont je suis le héros. L’enfant invente une histoire dont il est le héros : en devenant le centre de l’histoire, l’enfant regagne en assurance.

 

6.Pas de séparation ou de déplacement sans préparation !

Avant une visite :

  • dire qui sera présent
  • expliquer comment se déroulera la soirée/journée/après-midi
  • se remémorer certains éléments positifs si le lieu et les personnes sont connues

Avant une séparation :

  • prévenir, en reparler, répéter
  • préparer ensemble la séparation (choisir un objet ressource par exemple, mettre en place un rituel…)
  • parler de la (ou des) personne(s) qui s’occuperont de l’enfant
  • évoquer avec l’enfant ce qu’il fera pendant la séparation
  • donner les vraies raisons de la séparation
  • parler des sentiments et émotions
  • évoquer les retrouvailles
  • partir en disant au revoir
  • rester en contact pendant la séparation

 

7.Favoriser la socialisation sans la brusquer

Aider l’enfant timide à entrer en contact avec d’autres enfants et à s’intégrer dans un groupe peut passer par :

  • inviter un ami à la maison pour tisser le lien dans un environnement familier,
  • amorcer les jeux puis se retirer quand l’enfant est intégré dans le groupe et plongé dans une activité collective (“Je vois que tu t’es approché des enfants qui jouent au foot. Viens, nous allons leur demander si nous pouvons les regarder/ jouer avec eux”.),
  • pratiquer le renforcement positif (“J’ai vu que tu es allé parler avec ce petit garçon/ cette petite fille. Tu as surmonté ta timidité ! Tu dois être fier/content.”, un sourire, un signe de la main, un regard encourageant).
  • ne pas parler de la timidité en public (aux autres enfants ou aux adultes) car cela risquerait de gêner l’enfant et de renforcer son repli.

Mieux vaut éviter de dire : “Il/ elle est timide”, “Arrête ton cinéma et dis bonjour” ou encore “Sois poli et fais un bisou”. Il est préférable de dire quelque chose comme :”Il n’est pas encore prêt à dire bonjour”, “Elle viendra dire bonjour quand elle se sentira prête” ou bien “Peut-être que tu pourrais dire bonjour d’une manière qui te convient mieux ? Un coucou avec ta main ou un sourire en disant bonjour, ça t’irait ?”. Il est important de reconnaître et d’honorer où se trouve l’enfant en respectant ses émotions : “C’est utile de prendre son temps. Tu peux rester avec moi jusqu’à ce que tu sois prêt à jouer”. Créer un pont émotionnel et offrir une base de sécurité permet à l’enfant d’explorer en toute confiance car il sait qu’il peut se replier vers une base solide en cas de détresse.

8.Ne pas surprotéger l’enfant timide et plutôt l’outiller

Lorsqu’un enfant est surprotégé, sa timidité peut parfois être accompagnée de passivité et de dépendance excessive vis-à-vis de l’adulte.

Un enfant surprotégé reçoit trois messages inconscients :

  • Je suis incompétent
  • Le monde est menaçant
  • J’aurai toujours besoin de quelqu’un pour affronter les épreuves et les nouveautés

Il est plus utile d’outiller l’enfant avec des ressources de régulation émotionnelle pour apprivoiser la timidité pas à pas :

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Pour aller plus loin, un livre jeunesse à lire avec les enfants : Une bulle de timidité pour Gabin : un livre pour accompagner les émotions difficiles face aux changements

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