Les parents sont-ils responsables du développement d’un trouble des conduites alimentaires chez leur enfant ?

Les parents sont-ils responsables du développement d'un trouble des conduites alimentaires chez leur enfant

Les troubles des conduites alimentaires (TCA) se caractérisent par un trouble en rapport à l’alimentation et peuvent apparaître à tout âge. Dans son livre Ton poids, on s’en balance !, Catherine Sénécal explique que de nombreux facteurs jouent dans les troubles des conduites alimentaires (anorexie mentale, boulimie, hyperphagie…) et que blâmer les parents est inutile.

Aucune étude sérieuse n’a permis de conclure qu’un facteur de risque spécifique chez les parents permet de prédire systématiquement l’apparition d’un TCA chez un enfant.

Catherine Sénécal rappelle que, comme c’est souvent le cas avec les phénomènes complexes, l’origine des TCA est difficile à déterminer.

Le développement des troubles des conduites alimentaires semble pouvoir s’expliquer par le modèle bio-psycho-social, c’est-à-dire impliquant une interaction entre la génétique et l’environnement, qui n’est à ce jour pas encore entièrement expliquée. – Catherine Sénécal

Cette interaction combinerait :

  • des facteurs génétiques
  • des facteurs biologiques (traits de personnalité et style cognitif comme le perfectionnisme ou l’anxiété)
  • des facteurs culturels (exposition à un idéal de minceur via les médias, au sein de la famille…)
  • des changements hormonaux (puberté, grossesse, ménopause…)
  • des facteurs psychiatriques (dépression, délire d’empoisonnement, fonctionnement borderline…)
  • l’historique familial (dépression, obésité, présence d’un TCA chez un ou les deux parents…)
  • les expériences personnelles (traumatisme, agressions sexuelles, diètes familiales, privation de nourriture, obligation à manger…)

Si l’enfant présente une prédisposition génétique aux troubles des conduites alimentaires et un tempérament plus sensible aux émotions négatives, il est donc exposé, dans un environnement conflictuel, à certains facteurs qui activent ses vulnérabilités, particulièrement en ce qui concerne les moments à table. – Catherine Sénécal

 

Protéger les enfants d’une image corporelle négative

5 stratégies efficaces utilisées par les mères auprès de leurs filles

  1. Filtrer les critiques sur l’apparence physique, être prudentes et attentives quand les mères parlent de leur propre image corporelle (lire : S’approprier son corps pour l’aimer (3 exercices d’écriture) )
  2. Transmettre une vigilance face aux dangers que représentent les troubles des conduites alimentaires
  3. Donner de l’affection physique aux filles en faisant des câlins, des bisous, des caresses (avec consentement et sans commentaire sur le poids ou les comportements alimentaires des filles)
  4. Critiquer le discours social mettant de la pression sur l’apparence des femmes
  5. Eviter de mettre l’accent sur la nourriture, la silhouette corporelle et la perte de poids, et mettre plutôt en valeur l’importance de la santé générale et du plaisir de manger, sans contrôler l’alimentation

Quand un parent souffre de trouble des conduites alimentaires

Catherine Sénécal estime que, si les parents souffrent d’un TCA, les effets négatifs sur les conduits alimentaires de l’enfant sont possibles (possibles et non systématiques comme on l’a vu avec le modèle bio-psycho-social). S’alimenter étant devenu stressant pour les parents, le moment du repas en famille peut être source de tension (commentaire sur la quantité avalée par les enfants, contrôle de l’alimentation, non respect des signes d’appétit et de satiété…).

Une solution est donc de commencer par pendre soin de soi-même en commençant une psychothérapie spécialisée dans les troubles des conduites alimentaires. Par ailleurs, quelques principes peuvent alléger le climat familial pendant les repas :

  • noter, pendant une semaine, les déclencheurs de conflit lors des repas puis tenter de trouver des solutions afin de les anticiper, les éviter ou les atténuer
  • respecter les signaux internes de l’enfant (l’encourager à reconnaître quand il a faim et quand il n’a plus faim selon ce que son estomac lui dit, ne pas forcer à manger ni le lui interdire)
  • prêter attention à notre niveau de disponibilité envers l’enfant et à nos propres préoccupations au sujet de l’alimentation lors des repas
  • choisir des sujets de conversations agréables non associés à la nourriture (ex : chacun partage une anecdote à tour de rôle sur sa journée)
  • prendre le plus de repas à table tous ensemble

Les troubles des conduites alimentaires sont complexes : ils sont loin d’être une décision rationnelle et encore moins un style de vie. Si vous considérez que vous avez un trouble des conduites alimentaires, il importe d’aller chercher l’aide de professionnels détenant une expertise en la matière. En faisant la paix avec l’alimentation et avec notre corps, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir afin de briser le cycle infernal, d’une génération à l’autre. – Catherine Sénécal

Pour aller plus loin : 8 points clés pour devenir un modèle positif en termes d’alimentation et un facteur de protection pour les enfants contre les troubles alimentaires

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Source : Ton poids, on s’en balance ! de Catherine Sénécal (Les Editions de l’Homme). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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