L’importance des larmes de tristesse chez les enfants

L'importance des larmes de tristesse chez les enfants

Les larmes des enfants ne sont pas des affronts ou des caprices

Dans son livre Jouer, grandir, s’épanouir, Deborah Macnamara écrit que les pleurs ne sont pas la blessure, mais plutôt le signe que le processus de guérison est en route.

Les larmes des enfants sont à associer avec le fait d’apporter du soulagement et de réduire la tension. Les larmes signalent la dépendance des enfants humains et transmettent le besoin vital d’être pris en charge par une personne bienveillante. Ce mécanisme est inscrit dans notre patrimoine biologique : la bonne santé (émotionnelle et physique) d’un enfant humain requiert qu’il soit attaché à un adulte qui prend soin de lui dès que l’enfant manifeste de la détresse.

Deborah Macnamara remarque qu’un des problèmes avec les larmes, c’est que leur expression est encore plus réprimée chez les garçons que chez les filles. Les définitions occidentales de la masculinité font pression sur les parents pour qu’ils fassent disparaître dès le plus jeune âge chez les garçons toute manifestation de vulnérabilité (au risque que les garçons passent pour efféminées, insulte suprême pour un garçon).

Pourtant, les larmes, manifestations d’émotions vulnérables, sont au service de la vie, aussi bien chez les garçons que chez les filles, aussi bien chez les adultes que chez les enfants.

Quand on n’invite pas les larmes à sortir, elles peuvent rester prisonnières et la frustration de l’enfant peut se transformer en formes d’expression moins vulnérables, par exemple l’agressivité physique. Malgré leur effet restaurateur tant chez les garçons que chez les filles, les larmes sont menacées dans un monde qui divise les émotions en catégories positives et négatives, où l’on cherche le bonheur et le calme aux dépens de la tristesse et de la colère. – Deborah Macnamara

Une profonde mécompréhension de la signification et de la fonction des larmes

Le problème avec la répression des larmes est que les adultes passent le message aux enfants qu’ils n’ont pas le droit d’exprimer ce qui ne va pas et que pleurer, c’est prendre le risque de ne plus être aimé, d’être exclu, alors même que les larmes sont l’occasion de s’apaiser et de renforcer le lien parent/ enfant.

Il existe une profonde mécompréhension de la signification et de la fonction des larmes chez les humains en général, et chez les enfants en particulier. De nombreux parents croient que les larmes sont un signe qu’ils ont fait quelque chose de mal, alors qu’elles sont en fait une indication que l’enfant leur fait confiance (suffisamment confiance pour se monter fragile et vulnérable auprès d’eux, pour baisser toutes ses défenses). C’est précisément parce que les larmes communiquent un abaissement des défenses qu’elles rendent celui qui pleure plus susceptible de recevoir du réconfort et des soins.

Accueillir les larmes des enfants : notre responsabilité de parents

Les jeunes enfants ne sont pas faits pour s’occuper seuls de leurs sentiments (et encore moins pour les réprimer). Ils commencent à peine à apprendre le nom des différentes émotions et n’ont pas de contrôle dessus. Les mécanismes émotionnels ne dépendant pas de la volonté mais de mécanismes neurobiologiques au service de la survie.

Deborah Macnamara nous invite à cesser de transférer la responsabilité de la tristesse de nos enfants sur leurs propres épaules avec des phrases telles que : « Contrôle-toi », « Calme-toi », « Pourquoi est-ce que tu ne comprends pas ça ? », « Je t’ai dit cent fois que… », « Arrête de faire le bébé », « Ça suffit », « Il faut que tu sois plus positif » ou le classique « Pourquoi pleures-tu ? Je vais t’en donner, moi, des raisons de pleurer ».

Elle nous rappelle que les enfants ne partagent pas leurs émotions avec n’importe qui mais avec les personnes les plus à même de prendre soin d’eux. S’intéresser aux larmes des enfants, c’est forcément s’intéresser à la théorie de l’attachement et au fait que l’enfant dépend d’une personne qui prend soin de lui.

On doit prendre soin de leur frustration et de leurs larmes ; elles sont, pour nous, le signal le plus clair que l’enfant a besoin d’aide. – Deborah Macnamara

Parfois, nous ne comprenons ni la signification ni l’origine des larmes des enfants

Les larmes, jamais anodines

En tant qu’adultes, nous ne comprenons pas toujours la signification et l’origine des larmes des enfants.

Leurs larmes cherchent toujours à s’exprimer et, parfois, la porte vers la tristesse va s’ouvrir d’une façon étrange (peut-être incompréhensible pour nous mais qui a pourtant une explication du point de vue de l’enfant) : un jouet brisé, un orteil cogné, un doudou perdu.

Certains parents sont surpris par le volume et l’intensité des larmes de leur enfant une fois que le canal s’est ouvert. Quand on comprend que les larmes attendent d’être exprimées et ont une fonction vitale, il est plus facile d’accueillir l’enfant tel qu’il est lors d’incidents en apparence anodins et de l’accompagner pour qu’il verse toutes les larmes qu’il a à verser (sans se sentir menacés par ces larmes ou se sentir de mauvais parents).

Les larmes apaisent un enfant pour qu’il puisse ensuite jouer et croître ; nous devons devenir les tire-larmes et les havres de bienveillance dont nos enfants ont besoin. – Deborah Macnamara

A l’origine de la résistance sociétale et culturelle face aux larmes des enfants

Deborah Macnamara se demande si la résistance sociétale et culturelle face aux larmes enfantines ne viendrait pas justement du fait qu’elles transmettent la vulnérabilité et la dépendance. Pourquoi nous sentons-nous menacés face à la manifestation émotionnelle de dépendance de nos propres enfants ? Pourquoi en venons-nous parfois à être plus sensibles envers des inconnus ou même des personnages de fiction qui pleurent (films, séries, livres) qu’envers nos propres enfants en souffrance ?

Nous sommes nombreux à avoir appris la répression émotionnelle dans notre enfance et à en avoir souffert. L’expression émotionnelle de nos enfants réactivent en nous la souffrance de ne pas avoir été acceptés, accueillis de manière inconditionnelle dans toute notre dépendance et notre vulnérabilité lors de notre propre enfance. Les pleurs et larmes de nos enfants réveillent des douleurs enfuies que nous ne préférons pas voir.

C’est tout un travail sur soi que de devenir capable d’accueillir les émotions de nos enfants. Devenir un parent conscient, bienveillant et émotionnellement alphabétisé passe nécessairement par ce chemin.

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Source : Jouer, grandir, s’épanouir de Deborah Macnamara (édition Numérique Au Carré). Disponible sur internet.

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