L’isolement forcé (coin) et l’exclusion d’un enfant sont violents (et inefficaces)

L'isolement forcé (coin) et l'exclusion d'un enfant sont violents (et inefficaces)

Crédit illustration : freepik.com

Isoler un enfant de force, faire asseoir un enfant sur une “chaise des punis”, le mettre au coin ou l’exclure ne règlent pas les problèmes à la racine et constituent une approche violente. Il est hautement improbable qu’un enfant au coin arrive à se tenir un discours cohérent et logique du type “Ce temps d’isolement forcé m’aide à comprendre que je dois agir avec amour et douceur envers mes camarades. Si je me montre gentil, alors les autres se montreront gentils envers moi à leur tour et nous vivrons des relations gratifiantes”. Il y a plus de chances que l’enfant isolé nourrisse une profonde rancoeur envers l’adulte qui l’a puni et ses camarades (“c’est pas juste, je les déteste. La prochaine, je ne me ferai pas prendre. Ils vont voir ce qu’ils vont voir !”). Un enfant au caractère plus sensible peut aussi se condamner et penser qu’il est une mauvaise personne.

Parfois, les parents ont besoin d’éloigner un enfant d’un autre pour éviter l’escalade de violence mais cela doit toujours se faire avec empathie pour protéger (et non pas pour punir). C’est une façon de faire comprendre aux enfants que tout le monde a parfois besoin de prendre une pause avant de résoudre un problème.

Nourrir la relation plutôt que couper le lien

Plutôt que couper le lien avec l’isolement forcé ou l’exclusion, nous pouvons faire le choix de nourrir la relation :

  • consoler l’enfant victime et exprimer nos sentiments à l’enfant en tort (“Je n’aime pas voir les enfants se faire pousser ! Tu peux dire les choses avec des mots, même quand tu es en colère”)

 

  • inviter l’enfant à réparer une fois l’ambiance apaisée (“Ton frère pleure. De quoi aurait-il besoin à ton avis ? J’ai l’impression qu’un câlin de ta part lui ferait plaisir. Qu’en penses-tu ?”)

 

  • à froid, trouver un moment pour parler de la situation en faisant preuve d’empathie pour l’enfant à l’origine de l’incident (“C’est difficile de jouer avec les grands quand ils ne veulent jamais te faire de passes. Ça te met tellement en colère que tu as envie de les pousser et de les taper. On a besoin d’idées pour savoir quoi faire la prochaine fois et ne pas attaquer les autres enfants. Peut-être que tu pourrais.. ou… ? Qu’en penses-tu ? Tu as des idées toi aussi ?”)

 

  • éloigner un enfant d’une situation qui le dépasse sans passer par la force et l’exclusion mais par l’inclusion et le soutien en utilisant le pronom “nous” (“Nous avons besoin d’une pause pour que personne ne se blesse !”)

 

  • le parent s’éloigne en prévenant, dans un état d’esprit protecteur et non pas menaçant ou abandonnant (“Je sens que la colère monte. J’ai besoin d’un temps d’arrêt. Je sors de la pièce quelques minutes pour me calmer.”)

 

  • passer par un câlin, des gestes doux, par un contact confortable et bienveillant pour faire baisser l’excitation de l’enfant (“Viens t’asseoir un moment avec  moi, nous avons besoin d’une pause” avec un geste autour de l’épaule de l’enfant et une synchronisation de la respiration)

 

  • demander à l’enfant quand il se sent prêt à retourner jouer (“est-ce que tu penses que tu es prête à retourner jouer avec les autres ou tu as encore besoin d’un peu de temps au calme ?”)

 

  • prendre les devants :
    • imaginer des scénarios avec les enfants en fonction de situations à venir et qui pourraient être difficiles à vivre puis faire une listes de choses à faire pour y faire face (“qu’est-ce que vous pourriez faire si… ?”)
    • décrire ce qu’on voit et proposer de rediriger l’action (“en général, ce genre de jeu finit mal car tout le monde s’excite et l’un finit par se faire mal. Temps mort : tout le monde en statue !”)

 

L’outil le plus puissant que vous pouvez utiliser est leur sentiment de connexion avec vous. Si vous êtes prêt à considérer leurs sentiments et à solliciter leur opinion, leur coeur et leur esprit resteront ouverts à vos sentiments et opinions. […] Le message dans son ensemble est : quand il y a un conflit entre nous, nous n’avons pas besoin de mettre notre énergie pour lutter l’un contre l’autre. Nous pouvons combiner nos forces pour rechercher une solution qui respectera les besoins de tous. – Joanna Faber et Julia King

 

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Source : Parler pour que les tout-petits écoutent de Joanna Faber et Julia King (éditions du Phare). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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