J’avais envie de vous raconter une anecdote personnelle ce soir. Il y a quelques jours, j’ai emmené ma fille à la ludothèque.
Nous avons passé un bon moment, elle a joué à transvaser du sable, à escalader une structure, à construire avec des Kaplas, à se déguiser mais aussi à jouer à des jeux de société ensemble. Nous avons donc commencé à jouer à un jeu puis un garçon un peu plus vieux que ma fille s’est approché de nous.
Il nous regardait avec distance puis il s’est rapproché quand je lui ai souri. Il a même fini par s’asseoir à notre table et nous a posé quelques questions. Ma fille lui a répondu en lui disant comment s’appelait le jeu et en lui expliquant brièvement les règles. Il a fini par nous demander s’il pouvait jouer avec nous. Comme nous avions presque fini, je lui ai répondu qu’on allait finir la partie et voir si tout le monde était d’accord pour commencer une nouvelle partie. Ma fille a préféré partir se déguiser car une robe qu’elle convoitait depuis quelques temps avait fini par se libérer :-).
Je suis donc restée seule avec le garçon et nous avons commencé la partie tous les deux. Nous avons bien joué; à un moment, il a commencé à s’énerver un peu car il devait remettre des cartes qu’il aimait bien dans la pioche. Je lui ai dit que c’était vraiment frustrant et je lui ai demandé s’il avait l’impression qu’il allait perdre (hop, un peu d’écoute active). Comme il m’a répondu oui, je lui ai dit que le jeu n’était pas fini et qu’il avait autant de chance de gagner que de perdre. Nous avons continué notre partie tranquillement.
Au bout d’un moment, deux hommes se sont approchés de nous et m’ont dit : “Mais qu’est-ce que vous lui avez fait ?“. Je n’avais pas fait attention mais ce garçon faisait partie d’un groupe d’enfants accompagné par des animateurs. L’autre animateur a renchéri : “Je ne sais pas ce que vous lui avez fait mais c’est la première fois qu’on le voit comme ça. Je devrais prendre une photo !”. J’ai souri au petit et on a continué à jouer comme si de rien n’était.
J’imagine que par “comme ça”, ils voulaient dire “calme et concentré”. J’imagine que ce garçon est d’habitude étiqueté comme “le pénible de service”, “le turbulent sur lequel il faut toujours avoir un œil”.
Ce que j’ai fait ?
Rien de très compliqué, de la bienveillance : je lui ai souri, j’ai compris son envie de jouer, j’ai répondu à ses questions et je lui en ai posé en retour, je l’ai encouragé, je l’ai écouté sans jugement ni appréhension, j’ai pris le temps de lui expliquer les règles du jeu, je lui ai montré sans faire à sa place, je l’ai remercié pour ce bon moment à la fin de la partie, je lui ai dit que j’avais apprécié de jouer avec lui. Je l’ai responsabilisé aussi : je l’ai invité à ranger la boîte avec moi et c’est même lui qui a remarqué qu’on avait oublié de remettre le couvercle.
En fait, je crois que la clé dans tout ça, c’est que j’ai accueilli cet enfant sans étiquette, juste avec son envie de jouer. J’ai fait en sorte qu’il se sente important et utile. Je reste persuadée que TOUT est possible avec la bienveillance.
Alors voilà, c’est peut-être un détail mais pour moi, ça veut dire beaucoup :-).