Certaines méthodes abusives sont utilisées sous couvert d’éducation : en prendre conscience est bénéfique tant pour les adultes que pour les enfants.
Les enfants reproduisent la manière dont ils sont traités dans leur enfance par les personnes qui leur sont proches. Un enfant qui grandit en expérimentant des comportements abusifs se construit en pensant ces abus normaux au seins des relations amoureuses ou amicales. Nous pouvons prendre conscience que certains de nos automatismes ou de nos méthodes éducatives sont abusives afin que les enfants grandissent en entretenant des relations saines empreintes de respect mutuel parce que c’est leur normalité et afin qu’ils sachent se défendre et dénoncer les violences psychologiques ou affectives dont ils sont témoins ou victimes.
Recourir aux type de méthodes abusives décrites ci-dessous sous couvert d’éducation pour endurcir ou inculquer des comportements appropriés aux enfants est inefficace et nocif.
Opposer du mutisme à l’enfant
Le silence utilisé comme manière de punir l’enfant a pour but de lui faire sentir qu’il a entaché la relation d’amour qui l’unit à ses parents. A la place, nous pouvons faire savoir aux enfants que nous sommes trop énervés pour parler et que nous avons besoin d’un temps de pause sans pour autant les accuser ou leur “faire la gueule”
Utiliser des manipulations affectives maquillées sous des preuves d’amour
Le bombardement d’amour peut prendre la forme de cadeaux, de déclarations grandiloquentes, de marques d’affection appuyées ou données en public. Les manifestations affectives ou matérielles non authentiques sont en réalité utilisées pour s’attirer les faveurs de l’enfant, sa reddition en quelque sorte. Amadouer et faire céder n’est pas intègre. En tant que parents, nous pouvons manifester de l’amour inconditionnel sans avoir besoin de faire des cadeaux ou de faire de grandes démonstrations. Les enfants ne sont pas traumatisés de ne pas recevoir tout ce qu’ils désirent. Nous devons nous sentir prêts à accueillir la frustration d’un enfant et à y compatir sans nous sentir obligés d’accéder à toutes leurs demandes ou chercher à atténuer leur tristesse par des promesses ou des cadeaux.
Nier les émotions, sensations et pensées des enfants
Le gaslighting est une technique de violence psychologique redoutable qui consiste à faire douter la victime de sa mémoire ou carrément de sa santé mentale. Les personnes qui ont recours au gaslighting passent par des phrases disqualifiant l’autre, du type “C’est dans ta tête” ou “Tu es trop sensible”.
Nous pouvons être tentés de pratiquer une forme de gaslighting avec les enfants quand nous leur disons des phrases du type “Mais non, tu ne peux pas avoir faim, tu viens de manger”, “Mais non, ça ne fait pas mal/ ça ne fait pas peur” ou bien “Tu n’es pas triste, tu es juste fatigué”. Le problème est que l’enfant risque de perdre ses repères si ce discours est répété (perte de contact avec ses sensations corporelles, avec ses perceptions issues des cinq sens, avec ses émotions ressenties ou encore avec son identité personnelle).
Nous pouvons accuser réception de ce que vivent et disent les enfants et les amener à préciser leurs sensations ou émotions : “Tu dis que tu as faim. C’est ton ventre qui grogne ? Qu’est-ce qui te dit dans ton corps que c’est de la faim ?”, “Oui, c’est vrai que ça peut faire peur. Tu préfères qu’on s’éloigne un peu ? Quand tu te sentiras prêt, dis-le moi et on pourra réessayer. Je resterai à côté de toi.”
Culpabiliser
Reprocher à un enfant de ne pas être reconnaissant ou d’être ingrat ressemble souvent à de la manipulation car il s’agit de le culpabiliser pour qu’il agisse comme les adultes veulent. Plutôt qu’affirmer des besoins et formuler des demandes, l’adulte va en quelque sorte défausser sa responsabilité par le recours au jeu psychologique qui consiste à dire « après tout ce que j’ai fait pour toi… ».
Nous pouvons tout à fait exprimer notre mécontentement à un enfant et faire preuve d’assertivité pour affirmer nos limites personnelles. Cela peut être fait dans un langage personnel qui ne cherche pas à faire honte ou, pire, à faire croire à l’enfant qu’il a une dette envers son parent qui s’est sacrifié pour lui (alors même que l’enfant n’a rien demandé).
Etiqueter
Dire à un enfant qu’il est maladroit, paresseux, gros bête ou fainéant est blessant et ces parole blessantes, humiliantes, dévalorisantes ont des répercussions négatives sur les enfants, d’où qu’elles viennent (parents, enseignants, familles, autres enfants…). Les mots sont donc très puissants : un mot peut complètement détruire ou complètement valoriser, d’où l’importance de bien choisir nos mots au quotidien.
En tant qu’adultes, nous avons le pouvoir de faire en sorte que les paroles que nous adressons aux enfants soient révélateurs de belles choses, plutôt qu’enfermants, destructeurs.
Chaque difficulté de comportement chez un enfant peut être reliée à un ou plusieurs besoins non comblés.
L’empathie du parent doit se manifester pour décoder le besoin qui sous-tend la difficulté de l’enfant. Satisfaire les besoins de développement chez un enfant est une responsabilité parentale. – Germain et Martin Duclos
Voici un tableau d’exemples pour remplacer les étiquettes par des besoins (extrait du livre Responsabiliser son enfant de Germain et Martin Duclos) :
Ce qui est important à garder en tête quand on parle de violence psychologique est son caractère répétitif . Quand un parent dit une fois à un enfant qu’il ne devrait pas penser ainsi ou que ses émotions sont disproportionnées, il ne s’agit pas de violence psychologique. Il peut s’agir d’indélicatesse, d’une manque d’empathie, ou encore d’une maladresse.
Changer notre façon de nous adresser aux enfants peut créer un cercle vertueux car ils ne seront pas amenés à confondre amour et manipulation, ni dans leurs relations d’amitié ni dans leurs relations amoureuses.
Une synthèse en images :