Mettre un enfant au coin est une punition humiliante (inutile et inefficace)

Mettre un enfant au coin est une punition humiliante (inutile et inefficace)

Un enfant sous stress ne peut ni réfléchir ni se calmer. 

Mettre un enfant au coin n’est pas un acte anodin. Plus un enfant est coupé de ses parents, plus il éprouvera de la détresse. En effet, un enfant a un besoin vital de ressentir de l’attachement avec son parent, à travers un soutien et une connexion dans les moments de détresse. Refuser le lien et couper la connexion (tant physique qu’émotionnelle), même pour une durée limitée et dans un moment de crise, génère chez l’enfant un sentiment de rejet et de profond désarroi.

Par ailleurs, un jeune enfant n’est pas capable de calmer seul ses émotions : ce n’est pas une question de volonté mais de capacité en lien avec les étapes du développement cérébral humain. Le cerveau immature de l’enfant l’empêche de réguler seul sa colère, sa peur ou sa tristesse.

Isoler un enfant (le mettre au coin ou l’envoyer “se calmer” dans sa chambre) génère automatiquement et involontairement en lui des émotions fortes, qui vont envahir tout son corps et le conduire à adopter des comportements estimés inappropriés par les adultes (pleurs, cris). Ces derniers peuvent considérer que la punition n’est pas assez sévère car les comportements de recherche d’attachement de l’enfant sont pris pour de la rébellion ou une manière de “chercher” l’adulte. Or il ne s’agit pas de cela : c’est précisément l’isolement qui renforce la détresse de l’enfant.

“File dans ta chambre” : inefficace et inutile 

Envoyer un enfant dans sa chambre quand il se comporte “mal” entraîne une association entre la chambre et la punition. Le problème est que la chambre est l’endroit où il est supposé se sentir bien, comme un cocon, un endroit de repli et de sécurité, et surtout l’endroit où il dort.

Respecter la dignité de l’enfant et favoriser sa santé mentale passe par le fait de rester dans la relation avec lui et de mettre des mots sur ce qu’il ressent (lire : L’écoute empathique pour écouter vraiment les enfants (et dénouer crises et colère) ). Un enfant a besoin de temps pour se calmer et être réceptif aux mots des adultes. Un contact physique consenti (un câlin, prendre l’enfant dans les bras) peut participer à apaiser et réconforter l’enfant. C’est seulement une fois que l’enfant a pu vivre ses émotions jusqu’au bout et décharger tout son stress qu’il devient possible de lui expliquer les conséquences de ses actes et de lui rappeler les règles. Mais donner des explications à un enfant sans l’avoir au préalable aidé à se calmer et à se sentir en sécurité (via l’attachement à un adulte aimant et calme) est inutile.

Les punitions telles que la mise au coin sont non seulement inefficaces, car le message éducatif ne passe pas, mais également contre-productives car elles vont conduire à générer chez l’enfant des comportements de défiance, de vengeance, qui peuvent amener à l’escalade des punitions. – Céline Quélen

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Source : Le Petit Livre décodeur des VEO : violences éducatives ordinaires – Les clés pour identifier, prévenir et protéger de Céline Quélen (éditions First). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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