Faire la paix avec l’alimentation et avec notre corps en tant que parents

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Crédit illustration : freepik.com

 

Dans son livre Ton poids, on s’en balance !, Catherine Sénécal, docteur en psychologie, rappelle que les troubles des conduites alimentaires sont complexes (pas une seule et unique cause mais des causes multiples comme la génétique, le tempérament de l’enfant, les médias, les relations des parents avec leurs propres corps). De plus, les troubles des conduites alimentaires sont loin d’être une décision rationnelle (et encore moins un style de vie).

La psychologue encourage à la fois les parents qui considèrent souffrir d’un trouble des conduits alimentaires d’aller chercher de l’aide auprès de professionnels experts en la matière et d’adopter quelques attitudes pour devenir des modèles positifs ainsi que des facteurs de protection pour leurs enfants.

En faisant la paix avec l’alimentation et avec notre corps, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir afin de briser le cycle infernal, d’une génération à l’autre. – Catherine Sénécal

8 points clés pour devenir un modèle positif en termes d’alimentation et un facteur de protection pour les enfants contre les troubles alimentaires

1.Éviter les commentaires sur l’apparence physique ou le poids des enfants

L’idée est de ne pas faire passer le message aux enfants que leur apparence physique compte plus que le reste, que l’amour que nous leur portons est relatif à leur poids ou encore que l’apparence fait partie de nos valeurs familiales.

Même les compliments positifs peuvent être sources d’anxiété : si mes parents me répètent à l’envie que je suis belle, que se passera-t-il si un jour je ne suis plus belle (si je vieillis, si j’ai un accident qui me défigure, si je grossis…) ? Les enfants sont beaucoup plus que leur physique ou leur poids et il est important de le leur rappeler.

De même, faire des blagues sur le poids ou l’apparence physique d’un enfant peut avoir des conséquence négatives sur sa santé mentale. L’humour, c’est quand on rit de soi avec bienveillance ou quand on rit avec les autres, pas quand on rit aux dépends des autres.

2.Abandonner les régimes amaigrissants

Un régime, c’est “faire attention” […], compter ce que l’on mange […]. En mangeant normalement, vous vous libérez de cette prison inefficace et vous empêchez ces préoccupations d’interférer avec votre intuition et votre sensibilité à l’égard des besoins de votre enfant. – Catherine Sénécal

Mieux vaut faire du sport dans le plaisir (et pourquoi pas en équipe) pour regagner un poids de forme que de faire des régimes. Attention toutefois à ne pas associer sport et performance ou apparence.

Le sport devrait être une célébration de la capacité de notre corps à fonctionner en toute liberté. Permettons à nos enfants de ne pas associer au sport les concepts de “perdre du poids”, “brûler des calories” et “devenir plus musclé”. A la place, jouons ! – Catherine Sénécal

3.Éviter les commentaires sur notre propre apparence physique ou notre poids

Quand nous dénigrons notre apparence physique, nous pouvons le faire avec des objectifs précis en tête : chercher la réassurance de l’entourage (“mais non, tu n’es pas gros.se”) ou bien entretenir la motivation pour perdre du poids (“plus je me critique, plus je vais être motivé pour changer d’apparence”).

Or Catherine Sénécal rappelle que la motivation saine et à long terme est générée par la bienveillance et pas par le fouet. Nous avons le droit de profiter d’un bon repas sans nous sentir coupables ou d’apprécier faire les magasins pour le simple plaisir de trouver des habits à notre goût sans soupirer en pensant que ce serait mieux de faire deux tailles de moins.

C’est d’autant plus important que, si les enfants ne nous écoutent pas toujours, ils nous regardent toujours et se construisent sur l’exemple que nous leur offrons.

4.Ne pas utiliser la nourriture pour la discipline (récompense/punition)

Les associations entre une émotion positive ou négative et un aliment restent ancrées très longtemps dans notre cerveau. En évitant d’associer une punition ou une célébration à un aliment, nous évitons d’établir un lien émotionnel avec la nourriture. – Catherine Sénécal

5.Protéger les enfants de la pression sociale

Catherine Sénécal formule plusieurs recommandations pour se protéger du culte de l’apparence véhiculée par les médias, les publicités, les marques et les influenceurs :

  • supprimer les magazines qui présentent le corps comme un objet sexuel et mettent l’accent sur l’apparence
  • jeter/ donner les livres de régimes amincissants
  • connaître les sites Web et les réseaux sociaux que les enfants utilisent et en discuter ensemble régulièrement (l’idée étant de pouvoir déconstruire les discours dominants sur les codes de la beauté occidentale en posant des questions, en écoutant les réponses de l’enfant et en ayant recours si besoin à des discours contradictoires comme des chaînes Youtube féministes ou des blogs body positive ou encore les vidéos montrant à quel point les photos mode sont retouchées)
  • interdire les discussions de régimes et les discours se moquant du poids (de personnes connues ou inconnues, de proches ou de célébrités)
  • rendre toutes les formes de culture non axées sur l’image accessibles (dessin, peinture, littérature…)
  • encourager l’activisme et la défense des personnes à qui quelqu’un manque de respect d’une manière ou d’une autre (les enfants prendront l’habitude de ne pas laisser passer les injustices)
  • s’assurer que les filles et les garçons sont sur un pied d’égalité, qu’ils ont les mêmes règles et les mêmes droits

6.Transformer la communication au sein de la famille

Catherine Sénécal écrit qu’un haut niveau de cohésion et d’adaptabilité au sein d’une famille est un facteur de prévention des troubles des conduites alimentaires. Elle conseille de s’initier à la communication bienveillante et à l’intelligence émotionnelle pour maintenir la proximité émotionnelle et cultiver l’empathie au sein de la famille.

Pour aller plus loin : 6 nouvelles manières de raisonner pour une co-éducation émotionnelle

7.Augmenter le temps (de qualité) passé ensemble

Il est fréquemment dit que, pour les enfants, l’amour s’épelle TEMPS. Le temps et l’attention portés aux enfants sont de purs actes d’amour qui nourrissent leur besoin d’être acceptés, d’être vus et d’être appréciés tels qu’ils sont.

Cela peut passer par des activités faites ensemble (prendre un cours de cuisine, jouer à un jeu de société…), un intérêt porté aux découvertes et apprentissages de chacun (par exemple, jouer à une partie du jeu vidéo préféré de l’enfant)…

8.Respecter les signaux de base : la faim et la satiété

Nous n’avons pas besoin de contrôler la quantité de nourriture ingurgitée (que ce soit dans l’enfance ou à l’âge adulte) car les humains ont déjà des indicateurs qui leur indiquent à quel moment ils sont rassasiés, à savoir la faim et la satiété.

Il se peut que ces signaux de base dysfonctionnent mais c’est souvent le résultat d’une tentative de contrôle (“ne mange pas ça, ça fait grossir” ou au contraire “finis ton assiette”), d’une exploitation de ces signaux à des fins “éducatives” (punitions/ récompenses) ou de modèles dysfonctionnels.

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Source : Ton poids, on s’en balance ! de Catherine Sénécal (Les Éditions de l’Homme). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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