Mon enfant pleurniche : le comprendre

mon enfant pleurniche

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Le son émis par un enfant qui pleurniche a le don de nous agacer et de nous mettre sous tension. Cela peut représenter un réel défi de rester calme face à un enfant qui pleurniche et, en tant qu’humains, il nous est quasiment impossible d’ignorer les pleurnicheries. Tout comme la bouderie, les pleurnicheries sont précisément des moyens de communication qui ont une fonction et qui portent un message que l’enfant ne sait pas dire autrement. Si l’enfant qui pleurniche pouvait s’exprimer autrement, il n’aurait pas besoin de passer par cet état-là au risque de s’attirer des reproches ou de l’énervement de la part des adultes.

Le système émotionnel de l’enfant qui pleurniche est submergé par la frustration. La frustration est l’émotion du changement et indique que l’enfant a besoin que quelque chose s’arrête ou change. Les pleurnicheries servent à attirer l’attention des adultes proches pour qu’ils prennent soin de l’enfant en détresse. La frustration est une émotion saine et un enfant frustré qui pleurniche ne fait pas un “caprice” : il est simplement traversé par une émotion puissante face à une situation où il ne peut pas obtenir ce qu’il veut. La frustration alimente le changement ou le processus de transformation de soi face à ce qui ne peut pas être changé.

Accompagner l’enfant qui pleurniche avec bienveillance

Changer ce qui empêche la satisfaction des besoins

Une manière d’accompagner un enfant qui pleurniche est de changer ce qui empêche la satisfaction de ses besoins (faim, sommeil, besoin de connexion émotionnelle…) : cela peut simplement être d’autoriser l’enfant à manger un petit encas en dehors des repas, cela peut être un câlin ou un temps calme ensemble.

L’aider à accepter ce qui ne peut pas être changé

Une autre manière d’accompagner un enfant qui pleurniche est de l’aider à accepter ce qui ne peut pas être changé à travers une écoute active sans reproche ni conseil, simplement empathique :

  • refléter la frustration de l’enfant avec des mots à hauteur de ce qu’il ressent (“J’ai l’impression que tu es frustrée. Je dirais une grosse frustration de  8 sur 10, j’ai juste ?”)
  • reconnaître ce qu’il aimerait changer ou arrêter : le mot clé ici est “oui” (“Oui, c’est tellement dommage que tu ne puisse pas rester plus longtemps, tu t’amusais tellement !”)
  • compatir avec sa tristesse (“C’est vrai que ça rend triste quand on perd quelque chose”)
  • laisser aller les larmes quand il n’y a rien d’autre à faire que pleurer sur ce qu’on ne peut pas obtenir ou changer

L’empathie est fondée sur la présence à l’enfant et à ce qu’il éprouve. Le ton de la voix utilisé pour paraphraser est important. Si l’enfant se sent manipulé ou incompris, peut-être gagnerions-nous à examiner nos propres intentions : notre motivation est-elle d’établir un lien avec l’enfant qui pleurniche devant nous ici et maintenant ou bien de modifier son comportement que nous estimons négatif ou parce que nous ne pouvons pas supporter la souffrance exprimée ?

Creuser plus profondément pour mettre au jour les besoins sous-jacents

Il arrive aussi que les pleurnicheries ne portent pas réellement sur la chose en question (ex : pleurnicher pour avoir une glace en dessert) mais cachent un besoin sous-jacent à mettre au jour (ex : trouver du réconfort, lâcher la pression, retrouver du contrôle et du pouvoir personnel, s’assurer de la solidité de la relation, remplir le besoin d’attachement…). Cette manière de raisonner en termes de besoins et d’attachement explique pourquoi les enfants pleurnichent rarement auprès de personnes avec lesquelles ils ne se sentent pas proches ou en sécurité. Les pleurnicheries servent à attirer les personnes qui assureront le réconfort face à une grande détresse.

Parents : se doter d’un mantra pour ne pas perdre son sang froid

Il sera parfois (souvent même !) difficile de supporter les pleurnicheries mais le fait de savoir que l’enfant qui utilise ce moyen de communication est en détresse peut aider à aborder la situation sans perdre son sang froid et rejeter l’enfant. Une manière d’éviter de s’énerver est de se répéter comme un mantra que les pleurnicheries sont un pont entre les pleurs et les paroles.

Lire aussi : Les enfants “pleurnicheurs” : que nous disent-ils ?

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