Neurobiologie et éducation : un lien entre consumérisme, manque d’enthousiasme et besoins insatisfaits dans l’enfance

Le Dr Gerald Hüther est un neurobiologiste allemand qui a beaucoup travaillé sur le concept d’enthousiasme d’un point de vue neurobiologique. Il expose dans cette vidéo les liens entre neurobiologie et éducation dont j’ai résumé les 6 points principaux ci-dessous.

1. Les enfants deviennent comme nous

Les enfants prennent exemple sur ceux qui réussissent à parvenir à leurs fins au sein du système familial. Donc les enfants deviennent comme nous.

2. Tous les humains naissent avec un cerveau qui peut tout faire

Les enfants naissent avec une ouverture d’esprit incroyable, avec un cerveau qui met à leur disposition d’inombrables connexions, parce que justement, il n’y a aucun programme génétique qui puisse savoir à l’avance comment un cerveau humain sera utilisé.

Les programmes génétiques ne peuvent pas savoir si tel enfant va venir au monde à telle époque ou dans telle région du monde, dans telle culture ou dans telle famille. C’est pour cette raison que les programmes génétiques nous équipent d’un cerveau avec lequel tout peut se faire.

Les programmes génétiques font une sorte de surestimation de connexions neuronales à la naissance de chaque être humain. Puis il y a élagage.

3. Deux expériences majeures humaines : la croissance et le lien

Tous les humains font deux expériences majeures, dès la nidification dans le ventre de la mère :

la croissance

Les humains naissent avec l’espoir qu’il y aura dehors quelque chose à découvrir et à faire. Les bébés humains veulent trouver des choses qui les feront grandir, qui les rendront autonomes.

le lien

Le système de l’attachement fait en sorte que les humains viennent au monde avec l’espoir d’être les bienvenus. Les bébés s’attendent à ce que quelqu’un les prenne dans ses bras, lui offre proximité et secours.

Les expériences les plus importantes sont toujours celles qui ont lieu quand il est possible de combiner ces deux expériences primitives. – Dr Gerald Hüther

4. Les conséquences néfastes de l’amour conditionné ou de l’amour grappin

Quand un enfant ne peut pas vivre ces deux expériences primitives (via un amour conditionnel – ne pas être aimé tel qu’on est – ou un amour grappin – qui empêche l’autonomie et la croissance), le cerveau réagit comme s’il faisait face à des souffrances corporelles

Le cerveau réagit de la même manière lorsque nous sommes exclus d’une communauté que lorsqu’il repère un dérangement dans notre relation avec notre corps. Quand ça ne va pas dans notre corps, ça fait mal. Quand ça ne va pas dans notre relation avec l’autre, ça fait mal aussi.

Dans ces cas, les enfants sont contraints de trouver une solution pour mettre un terme à la souffrance et retrouver lien + liberté. Ils prennent ce qu’ils arrivent à prendre et en viennent à s’en contenter.

5. L’enthousiasme, cet engrais pour le cerveau

A chaque fois que l’on s’enthousiasme pour quelque chose (quelle que soit cette chose), l’organisme sécrète des neurotransmetteurs qui agissent comme de l’engrais pour le cerveau (en permettant la création de nouvelles connexions neuronales).

Or ces neurotransmetteurs ne sont pas sécrétés en cas de souffrance. Nous souffrons d’un problème d’enthousiasme quand nous sommes confrontés à des expériences négatives (à tout âge) : nous ne pouvons pas être enthousiastes quand nous essayons de nous intégrer, quand nous cherchons des occasions de montrer que nous sommes capables de devenir libres et autonomes mais que nous reçevons critiques, empêchements, aide non sollicitée ou découragement.

6. Consumérisme et enfance malheureuse

Le consumérisme prend la place laissée par le manque d’enthousiasme.

Quand on ne reçoit pas ce dont on a besoin, on prend ce qui est proposé ici ou là.

Pour Hüther, il y a tout une industrie qui ne vit que grâce aux gens dont les besoins ont été et sont encore insatisfaits.

Cela veut dire qu’il nous faut des enfances qui rendent les enfants malheureux, il nous faut des enfances au cours desquelles les deux besoins de base des enfants ne sont pas satisfaits car sinon, on n’aurait pas tous ces consommateurs.