Nous ne pouvons pas faire autrement si nous n’apprenons pas à penser autrement !

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Thomas d’Ansembourg écrit dans la préface de Pour une éducation heureuse du Dr Catherine Gueguen que nous ne pouvons pas faire autrement si nous n’apprenons pas à penser autrement !

En ce sens, nous pouvons prendre exemple sur les parents danois qui manient à la perfection le recadrage de leurs pensées.

Jessica-Joelle Alexander et Iben Dissing Sandahl sont deux femmes américaines, chacune mariée à un danois et ayant élevé leurs enfants au Danemark. Elles ont voulu témoigner à travers un livre de leur amour du modèle éducatif danois et expliquer en quoi la philosophie de vie danoise fait des petits danois les enfants les plus heureux du monde. Une des caractéristiques de ce modèle est la capacité des parents danois à recadrer leurs pensées, notamment dans les moments où les enfants se comportent de manière dérangeante pour les adultes. Jessica-Joelle Alexander et Iben Dissing Sandahl exposent les piliers du recadrage mental dans leur ouvrage.

1. Prendre conscience de nos discours intérieurs jugeants

Jessica-Joelle Alexander et Iben Dissing Sandahl nous conseillent de nous entraîner à remarquer nos pensées intérieures négatives et non constructives. Il suffit de les noter et de compter combien de fois nous utilisons une perspective négative quand nous évaluons une situation.

Par exemple : choisir un souvenir qui éveille en nous de l’inconfort physique et émotionnel (de la peur ou de la colère) et trouver une autre façon de le percevoir en prenant du recul et en modifiant notre point de vue jusqu’à ce qu’une nouvelle compréhension se dégage pour recadrer sur des aspects qui permettent d’appréhender la situation autrement (par exemple, quelles étaient les motivations de la personne en face ? quelle était sa bonne raison d’agir ainsi ? quels étaient les besoins insatisfaits qui ont provoqué les messages, pensées et comportements de l’autre ? et les nôtres ? quelles autres options aurions-nous eues pour réagir ?).

 

2. S’entraîner à la reformulation

Nos pensées sont-elles réalistes  ? Peut-on en changer la formulation  ?

Jessica-Joelle Alexander et Iben Dissing Sandahl donnent quelques exemples :

«  Je n’ai jamais le temps de faire du sport. J’ai tellement de kilos en trop.  » devient «  J’arrive à me bouger les fesses une fois par semaine au minimum et je ne mange que des salades au déjeuner, ce qui me fait du bien.  »

«  J’écris comme un pied.  » devient «  J’écris bien une fois sur ma lancée.  »

«  Ma belle-mère m’énerve au plus haut point.  » devient  «  J’aime ma belle-mère malgré nos différences. Elle est une merveilleuse grand-mère pour mes enfants.  »

La reformulation peut être difficile, mais elle modifie notre chimie cérébrale et influence notre bien-être. Au début, on se sent un peu bête avec cet exercice. Mais dès que nous prenons l’habitude de reformuler nos pensées négatives (critiques, jugements, auto dénigrement…), nous nous sentons mieux.

Par ailleurs, tout ce que nous voyons et exprimons en mode négatif sur nous-mêmes, notre famille, nos angoisses et nos peurs se transmet à nos enfants.

La reformulation de nos propres pensées est un cadeau que nous nous offrons à nous-mêmes et à nos enfants afin de les aider à mieux gérer les hauts et les bas de la vie. – Jessica-Joelle Alexander et Iben Dissing Sandahl

 

3. Éliminer le langage réducteur, noir ou blanc

Le langage réducteur se repère facilement grâce à des expressions clés : toujours, jamais, il faut, c’est comme ça, l’un ou l’autre, je devrais, il est comme ça/ comme ci…

Ce langage réducteur laisse peu de marge de manœuvre car il ne montre qu’un seul angle. Adopter un langage d’ouverture permet de diminuer les rapports de force avec les enfants.

Par exemple, on pourrait remplacer les “jamais” par des “pas encore” ou “pour le moment” parce que le fait d’ajouter « pour le moment » à la fin d’une phrase change la vitalité intérieure :

Je suis incapable de parler en public pour le moment.

Je ne fais que crier sur mes enfants pour le moment.

Il a l’impression d’être perdu pour le moment.

Elle n’arrive pas à retenir les tables de multiplication pour le moment.

De même,  Thomas d’Ansembourg nous propose de quitter la pensée binaire d’enfermement (ou/ou; soit/soit) pour entrer dans la pensée complémentaire de perspective (et/ et) :

ET j’ai besoin d’être en relation avec l’autre, ET j’ai besoin d’être en relation avec moi. Pas une relation avec l’un ou l’autre, mais une relation avec l’un ET l’autre.

Pour prendre soin des autres, je dois être capable de prendre soin de moi.

Pour être à l’écoute des besoins des autres, je dois prendre du temps pour écouter et comprendre les miens.

Pour apporter respect et bienveillance aux autres, jusque dans ses contradictions, je dois m’apporter à moi-même respect et bienveillance et même accepter mes propres contradictions.

 

4. Externaliser : séparer l’action de la personne

Au lieu de «  elle est paresseuse  » ou «  il est agressif  », placer le problème à l’extérieur de l’individu et non à l’intérieur. «  Parfois, la paresse la rattrape  » et «  l’agressivité le déborde par moments  » sont des commentaires qui n’étiquettent pas les personnes.

Les enfants n’ont effectivement pas besoin d’étiquettes mais d’avoir des adultes encadrants qui comprennent l’importance de l’environnement et de leurs besoins.

étiquettes enfants

5. Réinterpréter l’histoire de l’enfant avec davantage de tendresse

Un exercice utile à cet effet peut être de repenser les “défauts” que nous attribuons à nos enfants et voir comment les transformer en qualités et potentialités à la lumière de la personnalité de l’enfant.

Par exemple :

«  Je pense qu’il a un TDAH  » peut devenir « Il est très énergique et très doué pour la batterie. »

«  Elle est tellement butée. » peut devenir « Elle a de la persévérance dans les études et n’abandonne jamais en cours de route.  »

«  Elle n’est pas très douée pour les études » peut devenir « Elle adore lire et s’intègre facilement dans un groupe.»

Se concentrer sur le côté positif du comportement de l’enfant lui permet de se sentir apprécié dans sa différence, son unicité, plutôt qu’étiqueté défavorablement. Cela lui ouvre la possibilité d’exploiter tout son potentiel et de se réaliser.

 

6. Employer un langage constructif et positif

Nous avons souvent tendance à repérer ce qui ne va pas, plutôt que ce qui va, et à exprimer notre mécontentement, plutôt que notre contentement face à nos enfants. On considère que ce qui est bien est normal, va de soi !

Cette manière d’envisager l’éducation nous amène à ne voir l’enfant que sous l’angle du négatif : ce qui ne va pas.

Pourtant, il est possible d’inverser notre manière de fonctionner pour encourager le moindre de ses efforts et ses plus petites victoires : repérer ce qui va bien, ce que l’enfant fait correctement (même de toutes petites choses) ou conformément à notre demande.  

Le principe du renforcement positif est simple :

  • remarquer même les petites choses du quotidien,
  • encourager,
  • valoriser,
  • remercier et faire preuve de gratitude.

 

7. Manier l’humour

L’humour aide à changer de perspective et renforce les liens plutôt que monter des murs entre les individus. Plus c’est rigolo, plus c’est farfelu, plus ce sera efficace pour surmonter les crises ou les blocages des enfants. Par ailleurs, ce qui est drôle et inattendu est mémorisé plus facilement. Un message passé avec humour facilite la vie sur le coup mais aussi les jours suivants car il présente deux avantages :

  • défaire les résistances des enfants,
  • remplir le réservoir émotionnel des parents et des enfants.

D’ailleurs, Lawrence Cohen, psychologue américain spécialiste de la parentalité ludique, dit à juste titre :

jeu parents enfants

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Source : Comment élever les enfants les plus heureux du monde de Jessica-Joelle Alexander et Iben Dissing Sandahl (éditions JC Latttes). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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