Le jeu parent/ enfant pour recréer du lien quand un parent est mis de côté par un enfant (dans le rituel du coucher par exemple)

parent mis de côté par un enfant moment du coucher

Jouer permet au parent mis de côté de se (re)connecter avec l’enfant

Quand un enfant n’accepte qu’un seul parent pour s’occuper de lui, cela peut engendrer des tensions au sein de la famille : le parent sollicité peut s’épuiser, l’autre parent peut se sentir rejeté, l’enfant peut se sentir démuni quand le parent demandé n’est pas disponible pour une raison ou une autre… Passer par le jeu peut aider à diminuer ces tensions et à créer du lien entre le parent mis de côté et l’enfant, sans pour autant passer en force.

Si l’enfant ne réclame que sa mère pour le rituel du coucher, il est possible pour le père de proposer (sans imposer) une activité ludique qui deviendra partie prenante du rituel du coucher. Par exemple, le père peut proposer à l’enfant de l’emmener au lit en mode “fusée” ou en mode “montgolfière” ou encore en mode “pégase”. L’objectif est de créer de la connexion là où il y avait de la déconnexion à travers le langage préféré des enfants : le jeu. Le père peut porter l’enfant sur son dos et lancer le compte à rebours “5, 4, 3, 2, 1” puis mimer le décollage à grand renfort de bruits de moteur. Avec l’enfant sur le dos, qui sera assimilé à un grand astronaute explorateur de l’univers, le père se dirigera vers la chambre. Ce rituel, avec des variations autour des moyens de transport, permet d’introduire progressivement un lien plus équilibré.

Jouer avant de dormir : insensé ou vertueux ?

Jouer avec les enfants au moment du coucher peut sembler contre productif et insensé dans le sens où ils risquent de s’exciter et donc de ne plus être en état de dormir. Pourtant, le jeu a de nombreuses vertus et jouer peut combler les besoins insatisfaits des enfants au moment d’aller au lit :

  • le jeu permet aux enfants de se remettre d’une contrariété en la rejouant,
  • le jeu permet d’exprimer les zones douloureuses des enfants (celles où ils se sont sentis stupides, humiliés, ou encore incapables),
  • le jeu remplit le réservoir d’attachement,
  • le jeu consolide la relation parents/ enfants.

Le rire et le lâcher prise permis par le jeu permettent de relâcher les tensions et de se connecter émotionnellement. Le jeu de contact sont particulièrement utiles dans le cas d’un parent mis de côté afin de recréer du lien :

  • une bataille d’oreillers;
  • des défis physiques (imaginer qu’il y a une grosse flaque d’eau au sol par dessus laquelle sauter et trouver des techniques pour sauter sans se faire mouiller);
  • main contre main, essayer de se déséquilibrer et se faire tomber;
  • construire une cabane avec des draps et des couvertures et imaginer qu’il y a une île matérialisée par un coussin puis se demander comment rejoindre l’île sans se faire manger par les requins;
  • descendre les escaliers sur un matelas (avec un casque pour les enfants)…

Les bienfaits des jeux de contact (ou jeux de chahut)

Lors des jeux de chahut à proprement parler, il est important de résister à l’enfant autant qu’il en a besoin, ni plus ni moins. C’est donc une question de dosage, de feeling au cas par cas :

  • certains enfants, peu confiants en eux-mêmes et en leur corps, ne pourront pas accepter de résistance : vous pourrez donc tomber en poussant des cris (de karatéka par exemple), en exagérant votre souffrance, en tombant théâtralement à la renverse dès qu’ils vous toucheront;
  • d’autres enfants voudront trouver un adversaire plus coriace pour que leur victoire leur coûte un réel effort;
  • les enfants qui essayent de faire mal ont besoin de beaucoup de résistance (douce mais ferme).

Des petites règles peuvent être gardées en tête pour que ces moments de jeu restent ludiques et ne génèrent pas de chaos ou de blessure. Il est nécessaire de rester attentif à la communication non verbale de l’enfant pour savoir s’il est encore dans le jeu. Des règles pour veiller à la sécurité de tout le monde sont basiques :

  • interdiction de frapper, de mordre, de serrer le cou, de donner des coups de pied…
  • interdiction de se moquer, d’humilier, de rabaisser…
  • mise en place d’un signal auquel le jeu cessera aussitôt (“stop” ou des mots absurdes comme “tarte à la banane”, “crotte de nez” ou “carabistouille”).
  • la moindre blessure stoppe le jeu immédiatement (on arrête dès que quelqu’un se fait mal).

Lire aussi : Les jeux de chahut : un excellent moyen de renouer le contact et redonner confiance à l’enfant

Les règles devront sûrement être répétées plusieurs fois au cours du jeu : savoir si le jeu peut continuer avec un simple rappel des règles du jeu dépend de l’appréhension de la part des adultes de la situation.

Dans le respect de ces règles, il est possible d’aller jusqu’au bout du jeu puis de prendre un vrai temps pour un rituel de fin qui va bien marquer la fin du jeu. Ce rituel de fin peut se matérialiser sous la forme d’une posture allongée l’un à côté de l’autre pour reprendre son souffle, par un câlin, par des mots “c’était trop bien/ on a bien rigolé !”, par un geste de la main (check, high five…).

 

Quand on arrive à se mettre à l’écoute des enfants, on peut déterminer si un temps de jeu peut leur faire du bien. Reste à chaque famille d’inventer ses propres rituels et modalités de jeu.

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Pour aller plus loin : Jouer pour mieux comprendre votre enfant de Lawrence Cohen (éditions Marabout Poche). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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