Agir plus, parler moins et donner moins de choix (plus de fluidité et moins de stress dans les interactions parents/ enfants)

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Dans son livre Chasseur, cueilleur, parent, Michaeleen Doucleff compile quelques observations au sujet de l’éducation des enfants qu’elle a faites dans des groupes de cultures différentes des nôtres (Inuits, Maya et Hadza en Afrique de l’Est). Elle a notamment remarqué que les parents interagissent avec peu de mots avec leurs enfants.

Dans la grande majorité des cultures, les parents ne passent pas leur temps à parler aux enfants ou à leur donner des choix incessants. Au lieu de cela, les parents agissent. – Michaeleen Doucleff

Michaeleen Doucleff cite trois éléments qui l’ont marquée en lien avec cette éducation “taiseuse“.

1.Les adultes font ce qu’ils veulent que les enfants fassent.

L’idée est que les parents se mettent en mouvement en prévenant les enfants qu’il est l’heure de sortir, de passer à table ou de se laver. Les enfants vont simplement suivre le mouvement, car les parents agissent de manière décidée dans le déroulement de la séquence d’actions. Les enfants vont emboîter le pas des adultes sans être menacés ou pressés, juste parce qu’ils savent que c’est ce qu’ils ont à faire.

Les adultes vont simplement dire : “On, on y va” tout en ouvrant la porte ou “On passe à table” tout en mettant la table. Les enfants suivront, parfois quelques minutes plus tard, mais parents et enfants savent que les interactions se déroulent comme des “ballets sans musique”.

Il est possible d’inciter un enfant à se laver les mains avant de passer à table et en prononçant une seule phrase : “Allons nous laver les mains” en se dirigeant vers le lavabo et en se lavant soi-même les mains en premier.

2.Les adultes aident en douceur le enfants à faire ce qui est nécessaire. 

Personne ne crie sur un enfant qui se comporte de manière inappropriée. Les adultes vont simplement prendre doucement la main d’un enfant et rediriger son comportement, sans menace ou critique. Les enfants reçoivent ce dont ils ont besoin : de l’aide, de la redirection douce et un sourire.

3.Les adultes modifient l’environnement afin que les enfants n’aient pas à modifier leur comportement.

Il s’agit ici simplement de placer les objets dangereux ou fragiles hors de la portée des enfants.

Je repense à un exemple donné par Marshall Rosenberg, initiateur du concept de la Communication NonViolente. Si un enfant veut jouer avec une prise électrique, son parent aura beau lui répéter à longueur de journée de ne pas s’approcher car c’est dangereux, les besoins impérieux de découverte, d’exploration et de compréhension de l’enfant le ramèneront vers cette prise et son danger. Ce qui est en notre pouvoir en tant que parents, c’est de modifier notre manière d’aborder la situation ainsi que l’environnement de l’enfant : poser un cache sur la prise, emmener gentiment l’enfant dans une autre pièce. Il est inutile de taper la main de l’enfant ou de le punir (via un isolement forcé par exemple). L’idée ici est de satisfaire notre besoin de protéger l’enfant, sans porter atteinte à sa dignité. La différence entre la protection et la punition réside dans l’intention : quand on contrôle l’environnement, on se comporterait de la même manière avec un adulte qui ne parle pas la même langue ou qui n’y connait rien en électricité.

 

Michaeleen Doucleff estime que le fait de donner trop de choix aux enfants est générateur de stress. Même pour un adulte, il est difficile de faire des choix parce qu’on a peur de passer à côté de l’option écartée ou qu’une autre voie que celles proposées pourraient être explorée.

Dans une grande majorité des cultures et depuis le début de l’histoire de l’humanité, les parents ne discutent pas avec les enfants de leur prochaine activité, ils ne débattent pas avec eux pour savoir s’ils préfèrent un sandwich au jambon ou des pâtes pour le déjeuner. Ils ne posent pas des questions commençant par “veux-tu ?” : “Veux-tu du beurre ou de la sauce tomate dans tes pâtes ?”, “Veux-tu aller faire les courses avec moi ?”, “Veux-tu prendre un bain ?” Les parents agissent. La mère prépare des haricots noirs pour le déjeuner; le père enfile sa veste et sort faire les courses; la grand-mère va à la salle de bains et fait couler l’eau dans la baignoire.” Moins de paroles engendre moins de stress. – Michaeleen Doucleff

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Source : Chasseur, cueilleur, parent de Michaeleen Doucleff (éditions Leduc). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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