Parler aux enfants de la séparation des parents ou du divorce

Parler aux enfants de la séparation des parents ou du divorce

Dans son livre Une éducation bienveillante et efficace !, Laurence Dudek, psychothérapeute, apporte des éléments de réponse à la question : comment parler aux enfants de la séparation des parents ou du divorce ?

Elle propose un cadre général pour aborder les sujets délicats avec les enfants : ne parler aux enfants que de ce qui les concerne directement. Cette recommandation vise à éviter de projeter sur les enfants des informations qu’ils ne peuvent pas gérer et des émotions douloureuses liées (impuissance, stress…).

3 critères pour prendre la parole face aux enfants

Cette recommandation ne signifie ni mentir ni cacher des choses. Laurence Dudek formule trois critères pour prendre la parole face aux enfants :

  1. que les informations soient strictement vraies (des choses sûres et des observations, pas des hypothèses, des interprétations ou des opinions),
  2. que les informations soient utiles (qu’elles donnent à l’enfant des informations qui le concernent, par exemple «On va habiter ici, on ira là-bas, voilà comment ça va se passer », et non pas « On va se séparer, parce qu’on ne s’aime plus… »),
  3. que les informations soient bienveillantes (qu’elles se préoccupent d’améliorer le bien-être de l’enfant par exemple en ne critiquant pas l’autre parent ou en ne le mettant pas dans un conflit de loyauté).

Ne pas partir du principe que l’enfant va énormément souffrir (cela peut être le cas mais pas nécessairement et à un degré différent dans chaque situation)

Laurence Dudek nous avertit que plus nous anticiperons une souffrance élevée chez l’enfant, plus nous risquons de la créer par prophétie auto-réalisatrice.

La souffrance d’une nouvelle façon de vivre n’est pas inévitable, la mort du couple conjugal ne signifie en rien celle du couple parental, même si la présence ensemble n’est plus systématique.  Si vous réussissez à conserver votre intérêt en commun pour le bien-être de votre enfant et qu’il n’est jamais un enjeu, il n’y a pas de raison qu’il en ressente de la souffrance. Il y a mille façons de vivre, et aucune qui soit meilleure que toutes les autres.- Laurence Dudek

Cela ne signifie pas pour autant surjouer l’enthousiasme en disant à l’enfant que ça va être super car il aura deux fois plus de cadeaux à Noël ni de nier sa souffrance s’il l’exprime. Cela signifie simplement de ne pas ajouter de la souffrance à la souffrance réelle.

Les émotions des enfants et leurs questions sont à respecter : s’ils posent des questions, il convient d’y répondre. Quand nous ne sommes pas sûrs de pouvoir remplir les trois critères vérité/ utilité/ bienveillance, nous pouvons nous contenter d’un « je ne sais pas » ou « je ne sais pas encore ».

Gérer notre propre souffrance

Une séparation est toujours une souffrance pour les adultes qui se séparent car c’est un deuil : deuil du couple, deuil de l’idéal familial, deuil d’un avenir rêvé, peur pour l’avenir (notamment financier), douleurs émotionnelles liées à un amour qui peut être encore existant ou à une trahison, solitude inattendue, peur du changement (déménagement, nouvelle organisation quotidienne…), fatigue…

La tristesse (comme lors d’un deuil) et la colère (comme suite à une forte pression, à une frustration, à une insécurité…) sont des émotions normales. Les pleurs et les larmes ne sont donc pas anormales. Si elles sont considérées comme anormales par le parent, alors elles le seront par l’enfant… qui n’osera plus exprimer ses émotions, qui se coupera de ses sensations corporelles, qui n’arrivera pas à verbaliser ce qu’il ressent.

Toutefois, cette souffrance bien réelle et légitime que nous ressentons n’a pas à être portée par les enfants. Nous pouvons leur dire que nous avons besoin d’être triste ou que nous sommes en colère s’ils nous voient dans des états émotionnels intenses tout en précisant que cela n’est pas de leur ressort.

Nous pouvons expliquer pourquoi les humains pleurent. Pleurer soulage : les larmes libèrent. Nous pouvons faire la comparaison avec ce qu’ils vivent eux-mêmes : « Quand toi tu es triste ou en colère, que tu t’es disputé avec un ami, tu as besoin d’un peu de temps et de calme pour “digérer”. C’est pareil pour moi. ».

Par ailleurs, les enfants ont le don de pressentir quand les parents sont en colère, tristes, fatigués, irritables et ils auront tendance à se sentir insécurisés (voire coupables) tant qu’ils n’auront pas reçu d’explications.

Si nous nous sentons à l’aise avec cela, nous pouvons laisser les enfants venir nous réconforter; le réconfort émotionnel dans la famille peut aller dans les deux sens tant que le parent ne fait pas porter la charge de ses émotions sur l’enfant en le culpabilisant (“c’est de ta faute si je pleure/ c’est de ta faute si on se sépare”) ou en l’utilisant (“viens me réconforter, je suis si seul.e au monde, toi au moins tu seras toujours là pour moi”).

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Source : Une éducation bienveillante et efficace ! de Laurence Dudek (éditions First). Disponible en centre culturel, en librairie ou sur internet.

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