C’est à moi ! : partager, ça s’apprend ?

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Permission et respect, deux notions cruciales

Dans son fabuleux livre La famille s’agrandit, Catherine Dumonteil-Kremer rappelle que le partage ne s’apprend pas pas dans l’imposition mais se vit avec le temps et la pratique (et aussi l’exemple).

A tout âge, un enfant a le droit de ne pas vouloir prêter ses affaires. C’est d’autant plus vrai dans la petite enfance où les enfants préfèrent défendre leurs affaires contre vents et marées plutôt que partager. En effet, un enfant a besoin de s’approprier ses affaires avant de pouvoir s’en séparer par le prêt ou le partage.

Par ailleurs, les enfants ont besoin de savoir que leurs affaires seront respectées, qu’elles ne leur seront pas prises quand ils auront le dos tourné sans leur permission. Cette notion de permission/ consentement est ici cruciale : la plupart des enfants finissent par prêter et partager de bon cœur quand ils n’y sont pas forcés, quand ils se sentent en confiance et respectés ou quand on leur pose la question de manière calme : “Serais-tu d’accord pour prêter à J./ ton frère/ ta soeur ?”. Si l’enfant répond non, il en a le droit. La plupart du temps, le prêt finira par se faire une fois les adultes éloignés ou de manière naturelle dans le cours du jeu entre enfants.

L’espace privé de chacun doit être respecté, y compris en son absence. – Catherine Dumonteil-Kremer

Quand le refus de partager pose problème entre les enfants

Si la situation pose vraiment problème, le recours à l’empathie et à la recherche de solutions est toujours possible (en sachant que la recherche de solution n’aboutira peut-être pas) :

  • Hum, tu tiens trop à ton jouet pour le prêter ? Tu as peur que J. l’abîme/ le casse ? Tu veux continuer à jouer avec parce que tu t’amuses trop bien ? C’est le tien et tu ne veux pas le prêter ? C’est vrai qu’il est chouette ce jouet. Qu’est-ce que tu préfères faire avec ?
  • Est-ce que tu crois qu’on pourrait trouver une solution pour que J. et toi puissiez jouer ensemble ? Je crois que J. aimerait vraiment essayer. Est-ce que tu as des conditions pour prêter ?

Si l’enfant ne veut vraiment pas prêter, il s’agira alors d’accueillir la frustration et la déception de l’autre enfant (“Oui, c’est vrai, c’est frustrant de voir qu’il/ elle ne veut pas partager. Tu aurais trop aimé l’essayer./ Ce n’est pas drôle, tu as l’impression d’être exclu.”).

Nos émotions de parents face au refus de partager de nos enfants

Anticiper

Catherine Dumonteil-Kremer nous invite à nous poser les questions suivantes au moment où nous achetons quelque chose aux enfants :

  • A qui va appartenir cet objet ou ce vêtement ?
  • Existe-t-il un endroit personnel où notre enfant pourra le ranger, et le protéger éventuellement des autres enfants de la famille ?

Si nous anticipons un problème de partage entre enfants, il est possible de penser à prévoir assez de jouets pour chacun en demandant par exemple aux invités de prévoir un petit sac de jouets pour leurs propres enfants (juste au cas où… peut-être ce sac ne servira-t-il pas ou que c’est l’invité qui partagera ses propres jouets :) ).

En grandissant, les questions de propriété et même de territoire restent cruciales. Catherine Dumonteil-Kremer raconte que ses filles adolescentes partagent une chambre et qu’elles ont chacune un endroit qui ferme à clé dans la pièce (clé que seules les concernés gardent).

Quand nos émotions du passé influencent nos réactions au présent

En tant que parents, nous pouvons être mal à l’aise avec le fait que notre enfant ne veuille pas partager ses affaires mais cette peur nous appartient et peut être transformée par le respect et la confiance absolue dans le fait que l’enfant finira par saisir le sens du partage avec le temps (notamment en subissant les conséquences de ses décisions : le fait que les autres ne veuillent pas partager ou jouer avec lui parce que lui-même ne partage pas).

Je crois que là, notre attitude est vraiment déterminante. Comment considérons-nous les affaires et le lieu de notre enfant ? Sont-elles aussi importantes que les nôtres ? Ou les considérons-nous au contraire comme mineures simplement parce qu’il s’agit d’enfants ? – Catherine Dumonteil-Kremer

Nous pouvons prendre le temps d’explorer nos émotions qui nous paraissent disproportionnées, mal ajustées, excessives à la lumière de notre histoire d’enfance. Nos réactions disproportionnées et nos peurs/ culpabilités de parent sont intéressantes pour travailler sur nous parce qu’elles nous permettent précisément d’identifier des blessures d’enfance non pansées.

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Source : La famille s’agrandit de Catherine Dumonteil-Kremer (éditions Jouvence). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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