[Enfants anxieux] Les aider à adopter des pensées aidantes pour surmonter l’anxiété

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Ariane Hébert, psychologue spécialiste de l’anxiété chez les enfants, écrit dans son livre Anxiété : La boîte à outils que les pensées aidantes sont très utiles pour contrer l’anxiété. Ces pensées aidantes permettent de modifier des croyances et pensées négatives, limitantes, paralysantes pour en renforcer d’autres, reflétant la réalité avec plus d’objectivité.

En suscitant des doutes sur les certitudes de l’enfant par la confrontation de ses idées, on crée un espace pour la mise en place de pensées plus rationnelles. – Ariane Hébert

Pour aider les enfants à construire des pensées aidantes face à leurs pensées anxieuses, il est possible de les entraîner à remplacer leurs croyances négatives en prenant appui sur ces quelques exemples :

  • Remplacer les pensées anxieuses par des paroles encourageantes qui insistent sur le pouvoir du “bientôt”.

C’est trop difficile/ Je n’y arriverai jamais peut alors devenir : C’est vrai que c’est difficile et je vais développer des stratégies pour y arriver pas à pas./ Je progresse lentement, mais je progresse.

  • Reformuler les pensées exagérées pour en faire des pensées plus réalistes et objectives

Je suis nul.le/ Je n’y arrive pas. peut donc devenir : J’éprouve des difficultés dans cette matière./ Je n’y arrive pas encore. 

  • Recadrer les généralisations pour tenir compte de la spécificité de chaque situation

J’ai peur des insectes/ L’école, c’est trop dur ! peut devenir : Je crains les abeilles./ J’ai des difficultés en maths et je réussis mieux en français et en sport.

  • Accepter les sensations et émotions désagréables dans le corps plutôt que les nier

Je vais mourir./ Je suis en danger !/ Je ne peux pas faire face./ Je ne peux pas supporter ce qui se passe.peut devenir Ceci n’est pas une menace, je ne suis pas en danger./  Cette situation est désagréable, c’est vrai que je ressens des sensations et des émotions douloureuses dans mon corps mais elles ne sont pas dangereuses./ Ces sensations sont désagréables, mais pas dangereuses. Je suis capable de les endurer./ Si je les tolère, ces sensations finiront par partir. Je peux le faire.

 

  • Mettre l’accent sur les éléments négatifs de l’anxiété et anticiper les bénéfices à la surmonter (phrases à compléter)

Mon anxiété m’empêche de… Si j’arrivais à surmonter mon anxiété, je….

Mon anxiété me fait vivre…Si je pouvais me débarrasser ne serait-ce que de 10% de mon anxiété, je pourrais…

Mon anxiété nuit à… Pour 5% de bonheur en plus dans ma vie, j’ai besoin de….

Recadrer les pensées ne veut pas dire éviter les situations désagréables et les émotions associées

Ariane Hébert prévient cependant que le fait de substituer aux pensées anxieuses des pensées positives irréalistes ne contribue pas à long terme à diminuer l’anxiété (mais pourrait au contraire l’exacerber).

Quand les enfants en prise avec l’anxiété nient leurs difficultés, minimisent leurs sensations et émotions douloureuses, ils n’apprennent pas à faire face et c’est l’anxiété qui prend le contrôle d’eux plutôt que l’inverse. Accepter tous les désagréments liés à l’anxiété (sensations douloureuses dans le corps, émotions désagréables, pensées négatives, envie de partir/ pleurer…) permet de reprendre le contrôle sur ceux-ci et de s’engager dans un chemin d’exposition graduelle et accompagnée à l’objet de l’anxiété.

En effet, les enfants anxieux on besoin de stratégies de régulation agissant sur plusieurs plans :

  • le corps : la maîtrise par l’enfant de sa réactivité physiologique.
    • apprendre à reconnaître les sensations physiques dans le corps,
    • accepter de les ressentir et de rester en contact avec elles,
    • apprendre à respirer par le ventre et en conscience,
    • se doter d’un lieu ressource apaisant comme une bulle protectrice à convoquer en visualisation pour se calmer et se ressourcer

 

  • la tête : une intervention sur les pensées et les croyances
    • repérer les pensées catastrophe, les idées exagérées, les croyances-tragédies grâce à des mots/ expressions clés (toujours, jamais, rien, tout, trop…)
    • se poser des questions et reformuler les pensées pour dépasser la première idée (exemple : je crains que les autres se moquent de moi) et prendre conscience de la peur réelle (j’ai peur de souffrir)
    • modifier les croyances limitantes et erronées par des confrontations et des questions qui mettent en perspective les pensées anxieuses (en voici quelques exemples : Est-ce que c’est vrai ? En suis-je convaincu.e ? Dans le passé, qu’est-ce qui s’est produit dans la même situation ? Y a-t-il des éléments qui vont dans le sens contraire de ce que je crois qui se produira ? Quel est le pire qui pourrait arriver ? Le pire serait-il « si pire » ? Si je voulais convaincre quelqu’un d’autre que cette pensée est fausse, quels seraient mes arguments ? Est-ce que je peux voir la situation autrement ?)
    • développer des pensées aidantes pour contre carrer les pensées anxieuses

 

  • les actions : le passage à l’action
    • identifier et définir les comportements adoptés lors de crises d’anxiété (les choses faites comme des rituels ou, à l’inverse, les choses évitées)
    • inviter à l’exposition à l’objet de l’anxiété : l’exposition doit toujours être graduelle, prolongée, répétitive, planifiée et acceptée par l’enfant. L’exposition débute par une situation qui génère une légère réaction de peur, plutôt facile à supporter par l’enfant, puis augmente par paliers.

Ariane Hébert alerte sur les stratégies “magiques” avec les tout-petits, telles que le spray magique qui fait disparaître les monstres. Elle écrit : “Ces mignons mensonges peuvent fonctionner pendant un temps, mais constituent en fait des moyens d’évitement qui, en plus de ne pas outiller l’enfant, ont une durée de vie très limitée…”.

Dépasser l’anxiété prend du temps et nécessite de l’entraînement régulier

Aucun enfant anxieux ne peut dépasser son anxiété en une ou deux séances de respiration consciente ou avec trois phrases clés à se dire dans des situations difficiles.

C’est le temps, l’accompagnement, l’entraînement régulier, l’exposition graduelle et non forcée à l’objet de l’anxiété qui vont faire la différence.

Par ailleurs, les techniques, méthodes et stratégies seront plus efficaces si elles sont revisitées et personnalisées par l’enfant. Ainsi, les phrases clés proposées ci-dessus sont à prendre à titre d’exemples et gagnent à être personnalisées, complétées, adaptées en fonction des référents de l’enfant.

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Source : Anxiété : La boîte à outils – Stratégies et techniques pour gérer l’anxiété de Ariane Hébert (éditions DE MORTAGNE). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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