Un petit jeu pour développer l’autonomie des enfants
Si nous savons que les enfants peuvent, dès qu’ils le veulent, se rendre indépendants de nous, nous avons toutes les raisons de les aider à préparer à cette indépendance, et c’est ainsi qu’ils y seront vraiment prêts. – John Holt
Dans son livre S’évader de l’enfance, John Holt raconte comment une maman américaine favorise l’autonomie de sa fille par un petit jeu sur le chemin de l’école. Un jeu qu’on peut envisager dès 6 ans en fonction de l’endroit où l’on habite.
Lorsqu’elles rentrent à pieds chez elles, une fois qu’elles sont dépassé toutes les intersections dangereuses, elles se séparent et chacune rentre par un chemin différent. Ce n’est pas une course, c’est une expérience pour connaître les différents parcours permettant d’atteindre la maison.
Grâce à ce jeu, la fillette connaît de mieux en mieux son quartier et un périmètre toujours plus étendu autour de son quartier.
On peut aussi, pendant de petits trajets, dire à l’enfant que c’est lui le guide et que l’on n’ira que là où il nous dira d’aller, comme si nous étions un étranger ou un aveugle.
Ou encore, on peut partir à l’aventure, l’enfant choisissant le chemin, allant où bon lui semble sans avoir à s’inquiéter de se perdre puisque l’adulte qui l’accompagne retrouvera toujours le chemin pour rentrer à la maison.
Ces propositions de jeux sont des explorations que l’on peut faire avec tous les enfants pour développer leur autonomie.
C’est très différent d’explorer sa ville, ou son pays, quand ce sont des territoires interdits et de les explorer quand ils ne sont qu’un environnement de plus en plus étendu dans lequel vous êtes le bienvenu, et qui sont véritablement votre ville, votre pays, votre monde. – John Holt
Un enfant qui sait que, où qu’il aille, un adulte va l’y conduire ou va effectuer pour lui les gestes de sécurité (regarder à droite et à gauche avant de traverser, donner l’autorisation de traverser, regarder si le piéton est vert…) ne fera attention ni au trajet ni aux dangers à éviter.
Cela me rappelle les années de moyenne et grande section de ma fille. Je l’ai toujours autorisée à marcher devant moi sur le trottoir, parfois même à courir, car je savais qu’elle s’arrêterait au passage piéton. Je n’en ai jamais douté et cela s’est toujours passé comme cela. Et pourtant, à chaque fois que nous faisions le chemin avec d’autres enfants, ils se faisaient reprendre (et disputer) par leurs parents quand ils s’éloignaient trop loin devant… alors qu’ils se sont également toujours arrêtés au passage piéton !
Ces derniers mois, ma fille adore qu’on monte séparément à l’appartement (nous habitons au 2° étage). Elle me demande par où je veux passer : ascenseur ou escaliers ? Quand je prends l’ascenseur, elle prend les escaliers et inversement :). Elle adore faire le code toute seule. La semaine dernière, elle a même voulu attendre que je monte à l’appartement : elle a sonné à l’interphone en bas pour que je lui ouvre et elle a voulu remonté toute seule.
C’est amusant de la voir prendre de plus en plus confiance et de la voir évoluer pas à pas vers plus d’indépendance… bien s’attacher pour mieux se séparer :). C’est exactement comme ça que les enfants font de nouvelles expériences : progressivement (à condition qu’on les laisse faire) !
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Pour aller plus loin : S‘évader de l’enfance, les besoins et les droits de l’enfant de John Holt (éditions L’instant présent). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur le site de l’éditeur.
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John Holt explore l’institution qu’est l’enfance moderne et explique en quoi elle est néfaste pour nos enfants. Il se positionne résolument du point de vue des enfants et s’attache à démontrer que nous pouvons changer nos habitudes et nos lois pour permettre aux enfants de s’évader de cette enfance-institution en proposant des solutions concrètes.
L’auteur aborde aussi bien le droit de vote, au travail ou à la propriété que le droit à un revenu garanti, de maîtriser ses apprentissages ou encore de choisir son tuteur légal. Il traite en outre de sujets tabous et sensibles tels que l’usage des drogues ou encore la sexualité.
Pat Farenga, l’éditeur américain en parle en ces termes : « John Holt nous expose ici les raisons pour lesquelles il faut accueillir les enfants dans nos vies d’adultes aussi souvent et autant qu’ils le veulent et il nous propose différentes façons d’y parvenir ; [Trente ans après la première publication de cet ouvrage] l’essentiel de ses positions et de ses suggestions paraissent aujourd’hui vraiment prémonitoires et plus actuelles que jamais. »
