Le besoin d’appartenance des enfants à leur famille peut être utilisé comme un levier de motivation pour la contribution à la vie domestique.

envisager la famille comme une équipe dans laquelle les enfants ont un rôle plein et entier

Envisager la famille comme une équipe dans laquelle les enfants ont un rôle plein et entier

Dans son livre Chasseur, cueilleur, parent, Michaeleen Doucleff explique que le besoin d’appartenance des enfants à leur famille peut être utilisé comme un levier de motivation pour la contribution à la vie domestique. L’idée est de considérer l’enfant comme un membre à part entière de la famille, compétent et étant capable d’assumer une part de la responsabilité partagée relative au fonctionnement du foyer. Les enfants se sentent bien quand ils aident les personnes qu’ils aiment et qui les aiment. L’idée est de changer de manière de penser : en tant qu’Occidentaux, nous avons tendance à décharger les enfants des tâches domestiques ou à considérer que c’est un fardeau et donc à enrober nos demandes de pincette pour amener les enfants à contribuer. Pourtant, dans d’autres cultures, les adultes font naturellement en sorte que les enfants sentent que leur participation compte réellement et fait la différence dans la vie de tous les membres. Par exemple, si un enfant s’occupe d’un petit, il est réellement responsable du bien-être du plus jeune. Il en résulte que ces enfants ont le sentiment ancré en eux qu’ils font partie d’une équipe. Les parents ne forcent pas les enfants à participer, que ce soit par du chantage ou des récompenses. C’est la manière dont sont envisagées les relations familiales et l’aménagement de la maison qui permettent aux enfants de développer avec le temps des compétences.

Pour aller plus loin : Quand la participation aux tâches ménagères soutient l’épanouissement des enfants…

Pas de séparation nette entre le monde des enfants et celui des adultes.

De plus, les parents dans d’autres cultures ne cherchent pas à divertir, à stimuler les enfants ou à faire des activités spécialement pensées pour eux. Les enfants sont simplement intégrés dans la vie normale et quotidienne des parents. Plutôt que planifier et payer pour des activités conçues à destination des enfants, il est possible de poursuivre le cours de la vie pendant que les enfants  observent, suivent et se sentent les bienvenus dans la “vraie” vie. Il n’y a pas de séparation nette entre le monde des enfants et celui des adultes. Par exemple, il n’y a pas de raison pour que les enfants mangent de la nourriture pour “enfants” dans un menu enfants appauvri au restaurant, tandis que les adultes mangent de la nourriture pour “adultes” .

Nourrir le besoin d’appartenance des enfants et créer des relations familiales plus coopératives

Michaeleen Doucleff propose plusieurs pistes pour nourrir le besoin d’appartenance des enfants et créer des relations familiales plus coopératives :

  • Repenser l’emploi du temps familial

Il est possible de réduire, voire supprimer, les activités centrées exclusivement sur les enfants pour accueillir les enfants dans l’univers des adultes. L’idée est de choisir une activité qui plaît à tout le monde, sans que cette activité soit artificielle. Il sera évidemment souvent nécessaire d’adapter cette activité pour que l’enfant puisse y participer.

En parallèle, il est possible de faire les tâches domestiques avec les enfants (plutôt que s’en débarrasser pendant qu’ils dorment ou sont à l’école). Les enfants ont en réalité envie de contribuer quand ils sentent qu’ils ne sont pas forcés à faire quelque chose de désagréable, une corvée, mais que leur contribution rend la vie de tout le monde plus agréable. Cela renforce leur sentiment d’appartenance à une famille dans laquelle ils se sentent bienvenus, appréciés et ont du pouvoir personnel.

De plus, les enfants ont besoin de fréquenter d’autres humains de tout âge et pas seulement des enfants de leur tranche d’âge, comme c’est le cas à l’école. Quand nous réunissons des enfants du même âge, nous réunissons des enfants avec les mêmes besoins qui entrent en compétition, avec des cerveaux au même stade de développement (et donc d’immaturité). Avant la massification de l’école telle que nous la connaissons aujourd’hui, les enfants de tous les âges jouaient ensemble. Tous les enfants y trouvaient un environnement propice :

  • les plus grands, au cerveau plus mature, encadraient les petits et pouvaient être sollicités par eux (comblant leurs besoins d’utilité et de reconnaissance);
  • les plus petits pouvaient apprendre des plus grands et les solliciter comme médiateurs ou sources de réconfort (comblant les besoins d’apprentissage et de sécurité);
  • tous les enfants pouvaient combler leur besoin d’appartenance à un groupe et gagnaient en compétences.

Les enfants peuvent même être amis avec des adultes et les parents gagneront en soutien à travers un réseau de proches qui peuvent être amenés à s’occuper des enfants.

  • Faire participer les enfants aux tâches domestiques, sans chantage ni récompense

Il arrive que nous soyons réticents à l’idée de faire participer les enfants car 1/ cela va plus vite de les réaliser sans eux, 2/ nous risquons des oppositions et des bras de fer pour les faire obéir, 3/ se débarrasser de ces corvées permet de faire des choses plus plaisantes en famille. Pourtant, Michaeleen Doucleff nous invite à nous poser une question pour changer notre manière de voir les choses : Votre rôle consiste-t-il à occuper et divertir votre enfant ? Ou est-ce de lui inculquer des savoir-faire essentiels et de lui enseigner comment agir main dans la main avec les autres ?

Lire aussi : Favoriser la contribution des enfants et ados aux tâches ménagères (discipline positive)

  • Donner autant d’autonomie que possible en diminuant les attentes  

Nous pouvons être tentés de reprendre les enfants, de passer derrière eux ou de les décharger d’une tâche quand ils cassent un verre, renversent un pot d’eau ou laissent des miettes sur la table après l’avoir nettoyée. Nous pouvons nous rappeler qu’ils essaient de nous aider, qu’ils en ont envie et qu’ils sont précisément en train d’apprendre, en train d’exercer leur motricité, de développer des compétences. Cela peut être long mais ce n’est pas du temps perdu. Nous pouvons nous mettre en retrait et limiter nos consignes et commentaires afin de ne pas briser l’envie de contribuer d’un enfant. Ce n’est qu’avec du temps et de la pratique que les enfants acquièrent de nouvelles compétences. Dans le même esprit, Maria Montessori disait de ne jamais aider un enfant à faire une tâche qu’il se sent capable d’accomplir seul. Si nous avons toujours valorisé les petites contributions des enfants, en faisant ensemble les gestes du quotidien (comme mettre la table ou la débarrasser, beurrer les tartines, essuyer la table…), ceux-ci seront considérées comme une simple routine.

 

Tout ceci peut paraître évident, juste une question de bon sens mais quand on y réfléchit bien, nous n’avons pas été habitués nous-mêmes à être aidés et à aider utilement. Le principal prérequis à ce changement est la confiance dans les capacités innées des enfants et leur envie de contribuer.

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Source : Chasseur, cueilleur, parent de Michaeleen Doucleff (éditions Leduc). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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