Pourquoi bercer un bébé est fondamental pour son développement physique et émotionnelpourquoi-bercer-bebe

La notion de rémanence des réflexes primitifs

Marie-Claude Maisonneuve est diplômée de l’institut de Neuro Psycho physiologie de Chester (Grande-Bretagne) et auteure du livre Maman, papa, j’y arrive pas !

Elle propose d’expliquer certaines difficultés scolaires et comportementales des enfants par les troubles physiologiques que sont la rémanence des réflexes primitifs. Elle met en évidence l’existence d’un lien de cause à effet entre des réflexes primitifs rémanents (non inhibés) et les difficultés scolaires et comportementales éprouvées par certains enfants.

Les réflexes primitifs du nouveau-né (ou réflexes archaïques) commencent à apparaître bien avant la naissance. Ils sont indispensables au foetus pour se mouvoir in utero et au nouveau-né pour assurer sa survie dans les premiers temps après la naissance. Parmi les plus connus, on peut citer le réflexe de succion (adapté à la fonction d’alimentation du nourrisson) et le réflexe d’agrippement palmaire (réflexe du nourrisson qui referme la main sur tout objet à sa portée et qui répond à un besoin de sécurité).

Ces réflexes ont vocation à disparaître et à laisser progressivement place aux réflexes posturaux. Pour la quasi totalité des réflexes primitifs, cette évolution doit normalement être achevée avant la fin de la première année suivant la naissance. Si elle ne va pas jusqu’au bout, les réflexes posturaux indispensables à une bonne utilisation de soi-même ne peuvent s’installer pour la vie comme ils devraient.

Tant que le développement des réflexes primitifs du nouveau-né n’est pas allé à son terme, les réflexes posturaux normaux ne peuvent pas se mettre en place (comme tenir un crayon, se tenir assis sur une chaise, tenir en équilibre…). L’enfant ne s’est pas défait de ses réactions primaires, alors même qu’elles sont devenues inutiles. Au contraire, elles se manifestent dans des difficultés (scolaires, comportementales, posturales…).

Par exemple, dans le cas du réflexe de succion ou du réflexe d’agrippement palmaire, l’enfant dont ces réflexes sont rémanents continue à sucer son pouce ou agrippe son crayon plus qu’il ne le tient.

 

Les bercements contribuent à l’inhibition des réflexes primitifs

Le réflexe de Moro

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Source : Papa, maman, j’y arrive pas !

Au moment de la naissance, le bébé quitte l’univers chaud, doux et aveugle du ventre maternel pour un monde où les sensations de température, de bruit et de lumière sont incomparablement plus fortes. Le réflexe primitif de Moro (le bébé renverse sa tête en arrière et prend une profonde inspiration, prêt à crier pour alerter son entourage) suscite la libération d’hormones de stress pour préparer l’organisme à déployer l’activité physique nécessaire au combat ou à la fuite. C’est un réflexe d’alarme et de sauvegarde dont l’inhibition intervient entre 3 et 6 mois après la naissance à la condition que le bébé puisse exprimer ses frayeurs en toute sécurité affective et physique.

Seule une réaction émotionnelle vécue dans un environnement sécurisant comme celui qu’il trouve dans les bras de ses parents peut en effet lui permettre d’apaiser l’excitation de son système nerveux. C’est pourquoi il est si important, lorsqu’un bébé pleure, que ses parents lui donnent le plus de sécurité possible en le tenant dans leurs bras et en le berçant. C’est ce dialogue de corps à corps qui donne progressivement au bébé les moyens de réguler ses états émotionnels.

Si le nouveau né n’est pas dans les conditions affectives et physiques propres à l’intégration de sa sensibilité, il reste plus ou moins dans l’hypersensibilité de ses premiers jours et son réflexe de Moro ne disparait pas. Par la suite, des stimuli forts (sons, lumières, odeurs) peuvent plonger l’enfant (et plus tard l’adulte) dans un état d’insécurité.

 

Le réflexe tonique du labyrinthe

Source : Papa, maman, j'y arrive pas

Source : Papa, maman, j’y arrive pas

Le réflexe tonique du labyrinthe (renversement de la tête du bébé allongé en arrière et extension réflexe des bras et jambes) intervient à la naissance pour aider le foetus à positionner sa tête dans le col utérin. Après la naissance, l’inhibition du réflexe tonique du labyrinthe est favorisée par les bercements que les parents donnent au bébé.

Il n’est pas rare que les enfants qui n’ont pas été assez bercés quand ils étaient petits se donnent plus tard ces stimulations eux-mêmes en se balançant tout seuls.

 

Le réflexe tonique asymétrique du cou

Source : Papa, maman, j'y arrive pas

Source : Papa, maman, j’y arrive pas

 

Lors du réflexe tonique asymétrique du cou, le bras et la jambe du bébé qui tourne la tête d’un côté se mettent en extension, tandis qu’ils se replient de l’autre. Ce réflexe facilite le passage du bébé par les voies naturelles lors de la naissance. L’inhibition du réflexe tonique asymétrique du cou intervient entre 3 et 6 mois après la naissance. Elle est favorisée par les bercement latéraux du nourrisson.

 

Le corps et le cerveau des enfants ont besoin de bercements pour grandir

L’équilibre émotionnel a besoin d’un autre équilibre pour se construire : celui du corps !

Marie Claude Maisonneuve écrit :

Je vois des parents reliés aux vrais besoins de leur enfant et qui par exemple continuent à le bercer alors qu’il n’en a plus vraiment l’âge. Ils se l’entendent reprocher sous prétexte que cela va l’empêcher de grandir ! De mon point de vue, c’est tout le contraire et ce sont eux qui ont raison.

Ce n’est que lorsqu’un enfant a été suffisamment bercé qu’il peut finir par s’en passer et acquérir ainsi une véritable autonomie. Ce n’est que lorsqu’il a assez activé son réflexe de succion qu’il peut se passer de sucer son pouce. Ce n’est que lorsque son système vestibulaire a été assez stimulé qu’il peut trouver sa sécurité et dormir seul la nuit dans sa chambre.

La contrainte n’est pas une solution. Je n’ai jamais vu un enfant forcé à devenir grand le devenir vraiment. Ce n’est que lorsque son corps et son coeur auront reçu ce dont ils ont besoin que son système nerveux pourra guérir de ses blessures secrètes, c’est-à-dire ses manques. Et il pourra en bénéficier dans tous les domaines, physique, affectif aussi bien qu’intellectuel.

Pour aller plus loin, vous pouvez consulter le site internet de Marie Claude Maisonneuve ainsi que sa page Facebook : http://www.marie-claude-maisonneuve.eu/

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Source : Maman, papa, j’y arrive pas ! Comprendre et agir sur les causes physiologiques des difficultés scolaires et comportementales de son enfant de Marie Claude Maisonneuve (éditions Quintessence)

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