Reconnaître et respecter les peurs des enfants, enjeu de la non violence

Reconnaître et respecter les peurs des enfants, enjeu de la non violence

Crédit illustration : freepik.com

 

Accueillir les émotions des enfants sans chercher à agir sur elles est un enjeu de la non violence et un défi pour nous, adultes. Quand les enfants expriment de la peur, que ce soit avec des mots ou même à travers leurs corps (corps raide, visage figé, regard noir ou perdu, mouvement de retrait ou de fuite), nous la devons reconnaître pour ce qu’elle est : un signal d’alarme face à une menace, réelle ou perçue par l’enfant comme telle. Nous pouvons dire aux enfants qui ont peur que nous allons les garder en sécurité et ne pas les forcer à faire des choses dont ils n’ont pas envie.

Dans un endroit inconnu, il est utile de répondre de façon concrète à la peur en faisant le tour du propriétaire en quelque sorte, en autorisant un enfant à poser toutes les questions qu’il souhaite pour calmer ses inquiétudes face à l’inconnu. Quand un enfant se sent autorisé à explorer à son rythme et à poser toutes les questions qu’il a, le niveau de sa peur diminue car l’émotion de peur a accompli sa mission : alerter sur un besoin de sécurité, de réassurance, de soutien. Quand nous réagissons avec calme aux peurs d’un enfant, nous lui transmettons le message que nous reconnaissons et acceptons son besoin d’information, son besoin de savoir ce qui va se passer.

Nous pouvons être attentifs aux signaux de tension, d’inconfort ou de stress des enfants dans des situations nouvelles, imprévues où le sens du contrôle des enfants leur semble diminué.

Des approches vont aider un enfant apeuré ou anxieux à réguler son niveau d’alerte :

  • Mettre des mots sur l’expérience de l’enfant 

Accueillir les émotions, c’est commencer par dire OUI à soi et à l’enfant : OUI, c’est vrai que cela peut faire peur. Cet accueil émotionnel est valable pour les enfants comme pour les adultes.

Refléter les émotions de l’enfant peut passer par des phrases du type :

  • Je vois que ça te fait peur…
  • Tu y penses souvent, c’est ça ?
  • C’est vrai que cela peut faire peur de ne pas savoir combien de temps cela va durer.
  • C’est normal d’avoir peur dans cette situation. La peur est nécessaire face au danger. C’est la peur qui nous pousse à nous protéger, par exemple à bien penser à nous laver les mains ou à bien rester à l’intérieur.

Dans ce cas-là, l’enfant se sent pleinement compris, entendu et vit une vraie détente dans son coeur comme dans son corps.

  • Toujours s’approcher en douceur

La posture corporelle et les mimiques du visages véhiculent également des messages qui vont mener à l’apaisement ou à la dérégulation.

Il est utile de baisser le volume de la voix et de se déplacer lentement pour ne pas (re)déclencher l’alarme dans le corps de l’enfant apeuré. L’idée est de faire passer le message à l’enfant que nous sommes des personnes de confiance, emphatiques et soucieuses de son bien-être.

  • S’abaisser au niveau de l’enfant 

Se positionner en-dessous du niveau des yeux de l’enfant inspire la confiance, de même qu’adopter une posture corporelle décontractée et apaisante. Sans même ouvrir la bouche, nous en disons déjà long.

  • Garder une certaine distance 

Quand le cerveau détecte une menace, la zone des émotions entre aussitôt en alerte maximale, court-circuitant la zone de la réflexion (par gain de temps et d’énergie dans une optique de survie). Nous avons donc intérêt à ne pas forcer un contact que l’enfant ne veut pas.

  • Minimiser des contacts oculaires

Un contact face à face peut renforcer l’impression de menace perçue par l’enfant. Si l’enfant cherche à se cacher, il en a le droit et c’est précisément sa manière de se réguler.

  • Assurer structure et prévisibilité

La structure et la prévisibilité peuvent passer par des explications détaillées en amont, par des petits scénarios joués à l’avance, par des rituels ou routines…

Nous pouvons également décrire les activités qui vont avoir lieu, expliquer à quoi le matériel quand il y en a, présenter les personnes inconnues. Mettre des mots sur ce qui est en train de se passer est utile pour éviter la surprise qui peut sembler dangereuse.

  • Proposer des choix

Proposer des choix permet à l’enfant de se sentir plus en contrôle. Les choix ne doivent pas pour autant être imposés : si l’enfant n’est à l’aise avec aucun des choix proposés, il est inutile d’insister. Il a encore besoin de temps et de connexion émotionnelle.

  • Réduire les stimulations externes

Cela signifie d’arrêter l’activité en cours ou de permettre à l’enfant de se retirer dans un endroit calme. Un enfant apeuré peut avoir besoin d’aller se cacher sous des coussins ou une couverture.

 

Pour aller plus loin : 10 pistes pour accompagner les peurs des enfants

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Source : Theraplay de Ann Jernberg et Phyllis Booth (éditions De Boeck). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.