Pourquoi et comment rediriger les comportements agressifs des enfants ?

Les enfants brutaux peuvent être aidés par le jeu. Les jeux de renversement de pouvoir sont utiles dans le cas d’enfants agressifs parce qu’ils fournissent un exutoire sûr et sain à l’agressivité, et qu’ils permettent de libérer les tensions internes grâce au rire. Au lieu d’essayer d’interdire les jeux de guerre, les adultes peuvent aider les enfants à traiter leurs émotions en orientant leur activité vers un jeu de renversement de pouvoir (c’est-à-dire que les adultes mettent en scène leur faiblesse de manière théâtrale pour laisser l’enfant gagner).

Pour les enfants qui s’expriment avec agressivité (physique ou verbale), les jeux peuvent impliquer des contacts physiques intenses (comme des batailles de polochons) mais, au moindre signe d’agressivité, le jeu sera interrompu par l’adulte. Cette interruption dure le temps que l’enfant retrouve son calme puis reprennent. Ainsi, il s’avère nécessaire d’établir des règles de base pendant les jeux de contact afin qu’aucun participant ne soit blessé ou se sente impuissant. Il est nécessaire d’interdire les coups au visage ou établir une règle visant à arrêter le jeu sur-le-champ lorsque quelqu’un crie « Stop ! » (le consentement est non négociable). Ce cadre de sécurité est indispensable.

Les réponses ludiques de la part des adultes ne vont pas encourager l’enfant à devenir agressif ou blessant vis-à-vis d’autrui : au contraire, elles vont probablement atténuer ses pulsions agressives. Voici 10 idées pour rediriger les comportements agressifs des enfants (agressivité physique et verbale).

Quand un enfant fait preuve d’agressivité physique

Jeter, taper, mordre, faire semblant de tirer

1. Un bataille de boules de papier (le parent fait comme si la boule de papier était une mine et tente de l’éviter, s’il est touché, il s’écroule théâtralement)
2. Une bataille d’oreillers où le parent tombe à terre chaque fois que l’enfant l’atteint;
3. Enfant et parent face à face, les mains jointes et les bras tendus, essayent de se pousser l’un contre l’autre à travers la pièce en se grognant dessus (le parent laisse l’enfant gagner de manière sûre – par exemple, en tombant sur le canapé).
4. Si un enfant arrache les têtes de ses personnages en plastique et les lance en bas de l’escalier, les parents peuvent y jouer avec lui. Selon Lawrence Cohen, psychologue spécialiste de la thérapie par le jeu, “il n’y a qu’une façon de mettre un terme à un jeu violent : s’y livrer, un temps, avec l’enfant, pour lui ouvrir un nouveau champ de possibles, lui permettre d’expérimenter d’autres moyens de gérer ses pulsions agressives.”

Détourner les jeux de guerre

5. Si un enfant pointe ses doigts vers un adulte (parent ou éducateur – crèche, école, centre de loisirs…) en disant « Bang bang, tu es mort ! », une réponse qui crée du lien et de la libération émotionnelle consiste à faire semblant de mourir d’une manière aussi dramatique que possible.
6. Le “pistolet d’amour” (idée de Lawrence Cohen) : c’est un pistolet spécial car les personnes touchées par ses tirs sont obligées d’aimer celui qui a tiré et de lui faire des câlins. Cela fonctionne aussi avec les coups de pied d’amour : “Maintenant, il va falloir que je te fasse un câlin !” Si l’enfant répond que c’était un coup de pied ou un pistolet de méchant, il est possible de lui répondre que l’arme a dû s’enrayer ou qu’un magicien lui a jeté un sort d’amour.

Quand un enfant fait preuve d’agressivité verbale

Hurler, injurier, répondre

7. Proposer à un enfant qui crie en intérieur de jouer sur les modalités de sa voix (ton et force) : “chuchote comme si tu voulais garder un secret, rugis comme le lion, parle avec une voix hachée de robot, ris comme le Père Noël, barris comme un éléphant…“
8. Proposer de faire le rugissement du tigre dehors.
9. Plutôt que réprimer les gros mots, Lawrence Cohen propose de jouer : si votre enfant vous traite de méchant”, “d’imbécile”, pourquoi ne pas lui répondre “chut ! ne répète à personne mon surnom secret!”. Comme l’enfant répétera à qui veut l’entendre ce fameux surnom, vous pourrez répliquer “Ah ! Tu m’as cru ? En réalité, mon vrai surnom, c’est tête de corn flakes !”. Le Dr Cohen insiste sur le caractère idiot du surnom : l’objectif consiste à soulager la tension liée aux insultes par le rire et de faire basculer un rapport de force émergent en jeu.

Rétablir la communication avec un enfant qui s’isole

10. Dans le cas d’un enfant qui s’isole, qui refuse de parler à ses parents, les adultes peuvent renouer le contact en communiquant à l’aide de petits papiers glissés sous la porte de chambre.

Pour aller plus loin : Quand un enfant n’a pas envie de se confier et ne veut pas parler