Trois ingrédients pour des relations familiales porteuses de sens, joyeuses et coopératives

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Dans son livre Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ?, Thomas d’Ansembourg propose trois clés de compréhension de l’humain que nous pouvons activer dans nos relations familiales :

  • la chaleur humaine (l’amour vivant),
  • la sécurité du respect inconditionnel (respect senti, vécu et non pas seulement décrété),
  • le sens bien compris de nos actions.

Selon lui, nous avons tous, en tant qu’adultes au contact d’enfants et d’adolescents, le pouvoir de créer des climats “pacifiants” porteurs de valeurs non pas déclarées mais témoignées.

1.La chaleur humaine

Thomas d’Ansembourg parle de chaleur humaine plutôt que d’amour car certains adultes peuvent avoir l’impression d’aimer leurs enfants sans jamais donner de manifestations d’amour nourrissantes et inconditionnelles. Ce qui compte réellement n’est pas ce que les parents pensent donner mais ce que les enfants ressentent. Ce n’est pas parce que notre intention est généreuse que nos actions sont adéquates.

Pouvons-nous être vraiment et durablement heureux sans ressentir d’amour profond pour les êtres vivants, humains, plantes et animaux, pour les arts et la nature, pour la musique et la vie ? Et pouvons-nous être vraiment et durablement heureux sans des rituels de paix et une hygiène de la joie qui permettent de nommer, partager, de fêter et célébrer cet amour ? – Thomas d’Ansembourg

Manifester de la chaleur humaine et faire en sorte que les autres se sentent réellement aimés peut passer à la fois par des mots mais aussi par un sentiment de communion qui passe par des non mots (par des moments ensemble sans chercher à faire ou parler, mais simplement en goûtant le sentiment d’être bien ensemble, dans une pleine attention à ce lien au-delà de ce que les mots tentent de signifier).

2.Le respect ressenti

Thomas d’Ansembourg rappelle que le respect de l’autre ne se prétend pas (en affirmant “Je te respecte” ou en affichant une charte des valeurs dans le salon) et qu’il ne se prescrit pas non plus (avec des leçons de morale du type “Vous devez vous respecter”). Le respect se vit, se pratique au quotidien… et se vérifie (auprès du conjoint mais aussi auprès des enfants, mêmes jeunes) !

Comment savoir si l’autre se sent respecté si nous ne le lui demandons pas et, a fortiori, si nous ne laissons pas l’espace ouvert pour qu’il s’exprime ? – Thomas d’Ansembourg

En tant que parents (ou enseignants), nous pouvons penser que le simple fait d’être bien intentionné, de vouloir le bien de l’enfant, rend nos actions éducatives respectueuses et bientraitantes. Nous agissons comme si le fait d’avoir de bonnes intentions nous dispensait de vérifier comment l’enfant se sent, comment il vit la relation et comment va le “NOUS”. Cela signifie que développer notre capacité d’écoute et d’oser s’excuser sont des clés majeures pour des relations respectueuses.

Nous sommes peu nombreux à savoir réellement écouter car cela signifie souvent se taire et mettre en sourdine nos réflexes (conseiller, consoler, recommander, argumenter, gronder, moraliser ou encore parler de soi-même). Cela nous est difficile de nous taire quand nous pensons savoir, quand nous nous inquiétons pour l’enfant, quand nous avons du mal à faire confiance ou à lâcher prise, quand nous avons besoin de nous rassurer sur nos compétences parentales ou encore quand nous ne tolérons pas le silence, le lien d’intimité et la vulnérabilité qui en découlent.

Écouter vraiment, c’est chercher à être avec l’autre pour le rejoindre dans ce qu’il vit, pour comprendre ce qu’il ressent derrière ce qu’il donne à voir ou à entendre. Thomas d’Ansembourg estime que la non-écoute est une violence invisible, “une maltraitance ordinaire“.

Ne pas écouter l’autre, ne pas attendre qu’il dise – ou du moins indique par son langage non verbal : “J’ai fini, j’ai dit ce que j’avais à dire” -,  c’est le mal traiter, c’est une forme de maltraitance hélas très ordinaire. […] Nous coupons, interrompons, terminons la phrase à peine commencée par l’autre, nous prétendons savoir où il veut en venir sans même qu’il ait clarifié sa pensée, ou nous zappons et sortons du sujet dont d’autres débattent sans vérifier leur disponibilité. […] C’est faire peu de cas de la rencontre vraie, c’est au fond ignorer ce que “rencontrer” veut dire. – Thomas d’Ansembourg

3.La clarté du sens

La question du sens permet de ne pas se laisser piloter par les “Il faut…” ou “Je dois…”. Réfléchir au sens de nos actions, de nos relations, de notre vie, c’est être conscients de nos besoins fondamentaux et c’est gagner en conscience. Être au clair avec le sens que nous donnons à nos actions, c’est par exemple accepter les conséquences désagréables de chacun de nos choix qui nous poussent à accepter de manière plus ou moins momentanément à renoncer à certains choix pour en privilégier d’autres.

Comme les jeunes écoutent “ce que vous êtes”, ils captent si vous êtes habités du sens de ce que vous faîtes ou si vous jouez un rôle, un personnage. – Thomas d’Ansembourg

Comme nous sommes contagieux des états émotionnels que nous portons, nous pouvons tendre vers une clarification de nos intentions :

  • être heureux ou avoir raison ?
  • le lien à l’autre ou le résultat ?
  • trouver vite une solution au malentendu ou approfondir la relation à l’occasion du malentendu ?
  • imposer notre point de vue ou nous enrichir de la rencontre ?
  • faire vite ce que nous avons à faire ou nous sentir pleinement être de choses à faire en choses à faire ?
  • nous fuir ou nous rencontrer ?

Thomas d’Ansembourg insiste sur les notions de discernement, de responsabilité et d’erreur. Les jeunes peuvent conjuguer sens, envie et responsabilité individuelle quand ils sont autorisés à mettre librement en question le sens de ce que les adultes leur proposent sans avoir peur d’être punis. Ils peuvent être éveillés aux conséquences de leurs choix par des adultes qui leur font suffisamment confiance pour assumer dignement ces conséquences et pour comprendre que l’erreur fait partie de l’exercice de la liberté.

Trois ingrédients pour des relations familiales

J’utilise l’image de la boussole […] pour inviter à voir que nous pouvons, comme adultes, être attentifs à créer des climats fondateurs permettant aux jeunes qui sont avec nous de ressentir ceci au plus profond d’eux-mêmes : “Je tends vers cela, j’aime cette ambiance, ce qui se dégage, c’est un climat vers lequel je vais revenir. Bon, je ferai peut-être ma crise, je partirai peut-être à gauche et à droite mais quand même, je suis bien aimanté et je sais vers quoi revenir”. – Thomas d’Ansembourg

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Source : Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes ? de Thomas d’Ansembourg (les Editions de l’Homme). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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