15 propositions pour remplacer “c’est bien” et “tu es intelligent” (encourager plutôt que complimenter)
Quelle est la différence entre encourager et complimenter ? Pourquoi (et comment) remplacer c’est bien ?
Pourquoi dire “Tu es intelligent” n’est pas efficace pour encourager
Jane Nelsen, auteure de La discipline positive, insiste sur les 5 manières d’utiliser l’encouragement de façon efficace :
- Développer le référentiel interne (“JE l’ai fait”, “JE suis fier de moi”, “JE suis allée au bout”)
- Le temps dédié : l’importance d’être connecté pour encourager efficacement
- Le geste d’affection : établir un lien
- Créer une relation de respect mutuel et de confiance
- Changer de regard sur les “bêtises” et les erreurs : plutôt parler de maladresses et d’apprentissages
L’encouragement efficace atteint le coeur avant d’atteindre la tête. – Jane Nelsen
Carol Dweck, psychologue américaine, insiste quant à elle sur l’importance de cultiver un état d’esprit de développement chez les enfants (“growth mindset”) plutôt qu’un état d’esprit fixe. Être qualifié d’adjectifs aussi positifs et valorisants soient-ils ne donne pas à l’enfant la conviction qu’il peut agir, prendre des initiatives pour changer et contrôler la manière dont il est perçu.
Carol Dweck a d’ailleurs mené une étude aux Etats-Unis au cours de laquelle elle a montré qu’un seul compliment maladroitement formulé (en insistant sur les capacités intellectuelles fixes : “Bravo, tu as bien réussi, tu es tellement intelligent” plutôt que sur le processus intellectuel : “Tu as réussi, tu as dû beaucoup réfléchir et essayer plusieurs fois avant d’y arriver”) a suffi à rendre certains enfants peu sûrs d’eux au point de mentir pour se conformer à leur statut d’enfants intelligents.
Porter l’attention sur les efforts, le processus, les émotions et les stratégies
Porter notre attention sur les efforts et le processus, ainsi que faire des remarques descriptives sur le résultat (les couleurs, les formes, l’intention de l’enfant) n’a pas le même effet que porter un jugement sur le résultat (un joli dessin, une belle peinture…) ou une étiquette sur l’enfant (intelligent, doué..) Les enfants ont besoin de bien plus que des félicitations :
- un accompagnement de leur joie à eux,
- une attention portée à leurs sentiments, une validation de leurs émotions,
- de l’admiration pour les efforts et la réussite qui en découle.
De plus, il s’agit autant d’encourager les efforts que les stratégies utilisées dans le cas d’une réussite et d’orienter vers des stratégies plus appropriées et efficaces dans le cas d’un échec.
Quand un enfant est bloqué, ses efforts ne suffisent pas toujours. Il ne s’agit pas d’encourager les enfants à redoubler d’efforts avec des stratégies inefficaces. Il s’agit plutôt de leur apprendre à demander de l’aide quand ils en ont besoin et de savoir où chercher les bonnes ressources au bon moment.
Différencier encouragement et compliment
La manière dont on réagit à un échec d’un enfant va forger son état d’esprit. Même quand on met l’accent sur les efforts alors que l’enfant a échoué (par exemple, une note en dessous de la moyenne en maths), le fait de s’arrêter sur la notion d’efforts et de ne pas enchaîner sur ce qui peut être appris de cet effort a tendance à favoriser un état d’esprit fixe (exemple : “Tout le monde ne peut pas être bon en maths, tu as de bonnes performances dans d’autres matières” vs. “Comment peut-on améliorer ce résultat ? De quoi a-t-on besoin ? Qu’est-ce qui pourrait t’aide à progresser ?”)
Jane Nelsen nous invite donc à distinguer l’encouragement et le compliment. Dans son livre La discipline positive, elle propose plusieurs questions qui nous aideront à différencier encouragement et compliment :
- Est-ce que ce que je dis pousse l’enfant à s’auto évaluer, ou au contraire à être dépendant de l’évaluation d’autrui ?
- Suis-je respectueux ou bien condescendant ?
- Est-ce que je me place du point de vue de l’enfant ou seulement du mien ?
- Est-ce que je ferais ce commentaire à un ami ?
- En cas d’échec, est-ce que j’oriente l’enfant vers le “comment faire la prochaine fois” et les leçons à tirer ce cet échec ?
- Est-ce que j’engage la tête et le coeur de l’enfant qui peut se dire “grâce à mon intelligence et mes efforts, je peux contribuer au monde. Comment puis-je utiliser ma personne, mes talents, mon cerveau pour rendre le monde meilleur ?”
15 propositions pour remplacer c’est bien
Voici 15 propositions qui prennent en compte les points précédents pour exprimer des encouragements plutôt que des compliments :
- Tu l’as fait tout seul.
- Tu as fait ça puis ça et ça a fonctionné.
- Tu as utilisé beaucoup de peinture/ légos/ feutres rouges/ verts…
- Ça t’a pris longtemps et tu as réussi !
- C’était vraiment difficile car…. Et tu dois être tellement fier maintenant du résultat !
- Raconte moi comment tu as fait, ça m’intéresse.
- Tu as fait ça, que vas-tu faire ensuite ?
- Comment tu as pensé à cette solution/ réponse ?
- Pourquoi as-tu choisi ces couleurs/ matières/ notes de musique… ?
- Tu as continué, même quand c’était dur.
- J’ai l’impression que tu es vraiment content d’avoir réussi à faire ça. Comment tu te sens ?
- Tu aimes faire ça, on dirait. Je pense que ça te rend heureux de faire ça.
- Tu ne savais pas encore faire cela la semaine dernière/ le mois dernier/ l’année dernière et tu sais faire aujourd’hui.
- Tu as compris que tes efforts et tes entraînements sont une raison d’être fier.
- Je prends beaucoup de plaisir à lire/ écouter/ regarder tes productions. J’aime regarder ton dessin car il me fait penser à…
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Pour aller plus loin : La discipline positive de Jane Nelsen (éditions Poche Marabout). Disponible en médiathèque, en librairie ou en ecommerce.
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