L’auto-régulation émotionnelle : enseigner des compétences plutôt que punir les enfants qui se disputent

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L’auto-régulation émotionnelle est la capacité que peuvent développer les enfants à réguler leurs émotions fortes avant qu’elles ne les submergent (exemples : la colère qui devient de la violence; la peur qui devient de l’anxiété; la tristesse qui devient de la déprime). L’auto régulation est une condition de la résolution des conflits sans violence car l’enfant n’est plus son émotion mais prend conscience qu’il ressent cette émotion et devient capable de réfléchir à nouveau. Une fois ses émotions fortes régulées, un enfant (ou adolescent) peut définir ses besoins, les communiquer aux autres, envisager le point de vue des autres personnes impliquées et échanger pour trouver des solutions gagnants/ gagnants.

En amont, utiliser des mots de vocabulaire précis aux enfants leur permet d’identifier clairement ce qu’ils ressentent. Avec les plus jeunes enfants, il est possible de nommer seulement les 4 émotions de base (peur, colère, tristesse, joie), puis, avec le temps, on élaborera le vocabulaire (“J’ai l’impression que tu es très énervé, on peut dire que tu es excédé” ou “Je te vois soucieuse, tu es préoccupée ?”). Des mots décrivant des émotions secondaires peuvent également venir compléter ces émotions de base (la honte, la confiance, la jalousie, la trahison…). Dans un deuxième temps, viendront des exercices qui aideront les enfants à réguler leurs émotions quand elles sont fortes. On pourra leur donner l’habitude de sonder l’intensité de leurs émotions, sur une échelle de 1 à 10 : quand l’émotion est au-delà de 5, ces exercices pourront être activés. Ces derniers seront montrés en dehors des crises émotionnelles, afin que l’enfant les maîtrise et les connaissance suffisamment pour pouvoir les mobiliser en cas de besoin.

6 idées à partager avec les enfants pour résoudre les disputes sans violence

Dans son livre Super Kids, Véronique Dupont liste précisément des idées pour aider les enfants à résoudre leurs disputes, sans passer par des punitions mais plutôt par l’enseignement de compétences émotionnelles et relationnelles en lien avec l’auto-régulation. Ces idées sont connues sous le nom de “cool tools” dans les classes américaines. Il est possible de les intégrer dans une sorte de boîte à outils dans laquelle les enfants pourront venir piocher en cas de disputes. Les adultes pourront aussi proposer aux enfants de se référer à une de ces idées. Rappelons qu’il est utile de présenter ces idées “à froid” aux enfants, en dehors de situations de crise.

  • 1.Dans ma bulle : l’espace personnel

Tout le monde a une “bulle” autour de soi que les autres n’ont pas le droit de percer. Les enfants apprennent avec cette idée à respecter l’intégrité physique de leurs camarades : “Comment se situer pour éviter les disputes ? Es-tu dans sa bulle ? Où est ta bulle ?”.

Cette bulle peut être plus ou moins grande selon les préférences et besoins des enfants. L’idée est d’avoir un vocabulaire commun pour parler le même langage.

  • 2.Les mots coton/ les mots cailloux

Les mots gentils sont comme des mots cotons parce qu’ils font du bien. Les mots méchants sont des mots cailloux car les mots peuvent faire aussi mal que les coups.

Ainsi, les mots prononcés peuvent être classés en mots coton pour lesquels celui qui les reçoit peut remercier celui qui les donne et en mots cailloux. L’enfant qui les prononce peut alors être amené à trouver comment dire autrement ce qu’il ressent et ce qu’il veut.

  • 3.Le microphone

Les enfants peuvent apprendre à faire attention au ton qu’ils emploient : prendre un ton narquois ou énervé par exemple, au lieu de parler calmement et respectueusement. Il est aussi possible d’attirer l’attention des enfants au volume de leur voix : les “voix rouges” (monter dans les aigus et crier) ne sont pas agréables et les enfants sont invités à reformuler avec une “voix bleue” (posée et calme, bien qu’affirmée).

Enfin, les enfants apprennent à s’exprimer avec des messages-Je qui traduisent leurs émotions (exemple : “Je suis triste que tu m’aies ignoré.”, “Je me suis senti humiliée quand tu as dit ces mots”), plutôt qu’en messages-Tu (“Tu es méchant”, “Tu fais toujours tout de travers”).

  • 4.Respire !

S’arrêter et utiliser le souffle ouvre un espace entre la stimulation (l’action ou les mots d’une autre personne par exemple) et la réaction (l’action, le geste ou le mot qu’on a envie de faire ou dire). Les enfants peuvent apprendre à fixer leur attention sur leur souffle, leurs sensations corporelles ou encore les perceptions que leurs sens captent (les sons qu’ils entendent, les matières qu’ils touchent…). Ce temps de pause leur permet de reprendre leurs esprits et de ne pas tomber dans l’agressivité, ou de dire des mots qui dépassent leurs pensées.

  • 5.Ne pas laisser sortir la “pâte dentifrice”

L’image de la “pâte à dentifrice” est une image que les américains utilisent pour illustrer l’idée de dire des choses sous le coup de la colère qu’on regrettera ensuite. Quand on a prononcé des mots qui blessent, il est difficile de les oublier totalement, un peu comme de la pâte à dentifrice qui est sortie du tube et qu’on n’arrivera jamais à y faire rentrer complètement à nouveau. Avec l’image de la pâte à dentifrice, les enfants sont sensibilisés à l’impact de leurs paroles et apprennent à peser leurs mots.

  • 6.Les “chaussures de sortie”

Il est possible d’apprendre aux enfants que la meilleure manière de s’extraire d’une dispute quand on est trop énervé est de partir en mettant ses “chaussures de sortie”, le temps de se calmer.

 

J’ai résumé ces outils sous forme de cartes à imprimer pour les présenter aux enfants en classe : PDF à télécharger ->remplacer-punitions-enfants-disputes

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Source : Super Kids : l’avant garde des bonnes idées éducatives venues des Etats-Unis de Véronique Dupont (éditions Les Arènes). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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