Séparation parents/ enfants (crèche, école maternelle, lieux collectifs) : mettre en place un rituel d’attachement

Le système d’attachement s’active à tout âge, et est d’autant plus réactif chez les jeunes enfants.

Les humains sont des créatures d’attachement. Le système d’attachement a comme objectif de maintenir la proximité du bébé avec sa figure d’attachement pour que cette dernière satisfasse ses besoins vitaux. Les petits humains disposent, dès la naissance, d’un répertoire comportemental qui lui permet d’obtenir cette proximité (pleurs, cris, bras tendus, doigts qui s’accrochent). Le système d’attachement est actif à tout âge chez les humains. Les jeunes enfants sont d’autant plus sensibles aux séparations qu’ils ont besoin d’être reliés, c’est-à-dire attachés, à une figure d’attachement pour s’assurer que ses besoins de réconfort en cas de stress seront satisfaits. L’attachement se construit comme un mille-feuille, grâce à plusieurs personnes autour de l’enfant. Cela signifie que les parents mais aussi d’autres adultes sécurisants contribuent au développement de la sécurité d’attachement de l’enfant. Les principales figures d’attachement sont en général les parents mais d’autres figures d’attachement peuvent exister pour un enfant : les grands-parents, les oncles et tantes, un enseignant, des amis de la famille ou encore des voisins.

L’équilibre entre attachement et séparation est à trouver pour chaque enfant, car les besoins psychologiques fondamentaux de proximité relationnelle et d’autonomie diffèrent d’une personne à une autre en fonction de caractéristiques individuelles (la tendance à être anxieux par exemple) et en fonction de la situation. Trouver l’équilibre consiste à être à l’écoute des besoins que l’enfant exprime. Lorsqu’il manifeste le besoin d’être rassuré en recherchant de l’attention ou des câlins, les parents ou autres adultes peuvent lui accorder cette disponibilité et répondre d’une manière qui lui permette de se sentir en sécurité. Certains enfants ont peut-être besoin de passer plus de temps avec leurs parents pour abaisser leur niveau d’anxiété car celle-ci peut être liée à des séparations parents/ enfants fréquentes.

À l’inverse, lorsque l’enfant souhaite prendre de l’autonomie en réalisant des tâches par lui-même, notre rôle de parent consiste simplement à mettre à disposition les outils et les informations dont il pourrait avoir besoin pour mener à bien l’activité.

Des rituels d’attachement pour rassurer parents et enfants 

En cas de séparation parents/ enfants difficiles, il est possible de mettre en place des rituels d’attachement, comme une manière de construire un pont symbolique qui vient combler le trou dans la connexion physique. Un rituel d’attachement peut prendre différentes formes et le principal est que l’enfant reçoive ce symbole comme un rappel fort de la relation indéfectible qui l’unit à ses parents. Ainsi, on peut penser à un bisou que l’enfant attrapera au vol et mettra dans sa poche. Cela peut également prendre la forme d’un rituel de retrouvaille : l’enfant saura exactement ce qu’il fera avec son parent quand celui-ci viendra le chercher (par exemple, s’asseoir au parc pour goûter, ou bien aller à la médiathèque).

Mieux vaut bien partir en disant « au revoir ». On peut être tenté de partir « en douce » pour éviter à l’enfant de pleurer quand il nous verra partir mais cela réveille l’angoisse d’abandon chez l’enfant de voir que son parent est parti sans le prévenir. Il peut être difficile d’entendre les pleurs de l’enfant qui manifeste son anxiété de séparation sans être tenté de les minimiser car nous pensons ainsi soulager la peine de l’enfant (par exemple, en lui disant : « Mais non, ça ne fait pas peur » ou « ça va passer vite »). Ce sera plus soutenant pour lui de dire : « Oui, tu aimerais qu’on reste encore ensemble, ça te rend vraiment triste » ou « C’est vrai, tu n’as pas envie d’y aller, tu préférerais rester avec moi ».

L’objectif  des rituels est de se focaliser sur ce qui reste identique, comme un repère stable, et de symboliser la connexion émotionnelle qui reste présente malgré la séparation physique. Mieux vaut diriger l’attention sur la prochaine connexion que sur la séparation.

Si la séparation est le problème, la connexion émotionnelle est le remède. – Déborah McNamara

10 idées de rituels d’attachement parents/ enfants (crèche, école maternelle)

En tant que parents ou figures d’attachement, nous pouvons rendre les séparations plus faciles en comblant la séparation physique par des soutiens émotionnels palpables.

1. Porter des habits de la même couleur ou des tenues qui ont un point commun en disant qu’on pensera l’un à l’autre toute la journée grâce à ce lien vestimentaire.
2. Asperger du parfum d’un des parents un mouchoir glissé dans la poche de l’enfant ou bien son poignet.
3. Ramasser ensemble un objet (galet, fleur séchée, coquillage…) que l’enfant conservera dans sa poche et qu’il pourra tenir dans sa main pour maintenir le lien.
4. Bien dire à l’enfant à quelle heure on viendra le chercher et dans quelles circonstances (fin de la classe, fin du périscolaire…) et rappeler les rituels qui seront faits ensemble lors des retrouvailles évoquées.
5. Le matin, avant de quitter la maison, choisir un livre qui sera lu ensemble le soir, pour donner une visibilité sur la fin de journée qui sera passée ensemble.
6. Evoquer avec l’enfant ce qu’il fera pendant la séparation en donnant des repères temporels qu’il comprend (heure de dépôt, matin, midi, après-midi, heure des retrouvailles). Les parents peuvent également raconter ce qu’ils feront eux-mêmes pendant la séparation.
7. Glisser une photo des parents dans un endroit facilement accessible pour l’enfant (dans une poche, dans la trousse, dans le sac…). On pourra dire aux enfants qu’ils peuvent regarder cette photo dès qu’ils en ressentent le besoin. Cela pourra faciliter la transition et l’acclimatation au nouvel environnement.
8. Dessiner un cœur, un smiley ou un autre symbole de l’amour porté à l’enfant au creux de sa main ou sur une partie de son corps qu’il pourra regarder discrètement quand il en ressentira le besoin.
9. Laisser un mot dans la boîte aux lettres familiale et relever le courrier avec l’enfant avant de partir pour qu’il trouve ce mot doux et le garde dans sa poche toute la journée
10. Inventer une sorte de formule magique ou de devise familiale qui signifie qu’on se quitte et qu’on se retrouvera toujours. Cette formule sera en quelque sorte le signal de départ, dans une optique de séparation joyeuse, en attendant la réunification de la famille.

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Pour aller plus loin : Comment gérer l’anxiété de la séparation ? – FAQ avec Caroline Jambon