Éducation lente : 4 piliers de la simplicité éducative pour des enfants moins stressés et désorientés
Dans son livre L’autorité bienveillante, Kim Jonh Payne estime que de nombreux enfants dits “capricieux”,”insolents” ou “désobéissants” sont simplement désorientés. Payne écrit que l’excès de pression et de contrôle de l’extérieur et le manque de temps libre conduisent à de nombreux comportements déplaisants. Selon lui, l’éducation lente participe à réguler les comportements des enfants et à pacifier les relations.
Payne est convaincu que les comportements de saturation des enfants peuvent diminuer en amenant plus de simplicité dans les relations éducatives à partir des quatre piliers de l’éducation lente :
- Équilibrer et simplifier la quantité d’affaires que les enfants et adolescents possèdent (livres, jouets, vêtements…)
- Renforcer les rythmes et la régularité dans la vie de famille
- Équilibrer et simplifier le nombre d’activités planifiées
- Filtrer les conversations des adultes
1.Équilibrer et simplifier la quantité d’affaires que les enfants et adolescents possèdent (livres, jouets, vêtements…)
Débarrassez-vous du désordre : c’est un bon point de départ pour réduire la pression. Diminuez le nombre de livres, de jouets, de vêtements, de gadgets et autres objets superflus que contient la chambre de votre enfant, et la maison en général. – Kim John Payne
Payne estime que la région du cerveau (cortex préfontal) qui se développe quand un enfant invente différentes façons d’utiliser un même objet est celle qui permet également de construire des compétences de créativité, de coopération, ou encore de réflexion.
2.Renforcer les rythmes et la régularité dans la vie de famille
La meilleure façon de gérer les points sensibles, les moments de transition où le comportement de votre enfant est particulièrement difficile, est d’établir davantage de rythme, c’est-à-dire de rendre la vie quotidienne prévisible. – Kim John Payne
Payne fait la distinction entre routine et rythme. Une routine est une série d’actions froidement répétées au risque de devenir un carcan en séparant l’enfant de la vie de famille. Une action rythmique est chaleureuse et crée du lien entre les différents membres de la famille. Une même tâche peut être routinière ou rythmique : tout dépend de l’approche et de la mise en oeuvre opérée par les parents. Un rythme se caractérise par le fait que :
- le parent reste bienveillant,
- le parent remarque et valorise les progrès de l’enfant dans la réalisation des tâches,
- les membres de la famille font les choses ensemble ,
- les rires et les bavardages informels accompagnent la réalisation de la tâche,
- ces moments sont agréables pour tous (et même attendus avec impatience, comme rituels qui cimentent les liens qui unissent les membres de la famille).
Amener davantage de rythme dans la vie de famille va de paire avec le fait d’amener plus de prévisibilité. La prévisibilité passer par les rythme et rituels mais également par le fait de verbaliser les événements et étapes (“Quand la petite aiguille sera sur le 6, ce sera l’heure de mettre le pyjama. Ensuite, nous monterons pour lire l’histoire.”).
Cette prévisibilité peut être complétée par le fait de passer en revue les bons moments de la journée écoulée le soir (les “trois kifs”) et/ou d’imaginer la journée à venir.
Quand on adopte la revue prévisionnelle de la journée à venir, il s’agit de porter une attention particulière aux points sensibles, en particulier les moments habituellement sources de tension, les moments de transition (ex : départ à l’école, les devoirs, la douche, le coucher…) et les séparations. Imaginer ces moments difficiles et reconnaître qu’ils peuvent être sources d’émotions négatives suffit à les désamorcer.
3.Équilibrer et simplifier le nombre d’activités planifiées
Le jeu chez le jeune enfant et le temps libre chez l’adolescent jouent un rôle fondamental dans le développement émotionnel et social. Plutôt que de bourrer l’emploi du temps de nos enfants avec une myriade d’activités successives, pourquoi ne pas accueillir à bras ouverts l’ennui car c’est lui qui ouvre la voie à la créativité. – Kim John Payne
Payne note que plus nous mettons en place des activités pour maintenir les enfants “occupés”, plus ils ont tendance à s’opposer à nous. En effet, plus les enfants sont occupés, moins ils passent de temps nourrissants, chaleureux avec leurs parents et moins leur réservoir affectif est rempli. Ils ont d’ailleurs moins de temps à consacrer à se reposer et à expérimenter le jeu libre, auto dirigé qui nourrir à la fois leurs besoins de créativité, de liberté et de rire. De plus, les enfants digèrent leurs petites et grandes contrariété par le biais du jeu imaginatif. Si nous donnons plus de temps pour eux aux enfants, il y aura moins de situations difficiles à gérer.
Kim John Payne nous encourage à laisser aux enfants la “chance de s’ennuyer”.
Un enfant est capable de s’orienter lui-même si on lui donne un cadre bien rythmé,du temps pour digérer, du temps pour souffler et encore du temps pour jouer. Alors, l’enfant sollicitera bien moins souvent l’attention de l’adulte en se comportant mal. – Kim John Payne
4.Filtrer les conversations des adultes
Kim John Payne nous conseille d’éviter d’exposer les enfants aux informations qui présentent de manière crue les événements violents (guerres, bombardements, viols, famine…). Les enfants vont en effet avoir l’impression qu’ils ne sont pas en sécurité dans un monde plein de violence (cela est d’autant plus vrai pour les enfants hypersensibles qui peuvent déclencher de véritables crises d’angoisse).
Il est utile de sensibiliser les enfants à des valeurs humanistes et de les laisser exercer leur sens critique face aux médias et leur créativité pour imaginer des solutions, mais cela ne doit pas se faire au détriment de leur santé mentale et affective.
La triste ironie de cette situation, c’est qu’au lieu d’élever un jeune citoyen soucieux du bien-être de tous, on se retrouve avec un enfant nerveux, anxieux et stressé. – Kim John Payne
Par ailleurs, Kim John Payne prend position pour un usage modéré des écrans. La ligne directrice de Payne au sujet de l’éducation lente est celle de l’implication des adultes : les enfants et adolescents ont surtout besoin que leurs parents soient davantage impliqués, disponible, présents, offrant attention et bienveillance.
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Source : L’autorité bienveillante : rassurer et soutenir l’enfant du tout-petit à l’adolescent de Kim Jonh Payne (éditions Aethera). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur les sites de ecommerce.
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