Nous avons créé une société où l’amour est quasiment inexistant (l’importance de l’éducation bienveillante)

société amour inexistant

Les exigences de nos sociétés occidentales et les besoins des enfants (et de leurs parents) sont incompatibles

Les bébés d’aujourd’hui ne sont pas beaucoup différents de leurs ancêtres d’il y a dix mille ans ou plus. Ils ne veulent pas être tout seuls la nuit car ils redoutent la solitude et ont peur du noir. Avant tout, les enfants sur tous les coins du globe ont besoin d’être sûrs que leurs parents ne sont pas loin et disponibles.

Pour satisfaire à toutes les exigences de nos sociétés dites modernes (vie professionnelle, évolution sociale, activités extrascolaires pour stimuler les enfants, tâches ménagères…), les parents d’aujourd’hui doivent être multitâches. Par ailleurs, les peurs des parents que leur enfant ne suive pas, qu’il prenne du retard et ne gagne pas suffisamment sa vie plus tard conduisent à un contrôle des enfants (stress sur les performances, punitions des mauvaises notes, pression, sur-stimulation, emploi du temps surchargé). Cette accélération et ces peurs ont colonisé l’enfance depuis longtemps.

Les enfants ne doivent pas donner trop de tracas, tout en s’adaptant autant que possible à la vie de leurs parents. Ils doivent être autonomes dès que possible, ne pas réclamer trop d’attention. Ils apprennent de bonne heure à ne pas trop importuner leurs parents avec ce qu’ils ressentent, avec leur colère et leur douleur. Ils essaient plutôt de se débrouiller seuls avec leurs peurs et leurs soucis. S’établit alors ce que les spécialistes de l’attachement qualifient de “schéma relationnel distant”, lequel se traduit par la peur de la proximité et du rejet, par la crainte de ne pas voir ses soucis pris au sérieux. – Gérald Hüther et Uli Hauser

Or les enfants ne vivent qu’une seule et unique enfance. En conséquence, ils n’ont pas besoin d’adultes qui “gagnent” du temps (en faisant plusieurs choses à la fois comme consulter le téléphone et jouer) mais rêvent d’avoir des parents qui en “perdent” avec eux et pour eux.

Nous ne pouvons aimer sans rien changer à nos habitudes. Nous devrions, plutôt, nous demander comment faire autrement, sachant que rien ne changera si nous ne changeons pas nous-mêmes. Il nous faudra pour cela remettre en question nos certitudes quant à ce qui compte dans la vie et nous efforcer de sortir des sentiers battus de nos chères habitudes. – Gérald Hüther et Uli Hauser

L’absence de réel amour inconditionnel (difficile de donner ce qu’on n’a pas reçu)

Gérald Hüther et Uli Hauser regrettent que la plupart des enfants n’aient pas le choix que de supporter l’absence de réel amour inconditionnel, les injonctions et les conseils non sollicités, les attentes implicites (ex : je t’aime si…/ je ne t’aime plus quand tu…) et les réactions de rejet, voire de violence (physique et/ou verbale).

Toutes ces expériences s’ancrent dans le cerveau des enfants et prennent la forme, à l’âge adulte, des points de vue figés et vus comme la norme.

Les enfants qui sont marqués par ces expériences défavorables et se positionnent en conséquence sauront au moins faire une chose une fois adultes : supporter un monde sans amour et s’y débrouiller. Tout comme nous. – Gérald Hüther et Uli Hauser

Qu’est-ce qu’aimer ? Prendre le temps de se pencher sur la définition du mot “amour’

Nombre de pères et de mères sont convaincus d’avoir été aimés par leurs parents. Parce qu’il doit en être ainsi, qu’il ne saurait en être autrement. Mais peut-être avions-nous oublié que nos peurs suscitaient plus de colère que de consolation et ne faisaient que nous rendre plus malheureux encore ? Que nous ne pouvions manifester notre fureur, que nous n’avions pas le droit de nous défendre et que nous n’osions pas protester ? Peut-être ne nous rappelons-nous plus le nombre de fois où nous avons entendu : “Qu’est-ce que tu veux encore ?” avant d’être menacés d’une fessée. Peut-être ne nous souvenons-nous plus que nous avons grandi sous les ordres, entre obéissance et sentiment de culpabilité, sans trop savoir le pourquoi du comment. Nul ne grandit sans connaître la vexation ou la déception. Mais jamais nous n’admettrons que nos parents ne nous ont pas aimés. C’est si douloureux que nul n’est prêt à se l’avouer. – Gérald Hüther et Uli Hauser

Ainsi, Gérald Hüther et Uli Hauser nous encouragent à nous demander ce que signifie vraiment aimer :

  • aimer parait-il compatible avec les menaces ? avec les fessées ou le tirage d’oreille ?
  • peut-on aimer quelqu’un et en même temps lui refuser des marques d’amour (comme le fait de l’isoler plutôt que lui montrer de l’empathie) ?
  • aimer peut-il jamais être compatible avec la violence ?
  • aimer peut-il se passer de temps ensemble et d’attention non interrompue (par des écrans par exemple) ?
  • aimer peut-il se passer de manifestations d’amour ?

Nos premières expériences déterminent ce que nous pensons et la manière dont nous agirons dans notre vie. Ainsi, l’enfant qui s’est senti aimé transmet cet amour. L’enfant dont les attentes ont été déçues doit essayer de trouver autre chose sur quoi s’appuyer dans la vie. Cette autre chose est un moyen de compensation mais ces moyens sont toujours décevants (ex : nourriture, écrans, cigarette, drogue, sport, sexe, violence…). Nous avons le pouvoir (et le devoir) de briser ce cercle négatif.

L’importance des personnes ressources (et la possibilité de changer)

Gérald Hüther et Uli Hauser écrivent qu’en Allemagne, les chercheurs considèrent qu’un enfant sur deux présente un type d’attachement dit “insecure“.

La principale caractéristique qui différencie un attachement sécure d’un attachement insécure est liée au fait que, dans le premier cas, le parent répond adéquatement aux signaux et aux besoins de l’enfant et ce dernier n’a pas d’effort particulier à faire pour être entendu et objet d’attention, d’affection. Dans le second cas, la réponse est soit inadaptée, soit incohérente, ce qui conduit l’enfant à devoir mettre en place des stratégies particulières d’adaptation (soit de type évitant, soit de type anxieux).

Les spécialistes du lien attribuent l’augmentation des maladies psychiques à un attachement insecure dans l’enfance. Les enfants concernés n’auront pas forcément de problèmes plus tard tant que tout se passe bien dans leur vie et qu’ils n’ont pas de crise à surmonter mais ils sont plus fragiles face aux événements difficiles.

Celui qui ne montre pas ce qu’il ressent et pense pouvoir décider de tout seul est considéré comme quelqu’un de calme et sûr de lui, à l’instar d’un manager qui maîtrise tout. Mais gare à la rupture ! Ou encore à la survenue d’événements traumatiques. Ces personnes tentent alors de se débrouiller seules avec leurs soucis : elles ravalent tout, boivent trop, se mettent à avoir de la tension. Qui a manqué de chaleur, enfant, ou a été émotionnellement négligé reste, toute sa vie, sujet à la souffrance psychique et à la maladie physique. – Gérald Hüther et Uli Hauser

Pourtant, le cerveau humain est plastique et il n’y a pas de programmation immuable. Quand au moins une personne de référence s’occupe de l’enfant avec chaleur, empathie et sécurité, l’enfant peut (re)prendre confiance en lui et en la vie. Les parents peuvent ouvrir les yeux sur leur propre conditionnement et décider de s’engager dans une éducation consciente, bientraitante et émotionnellement alphabétisée.

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Source : Tous les enfants sont doués de Gérald Hüther et Uli Hauser (éditions Les Arènes). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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